Source Dassault Aviation |
L’achat de Rafale par l’Egypte a fait couler beaucoup d’encre (y compris numérique), et ce bien avant la signature du contrat. D’abord jugé irréaliste, voire gênante sur le plan politique, cette vente a finalement surpris tout le monde, à la fois par son ampleur et sa vitesse d’exécution. La presse généraliste comme spécialisée a largement commenté les différents aspects du contrat et les conséquences industrielles, économiques, opérationnelles et politiques qu’il aurait sur la diplomatie et les forces françaises.
Mais les articles présentant le point de vue égyptien ont été assez rares de ce côté de la Méditerranée. Tout juste insistait-on sur la dimension prestigieuse de ces équipements, rappelant par là-même que l’Egypte avait peut-être mieux à faire de tout cet argent, y compris en ce qui concerne sa défense. Mais cet achat n’est pas qu’une question de frime, et la donne stratégique régionale est plus complexe que ce que les médias européens pourraient croire.
Le but du présent article sera donc de revenir sur ce contrat en prenant en compte ce point de vue opérationnel égyptien, d’expliquer en quoi l’achat de Rafale (mais aussi d’une FREMM) est révélateur des enjeux géostratégiques de la région.
Des bouleversements internes
Certains observateurs ont fait remarquer que la vente de Rafale à l’Egypte présentait un risque élevé en raison de l’instabilité politique du pays et de la région. Cette affirmation, basée sur les changements successifs à la tête du pouvoir depuis 2011, fait particulièrement référence à la (courte) gouvernance des frères musulmans entre 2012 et 2013, avant que la pression populaire ne pousse l’armée à renverser Mohamed Morsi.
Si l’inquiétude soulevée par la vente de Rafale à l’Egypte est compréhensible aux vues de l’instabilité de la région, deux arguments permettent de les relativiser.
En premier lieu, il convient de rappeler que malgré les multiples changements de régime des dernières années, l’armée égyptienne reste la véritable détentrice du pouvoir politique en Egypte, qu’elle dirige plus ou moins directement depuis le début des années 1950.
Si le gouvernement égyptien présente une instabilité réelle depuis la chute d’Hosni Moubarak, les institutions militaires et la structure politique profonde du pays ont en réalité particulièrement bien traversé les révoltes arabes.
Ainsi, les liens tissés depuis des générations entre l’Armée de l’Air égyptienne et la France, notamment les avions Dassault, sont toujours solides aujourd’hui. Le Mirage 2000 est considéré comme un avion d’élite dans l’Armée de l’Air Egyptienne, même s’il est aujourd’hui moins polyvalent et moins performant dans certains domaines que les F-16 les plus récents. Les appareils Dassault inspirent traditionnellement une certaine confiance aux opérateurs locaux, un élément qui a pu contribuer à une signature aussi rapide du contrat.
Le second point concerne la morale et la rationalité dans le marché de l’armement.
Il est tout à fait légitime, dans une démocratie comme la France, de discuter de l’aspect moral d’une vente d’armes à une dictature ou un régime militaire. C’est un débat qui doit concerner toute démocratie disposant d’une industrie de l’armement ouverte à l’exportation, et chaque citoyen est en droit de demander des comptes sur cette question à ses représentants politiques. Néanmoins, quelle que soit notre position personnelle sur la question, la politique d’exportation d’armement française n’est pas spécifiquement regardante sur la nature des régimes clients, même si l’on évite de vendre à des régimes dangereux pour notre sécurité ou notre image sur la scène internationale par exemple.
Cependant, argumenter qu’il est immoral de vendre des armes à un pays en guerre, ou susceptible de l’être, est déjà moins logique. N’est-ce pas au contraire rationnel et cohérent de fournir des armes à un pays allié qui se retrouve menacé, afin de l’aider à résister aux éléments instables ? Même si chacun est évidemment en droit de contester le choix des alliances de la France, on ne peut demander à notre industrie de défense de n’exporter qu’à des pays neutres ou affichant une posture purement défensive. En tous cas pas sans changement radical de la politique extérieure de la France. Surtout quand le matériel militaire français, Rafale et frégates FREMM en tête, est conçu dans une optique offensive.
Et, au final, est-ce plus rationnel et raisonnable de vendre des armes de pointes à des pays en paix avec leurs voisins si ces armements menacent l’équilibre des forces locales ? On pourrait arguer que serait tout aussi déstabilisant pour l’équilibre des forces régionales. Ce risque de déstabilisation entrainé par une vente d’arme est d’ailleurs massivement utilisé par la département d’état américain afin de contrôler les exportations d’armement, mais n’est pas non plus ignoré des autres pays exportateurs, y compris la Russie et la France.
