Le prototype Airlander 10, en essai en vol depuis moins d’une semaine, vient tout juste de rater son atterrissage lors de son deuxième vol d’essai. Un « heavy landing » qui a eu pour résultat des dommages matériels au niveau du cockpit. Les deux pilotes sont indemnes, bien que le cockpit ait manifestement fait office de train d’atterrissage… les images et la vidéo parlent d’elles-mêmes.
Après un premier vol d’essai couronné de succès le 18 Août dernier, l’Airlander 10 reprenait ses essais hier en fin de matinée. Après plus d’une heure et demie de vol, le dirigeable hybride revient à sa base à 73 km au Nord de Londres. Au moment de son atterrissage, l’Airlander 10 a semble-t-il piqué jusqu’à entrer en collision avec le sol. Les actions sur les gouvernes et la propulsion ne semblent pas modifier la trajectoire de l’aéronef qui entre alors en collision avec le sol au niveau du cockpit. Le dirigeable encaisse le choc, puis se déplace lentement et se stabilise avec l’aide des équipages au sol.
L’aéronef est désormais amarré en sécurité au sol et devrait vraisemblablement retourner dans son hangar pour mener les investigations et les réparations qui s’imposent avant une remise en vol. Il semblerait aussi qu’il ait été légèrement dégonflé, intentionnellement ou pas.
Aucune raison n’est pour l’instant évoquée par la société britannique, qui a cependant réfutée les rumeurs d’une panne en vol ou d’une collision avec un poteau électrique. Au visionnage des photos et vidéos des spotters sur place, nous pouvons néanmoins avancer une théorie: il semblerait qu’une corde d’amarrage (utilisée par les équipes au sol pour guider et positionner le dirigeable) était tendue entre le nez du dirigeable et un point fixe au sol. Les cordes d’amarrages étant généralement déployées au moment de l’atterrissage, et le dirigeable exécutant une approche (à faible altitude), il est possible que cette corde d’amarrage (fixée au dirigeable au niveau du nez) se soit prise dans un obstacle (un arbre, une clôture…). Dès lors, la trajectoire en piquée est inévitable compte tenu de l’inertie de l’aéronef.
Rappelons que l’Airlander 10 est un dirigeable de type souple et hybride (sa portance est assurée en partie par l’hélium, ainsi que par sa forme aérodynamique et sa propulsion).
Un crash ? Certainement pas !
Bien que cet événement soit dommageable pour la société britannique ainsi que pour la filière dirigeable dans son ensemble, il est important de souligner que ce type d’aéronef est nouveau et nécessite inévitablement un temps de maturité.
De plus, la faible gravité de cet incident accentue la différence notable entre le dirigeable et les plus lourds que l’air. Comme le montre la vidéo en tête d’article, l'”écrasement” a été très lent et sans gravité pour l’équipage. Généralement, les accidents en essais en vol des plus lourds que l’air ont des conséquences bien plus dramatiques (décès et perte totale de l’aéronef). Il convient donc de nuancer cet événement, qui n’est pas un “crash” mais bien un incident au sens aéronautique du terme.
Bien que surprenant, ce cas n’est pas isolé et est même caractéristique des accidents de dirigeables. Historiquement, un certain nombre d’accidents de dirigeables ont en effet eut lieu sur un long laps de temps, permettant la préparation et l’évacuation des équipages.
Espérons que cet incident n’entachera pas la remise en vol de l’Airlander 10. Nous vous tiendrons informé de l’évolution de la situation.
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Thibault Proux