Les signes avant coureurs étaient bien présents. Avant la visite du Président Hollande en Asie du Sud-Est, la presse française s’en était fait écho avec espoir mais sans certitudes : la Malaisie pourrait sélectionner le Rafale à la suite du processus de sélection “MRCA” (Multi Role Combat Aircraft). Oui, mais voilà : la chute du prix du pétrole a durement frappé l’économie malaise dont le gouvernement souhaitait du coup retarder le processus. De plus, la proximité des élections, en Malaisie comme en France, ne favorisait certainement pas la conclusion de telles négociations. Le Premier Ministre malais, Datuk Seri Najib Tun Razak, déclarera que la Malaisie envisageait d’acquérir des Rafale, pour souligner rapidement que son pays n’était pas encore prêt à conclure un accord. Cet accord tant attendu, malgré des signes encourageants, n’a donc pas pu être concrétisé lors de cette visite. Hier, questionné par Jean-Baptiste Vey, journaliste de l’agence Reuters, lors des questions suivant le compte rendu du conseil des ministres, M. Stéphane Le Foll, porte parole du gouvernement, a déclaré (voir ici à 25:20) : “Les chances du Rafale, c’est que les négociations sont engagées, mais je crois qu’il n’y a plus qu’une négociation avec Dassault sur le Rafale, mais ce sont des négociations qui sont en cours donc… Les chances qu’elles aboutissent… Je laisse les négociateurs mener à bien les négociations”. Il entend donc que le gouvernement malais aurait engagé avec Dassault Aviation des négociations exclusives concernant l’achat (on parle de 18 Rafale pour un montant estimé supérieur à deux milliards d’euros).
La Malaisie a effectivement besoin de renouveler sa flotte vieillissante de Mig 29N qui lui coûte trop cher à l’entretien. Plusieurs compétiteurs visent le marché, Boeing avec le F/A-18 Super Hornet, Saab avec le Gripen, Eurofighter avec le Typhoon et Dassault Aviation avec le Rafale. En choisissant le Rafale, qui possède d’excellentes capacités anti-navires, la Malaisie enverrait un signal fort sur ses intentions de défendre ses intérêts en mer de Chine du Sud en direction de la Chine dont les revendications dans ces zones sont importantes. Ceci sans afficher une proximité trop importante avec les USA ni subir de dépendance vis à vis de la Russie (la flotte malaise inclut déjà des Su 30 MKM).
Rappelons que la Malaisie entretient des liens très étroits avec l’Inde, dont l’achat de Rafale a pu jouer un rôle majeur dans l’évolution de la position malaise. La vente n’est bien sûr pas encore conclue, sans présumer de l’existence de certaines négociations. Cette annonce, qui aurait été de toutes façons maladroite (rappelons nous des exemples du Brésil et des Emirats Arabes Unis), semble un peu étrange. D’une part, la position de M. Le Foll (Ministre de l’Agriculture) n’est pas la meilleure pour obtenir des renseignements de première main. D’autre part, il est coutume de laisser ce type d’annonces au pays client. Enfin, comme nous l’avons expliqué plus haut, le contexte ne s’y prête absolument pas, l’opposition Malaise reprochant au premier ministre de dépenser trop largement les deniers publics. Alors, Info ou intox? Qui vivra verra…