Enfin ! Après de longs mois de travail, après sa présentation à la presse du monde entier en Mars dernier, après son roll-out en début de mois, l’Airlander 10 du britannique Hybrid Air Vehicles vient tout juste de prendre les airs ! D’abord annoncé le week end dernier et repoussé à la dernière minute suite à un problème technique, ce vol inaugural d’une durée de 20 minutes a été effectué hier soir à Cardington, à 75 kilomètres au Nord de Londres.
Petit récapitulatif en images de ce vol (cliquez sur l’image) :
Pas tout à fait un premier vol !
Initialement développé et construit en 2009 par Hybrid Air Vehicles et Northrop Grumman en réponse au programme américain LEMV (Long Endurance Multi-purpose Vehicle), l’HAV-304 a effectué un unique vol de démonstration en 2012 à Lakehurst, aux Etats Unis. Suite à l’arrêt du programme, l’aéronef a été racheté par Hybrid Air Vehicles et rapatrié en Angleterre, à Cardington, dans les immenses hangars construits pour l’assemblage des grands dirigeables rigides britanniques du siècle dernier.
Néanmoins, depuis début 2014, les équipes d’Hybrid Air Vehicles travaillent à la remise en vol de cet aéronef en y intégrant bon nombre d’équipements. Initialement développé pour répondre à un besoin militaire, l’Airlander 10 va désormais s’attaquer aux marchés civils du transport de passagers, du transport de fret, de la surveillance aérienne ou encore de relais de communication. Avec ses 92 mètres de long, 44 mètres de large et 24 mètres de haut, l’Airlander 10 affiche une vitesse de croisière de 80 kts (150 km/h), une charge utile de 10 tonnes ou 48 passagers, un plafond de 20 000 ft (6000 m) et une endurance de 5 jours en configuration standard (et jusqu’à 3 semaines en configuration télé-piloté).
Cette remise en vol marque un tournant dans le développement des dirigeables. Car il s’agit cette fois-ci d’un premier vol d’essai. Et cela est déterminant pour l’ensemble de la filière dirigeable mondiale. Tout d’abord, d’un point de vue technique, car l’Airlander présente des innovations technologiques à plusieurs niveaux. Son enveloppe trilobée profilée telle une aile d’avion lui assure une portance aérodynamique. Sa motorisation de 4.350 HP diesel, ainsi que ses commandes de vol électriques lui assurent une grande manœuvrabilité.
D’autre part, d’un point de vue sociétal, cet événement participe à la transformation de l’image du dirigeable. En véhiculant une vision nouvelle de cet aéronef auprès des populations, mais aussi des instances politiques, des partenaires techniques, des financiers, Airlander crédibilise la famille dirigeable en démontant les a priori profondément ancrés dans les esprits.
Mais ce premier vol marque aussi le début de la campagne d’essai en vol d’un programme aéronautique qui vise une certification civile. Bien qu’il vole actuellement sous autorisation spéciale pour sa campagne d’essai en vol, l’Airlander 10 ambitionne des marchés civils et doit donc passer par la case certification. Cette campagne de 200 heures de vol vise tout d’abord à vérifier le bon fonctionnement des équipements primaires ainsi que l’ouverture de l’enveloppe de vol de cet aéronef d’un nouveau genre, dont la mécanique de vol est encore peu connue. En cela cette campagne d’essai en vol symbolise une nouvelle ère pour les dirigeables, car elle ouvre le chemin de la reconnaissance de la sécurité de ces aéronefs par les autorités. Bien que le Zeppelin NT soit déjà certifié civil en Europe et aux USA depuis de nombreuses années (comme quelques autres dirigeables), ce programme porté par les autorités britannique (CAA) et européenne (EASA) traite d’un tout nouvel aéronef.
Ce premier vol pose donc un nouveau cairn sur le chemin des dirigeables hybrides et permet de crédibiliser une nouvelle fois l’ensemble de la filière du dirigeable mondial.
Souhaitons leur bon vol ! Fly safe !
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Thibault Proux