Le portail des passionnés d’aviation a été invité à un évènement qui fera date dans l’histoire de l’aviation d’affaires : Le “Roll-out” du Falcon 5X. Avant chaque premier vol, tout avion nouveau fait l’objet d’une présentation au public, et Dassault Aviation ne déroge pas à la règle, et a fait les choses bien, à sa manière. De façon intime, avec la présence de quelques centaines d’invité seulement (clients, partenaires, opérateurs, presse, etc.), Dassault Aviation a donc dévoilé son dernier né au court d’une cérémonie pleine de grâce. Nous y étions – reportage :
Dassault Aviation prend soin de son image. Dés l’embarquement de ce matin à Roissy, le ton est donné. Et si l’évènement est privé, il est loin d’être anonyme. Les invités sont choyés, et l’embarquement est immédiatement suivi d’un service proposant jus de fruit et champagne… Au diable le petit déjeuner oublié, faisons la fête avec les bulles ! Au terme d’un peu moins d’une heure de vol où – et chaque détail compte – même les appuis-tête des passagers avaient été personnalisés aux couleurs de l’événement, nous sommes pris en charge au pied de l’avion. Pour des raisons de sécurité (mais pas que), des bus nous déposent à l’entrée du hall d’assemblage des Rafale.
Évidemment, photo interdite. Contrairement à notre dernière visite en janvier 2014, ce lieu n’avait pas été nettoyé de ses secrets industriels, et l’activité était de mise. De toute façon, tout est calculé, et les clients potentiels ne peuvent être qu’impressionnés de découvrir ces machines de guerre si pointues à différents stades de finitions. Ça tombe bien, c’est le but ! M. Trappier évoquera à plusieurs reprises la dualité du domaine civil et militaire dans les activités de Dassault Aviation, particularité propre à l’entreprise, élevé au rang de singularité unique dans le monde des constructeurs aéronautiques dans ces gammes d’avions.
L’avantage d’avoir un photographe/spotter sous la main au portail des passionnés d’aviation… L’arrivée de notre avion, le matin, quelques minutes avant 11H00. Par Vincent Massé.
Notons au passage que les marins seront bien servis dans les prochaines livraisons, puisque (de tête…) les M6, 7 et 8 sont à différents stades d’assemblage dans le programme de modernisation des Rafale M F1, et les M42 et M43 sont sur les startings blocks.
En sortant de la FAL Rafale, nous allons désormais entrer dans le Hall Charles Lindbergh, abritant la chaine Falcon 7 et 8X, et désormais 5X. Le hangar, le plus récent du site de Mérignac a été profondément « habillé » pour l’évènement. Dès l’entrée nous nous sommes fait « agresser » par des serveurs qui ne nous ont pas laissé partir sans que nous ayons allégé quelque peu leur plateau (si on peut aider…). Là, différents pôles, sous forme de stands étaient disposés afin de nous présenter les principaux partenaires industriels du programme: Le Canadien Héroux-Devtek, fabriquant le train d’atterrissage; l’Israélien Elbit pour l’affichage tête haute intégrant une vision synthétique et en trois dimensions de l’environnement du pilote et permettant d’opérer par visibilité nulle; L’américain Honeywell pour son cockpit à la norme EASY et le français SNECMA du groupe Safran, présentant une maquette dynamique de son tout nouveau moteur Silvercrest. Moteur dont le développement a subi quelques retards, impactant le programme 5X de quelques mois de délais supplémentaires. Mais M. Trappier, PDG de l’avionneur de Saint-Cloud ne s’est pas attardé sur ce problème dont les causes sont connues, réglées, et qui ne devraient pas avoir de conséquences graves sur le déroulement de l’industrialisation de l’avion. De toutes les façons, en ce beau jour du mois de juin, et après toutes les bonnes nouvelles accumulées depuis le début de l’année, le temps est à la fête, le sourire étant affiché sur pratiquement tous les visages.
Le moteur Silvercrest de SNECMA
Après un discours remerciant les « anciens » de la maison Dassault, les autorités, les partenaires et les clients de leur présence, M. Éric Trappier a rappelé ce qui fait la force du nouveau Falcon 5X. Une foultitude d’innovations permettant à l’avion d’afficher les meilleures performances dans sa gamme, et ce avec le meilleur confort. Avec une section fuselage plus grande que tous les autres avions d’affaire présent dans ce segment, le confort s’en trouve grandement amélioré. Car quelques centimètres peuvent rapidement faire la différence. Si, d’un fabricant à l’autre, il peut n’y avoir que trois centimètres à gratter, c’est toujours un avantage qui fait la différence. Mais c’est surtout au niveau économique que l’avion fait la différence. Car le luxe (terme peu apprécié par le constructeur… Qui appréhende l’écho malsain que peut avoir ce terme lorsqu’il est mal employé auprès de l’opinion.) n’est pas ce qui fait l’attrait premier de l’appareil. C’est le croisement de plusieurs paramètres de performances parfois insignifiants pour le néophyte, qui va faire peser la balance en faveur de l’avion français.