En effet, l’Egypte évoquait dès 2011 la possibilité de se doter de Rafale, des déclarations qui embarrassaient grandement les autorités françaises à l’époque. Si la situation est différente aujourd’hui, c’est justement parce que l’Egypte a traversé une période politiquement trouble avec une étonnante stabilité. La crainte de voir la junte militaire locale s’effondrer totalement sous les coups des islamistes, si elle est basée sur des précédents récents, reste au final assez peu rationnelle, tant le pouvoir militaire en Egypte reste puissant comparé à celui du Mali en 2012, ou de l’Irak après le départ des troupes américaines, sans même parler du Yemen ou de la Libye.
Nouvelle donne stratégique pour l’Egypte
Sans minimiser les profonds bouleversements traversés par la société égyptienne ces dernières années, force est de reconnaitre que la nouvelle donne géostratégique égyptienne ne vient pas nécessairement de sa propre révolution de 2011, mais bien des changements qu’a connu l’ensemble de la région à la même époque, avec tout particulièrement les conflits libyens et syriens. D’une manière générale, l’ensemble de la région est une menace potentielle pour l’Egypte. La guerre civile fait rage à l’Ouest en Libye, les diverses milices débordant sur le Soudan (toujours loin d’être pacifié) et sur son propre territoire. Le canal de Suez aux capacités prochainement accrues donne un accès direct sur une corne de l’Afrique où la piraterie commence à peine à perdre en intensité, tandis que le terrorisme maritime menace sur les deux façades maritimes égyptiennes. Mais surtout, le conflit Syrien et la guerre civile en Irak ont donné le champs libre à de multiples groupes islamistes qui prolifèrent de l’Ouest de l’Afrique jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, et qui n’épargne pas l’Egypte elle-même.
Alors qu’historiquement les mouvements islamistes usaient de tactiques de guérilla et de l’outil terroriste, les mouvements actuels (Daesh, Al-Nosra et les autres branches d’Al-Qaida, diverses factions des Frères Musulmans etc.) disposent désormais de matériels, de troupes et d’une organisation structurée de norme quasi-militaire, dépassant parfois en quantité et en capacités les forces loyalistes locales, y compris dans certaines régions d’Egypte, notamment dans le Sinaï et le sud du pays.
Et ces nouvelles menaces demandent une adaptation de la stratégie militaire locale, mais aussi du tissu diplomatique et du réseau d’alliances à l’échelle régionale.
Si l’Egypte a des raisons légitimes de se sentir menacée par la situation dans son propre pays et à ses frontières, est-ce que le Rafale peut apporter un rôle dans la gestion de certaines de ces menaces ?
Beaucoup d’observateurs ont fait remarqué que l’Egypte a bien moins besoin de Rafale que de moyens pour opérer efficacement ses hélicoptères de combat, ou pour renforcer les moyens logistiques et offensifs de ses garnisons déployées dans les Sinaï et mises à mal quotidiennement. Dans une lutte contre des groupes terroristes bien structurés, et alors que l’Egypte représente déjà la force aérienne la plus importante numériquement dans la région, il pourrait sembler logique que les moyens militaires aillent en priorité aux forces spéciales, aux moyens héliportés ou à la surveillance des frontières, autant de moyens tactiques permettant de lutter rapidement contre les menaces de conflits irréguliers. C’est effectivement une réalité que l’Armée Egyptienne devra affronter rapidement, mais à laquelle l’achat de Rafale ne semble pas répondre.
Surtout que l’achat de Rafale et d’une FREMM a été relayé comme résultant d’un caprice destiné à en mettre plein la vue plutôt que d’un besoin militaire urgent.
Mais s’arrêter aux premières impressions serait trompeur et réducteur.
En effet, les Rafale (comme la FREMM et les AASM) répondent bel et bien à un besoin opérationnel pressant, mais ce dernier est de nature stratégique et pas uniquement de nature tactique.
De nouveaux matériels pour une vision à long terme
Pour comprendre ce besoin, il est nécessaire de remonter quelques mois en arrière. En Août dernier, journaux et sites spécialisés s’affolent: des positions islamistes insurgées ont été détruites par des frappes aériennes de précision aux alentours de Tripoli, en Libye. Les spéculations vont bon train: raid (peu probable) des loyalistes Libyens ? Frappes à distance des Américains ? s’agirait-il d’un raid de l’Armée de l’Air et des forces spéciales françaises, plus probable d’après les témoignages ?
