Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Et pour faire efficacement la guerre, il faut la préparer. Depuis la chute du bloc communiste il y a plus de vingt ans, la majorité des programmes majeurs d’armement, surtout dans l’aérien, ont été victimes de dépassements budgétaires importants. Si les dépassements ont été fréquents dans le passé, les efforts portés aux budgets de la défense sont moindres, et les gestionnaires des programmes sont sous les feux de la rampe. Clairement, la défense n’est plus une priorité, et il faut démontrer que l’argent du contribuable est bien utilisé.
Les programmes de bombardier B-1B Lancer et B-2A Spirit ont connus des déboires, aussi ce qui s’avère comme un des chantiers le plus importants de la prochaine décennie pour l’US Air Force, le Next Generation Bomber (ou NGB), se doit d’être géré en apprenant les leçons de ces semi-échecs sur le plan de la gestion des programmes.
Avec un retard conséquent et un budget de R&D ayant pratiquement doublé, et une gestation technique longue,le programme F-35, né après la guerre froide, a également cristallisé tous les regards sur un programme qui ne concerne pas que l’USAF.
La toute puissante US Air Force se devait donc de réagir, et de prendre les mesures nécessaires afin de ne plus décevoir, et de ne plus avoir à faire face aux critiques passées. Voici les propos de l’USAF relatés par l’agence de presse Reuters:
(Reuters) – The U.S. Air Force on Wednesday said it reined in military requirements and set clear cost targets for a new long-range strike bomber after learning lessons from problems on past weapons programs.
L’US Air Force a déclaré mercredi avoir fixé des limites sur ses exigences militaires et a redéfini clairement les objectifs de coûts clairs dans le cadre du futur bombardier stratégique, après avoir appris les leçons des problèmes sur les programmes d’armement antérieurs.
Fixed-price contracts were more appropriate when weapons were based on commercial items, and costs were easier to estimate.
Des contrats à coûts fixes étaient mieux adaptés lorsque les armes étaient basées sur des produits commerciaux, les coûts étaient alors plus facilement estimables.
William LaPlante, le chef des acquisitions de l’US Air Force a indiqué qu’il souhaitait adopter un nouveau type de contrat appelé “Cost Plus”, car le futur bombardier utilisera des nouvelles technologies en lieu et place de technologies déjà matures.
the Air Force would likely also adopt a “cost-plus” type contract for the development phase of the new bomber, given that it would include more new technologies than mature technologies.
Le même document indique à la fois que l’US Air Force souhaite assainir ses programmes en lui attribuant des coûts fixes, mais le futur bombardier étant développé sur la base de nouvelles technologies, il sera difficile de lui attribuer ce type de contrat. Pour résumer, le responsable des acquisition souhaite mettre en place un nouveau type de contrat à coût variable.
Pour schématiser, la future stratégie de l’USAF est donc simple. En ne fixant plus d’objectifs, il n’y aura plus rien à dépasser. Une bien curieuse façon de régler les problèmes !
2 Comments
Soho
Ce que je trouve étrange, c'est l'enveloppe budgétaire fixée initialement pour l'ensemble du programme : 40 à 50 milliards de dollars, ce qui était peu vu les sommes investies dans les programmes F-22 et F35.
Peut-être qu'ils attendent d'avoir définitivement fixé les orientations du programme avant de donner une enveloppe histoire d'éviter que cela ne devienne un programme "fourre-tout" comme l'est celui du F-35, avec l'utilisation simultanée de plusieurs technos non matures qui entrainent ce programme dans les abysses…
Citizen_Lambda
Soit j'ai raté un truc, soit la dépêche est contradictoire à la limite de l'incohérence:
-Dans un paragraphe, l'USAF parle de limiter les exigences pour encadrer le budget total, ce qui est cohérent avec une volonté le limiter le feature creep et éviter une redite du JSF),
– Et dans le suivant, il est question d'un contrat de développement cost-plus, justement dû au fait que le programme inclura plus de technologies nouvelles que matures?
Dans mon souvenir, ce terme de cost-plus (d'après Wikipédia, contrat en régie en français) était associé aux fameux contrats Halliburton des débuts de la guerre en Iraq, où la Pentagone acceptait de payer au fournisseur les coûts qu'il présentait, "plus" un bénéfice garanti à la fin. Associé à un programme de développement et de fabrication, ça promettrait de grands moments au contribuable étasunien.
Le tout me laisse quand même l'impression que Reuters se sont emmêlés entre deux dépêches, vu qu'à part les 2ème et 3ème paragraphes, le reste est cohérent.