Nous pouvons citer une toute nouvelle aile permettant à la fois un vol de croisière rapide (de Mach 0.8 en croisière économique à Mach 0.85) et des vitesses d’approche très faible, à 105 nœuds, permettant de taquiner les performances des turbopropulseurs… Mais avec un avion bien plus rapide. L’aérodynamisme de cette aile permettra aussi l’approche de terrains à plus forts taux de descente, difficiles, voire interdits d’accès pour certains concurrents, comme la célèbre approche du London City Airport.
L’accès à un plus vaste choix de terrains permet aux opérateurs de proposer à leurs passagers des liaisons point à point bien plus intéressantes, et plus proches de leur destination finale. C’est un gain de temps, et donc d’argent, pour les hommes d’affaires pour qui ce paramètre est un des plus importants.
Le train d’atterrissage et la structure de la cellule de l’avion ont été calculés pour que le Falcon 5X puisse atterrir à 95% de sa masse maximale de décollage (MTOW). Cela permet d’effectuer un saut de puce pour récupérer des passagers à faible distance, puis de reprendre un vol au plus long cours, sans avoir à ravitailler. Là encore, gain de temps. Le robuste train d’atterrissage permet aussi d’opérer à partir de pistes plus rudimentaires, ce qui ouvre au Falcon 5X encore plus de terrains disponibles, soit autant de nouvelles destinations, pour ses clients.
Le moteur, enfin, permettra un gain substantiel d’économie de carburant de l’ordre de 10 à 15 % par rapport à ce qui existe déjà sur le marché pour cette gamme de poussée.
La cérémonie.
Les chiffres, ça n’est peut-être pas votre tasse de thé. Alors… Place à la danse ! La fin du discours de M. Trappier a été suivie par une mise en scène en musique et en danse d’une dizaine de minutes, assisté par des effets vidéo. Je ne m’attarderais pas dessus, je ne suis pas très sensible à cet art (je suis en rut au son de la musique des M-88 seulement. C’est plus… Bestial), même s’il faut avouer que c’était particulièrement réussi. Je tiens à souligner aussi la présence, en fin de chorégraphie, d’une partie de l’équipe ayant assemblé le 5X qui, ÔÔÔ… Apparaît majestueusement derrière l’écran de fumée. C’est beau, très beau même, et l’avion s’approche tellement qu’on se demande si les freins du tracteur de remorquage vont finir par s’actionner avant que l’avion n’aille se poser sur les genoux des spectateurs présents au premier rang !
Dans ma tête résonnait la voix de Jacques Martin, que les plus jeunes lecteurs de ce site peuvent ne pas avoir connu : « sous vos applaudissements ». Et des applaudissements le 5X y a eu droit, y compris de ceux qui ont participé à leur conception depuis le début.
Arrivé du Falcon 5X devant le public. Photo: Dassault Aviation.
“Mais qu’il est beau !” lâche un ingénieur du bureau d’étude de Saint-Cloud, chargé des calculs structure. « Ça fait huit ans qu’on travaille dessus. Le voir, là, ça fait quelque chose. » On sent l’émotion.
À la fin de la cérémonie, autres réjouissances ! Le coup de feu est donné, une armée de serveurs nous propose des mets improbables, mais délicieux (ne vous méprenez pas. J’aime la gastronomie et il y avait de quoi faire !). Pendant ce temps-là l’avion est laissé en libre accès, et il est possible de gravir les quelques marches de la porte d’accès pour jeter un œil aux installations d’essais, et au fameux hublot de toit, présent au niveau du galley, juste derrière le cockpit.
Le temps de se restaurer et de visiter la maquette de l’aménagement de la cabine du 5X, et cette journée sera déjà terminée. Une belle journée comme on en a déjà connu en Gironde, où un bel oiseau est né. Bon vol à lui, et félicitation à Dassault Aviation et toutes ses équipes.
Intérieur de la maquette présentant l’aménagement du 5X. La même qui fut présentée au salon EBACE de Genève.
une petite erreur dans votre reportage, qui est très bien d'ailleurs; la chaîne du 5X n'est pour le moment pas dans le hall Lindberg même si son transfert à terme y est évident
Très bon reportage pour un avion magnifique. Par contre il me semble qu'il y a une faute dans l'article, il me semble que c'est le hall Lindbergh et non pas Lindberg comme vous l'avez noté.
4 Comments
Sébastien Pugelle
Quelle chance.. Ils savent y faire pour en mettre plein la vue chez Dassault en tout cas.
Merci pour le reportage et la vidéo !
Anonyme
une petite erreur dans votre reportage, qui est très bien d'ailleurs; la chaîne du 5X n'est pour le moment pas dans le hall Lindberg même si son transfert à terme y est évident
Anonyme
Et après ça, un régime, bin oui c'est bientôt les vacances.
Très bon reportage.
Georges.
Anonyme
Très bon reportage pour un avion magnifique.
Par contre il me semble qu'il y a une faute dans l'article, il me semble que c'est le hall Lindbergh et non pas Lindberg comme vous l'avez noté.