Il s’avère rapidement qu’il ne s’agit de rien de tout cela, mais d’une réalité tout à fait inédite qui marque un véritable tournant dans les relations internationales et l’équilibre des forces de la région: des Mirage 2000-9 des Emirats Arabe Unis, soutenus par des Airbus A330MRTT de la même force aérienne (et avec la bénédiction et l’aide discrète de l’Arabie Saoudite), ont opérés depuis le territoire égyptien au cours d’un raid concerté afin de détruire les positions en question.
Si ce n’est pas la première fois que les Mirage des Emirats frappent en Libye, c’est la première fois que ces frappes se font en totale autonomie matérielle et, surtout, sans l’aide logistique ni même l’accord préalable des USA.
Mais au delà des implications diplomatiques soulevée, l’aspect matériel de l’opération révèle beaucoup de choses. Le choix du Mirage 2000-9 pour cette opération, plutôt que des F-16C égyptiens, ou même des tous récents F-16E des Emirats, n’est pas anodin. Au delà de l’expérience acquise par les pilotes des Mirage 2000-9 lors de la campagne libyenne, la France (et Dassault) n’applique quasiment aucun contrôle sur les armements livrés à ses clients.
Mirage 2000-9 des EAU, vu lors du conflit Libyen de 2011 avec une bombe PGM-500 Hakim Source theavionist.com |
Ceux-ci sont libres de les utiliser comme ils le souhaitent, sans limitation technique ou logicielle, sans contrôle sur les systèmes de préparation de mission, sans retenue dans la livraison des munitions, sans mesure de rétorsion à la suite d’un raid « non autorisé » par le pays vendeur. Autant de choses que ne se privent pas de faire les Américains.
Mieux encore, les appareils français peuvent intégrer facilement et rapidement les nouveaux armements de précision développés localement aux EAU, renforçant encore la liberté de manoeuvre par rapport aux appareils de conception américaine.
Ainsi, si l’Egypte reste en mesure d’utiliser ses F-16 avec une certaine liberté tactique, comme les récentes frappes contre Daesh en Libye l’ont démontré, ces appareils restent limités dans leur usage, notamment en matière de défense aérienne, de capacités de pénétration et de capacités de combat nocturne.
Faisant face à des menaces multiples, dont la source peut se situer à des centaines de kilomètres de ses frontières, l’Egypte souhaite se doter d’appareils de pénétration lointaine dont elle contrôlerait intégralement l’utilisation. Ce qui implique de ne pas recourir à du matériel américain de dernière génération, mais également de ne pas avoir à se reposer nécessairement sur ses alliés pour réaliser les missions les plus complexes.
Au delà de la lutte anti-terroriste et du contexte régional actuel, rappelons encore une fois que le pouvoir militaire en Egypte est stable (en tous cas se considère comme tel), et est donc capable d’anticiper ses besoins sur le long terme. Si la force aérienne égyptienne est la plus importante de la région d’un point de vue numérique, elle est aujourd’hui largement dépassée par certaines forces armées de la péninsule arabique en termes capacitaires. L’achat de nouveaux avions de combat polyvalents reste un moyen fiable de réduire cet écart et de maintenir la défense du Canal de Suez ainsi que de ses abords maritimes et de ses ressources naturelles sur ses deux façades maritimes, et ce en toute indépendance.
Et pour ne rien gâcher, le Rafale restera tout à fait adapté à des tâches plus tactiques, puisque sa grande autonomie et son impressionnante charge utile lui permet d’opérer efficacement dans la recherche et la destruction de cibles insurgées. Ce qu’il fait aujourd’hui au dessus de l’Irak, il pourra évidemment le faire demain au dessus du Sinaï, et la future dotation des Rafale égyptiens en AASM sera proportionnellement similaire à celle des Rafale français. Ces armements stand-off, emportés par 4 ou 6 sous chaque Rafale, sont de vrais démultiplicateurs de force, permettant à chaque Rafale une efficacité équivalente à une ou deux patrouilles d’appareils dits de troisième génération. Alors que les F-4 et Mirage 5 égyptiens commencent à sérieusement accuser leur âge, même un nombre limité de Rafale modernise considérablement les capacités de frappe égyptiennes.
Un achat sur fond d’enjeux diplomatiques majeurs
Comme tout achat majeur d’armement, cette vente de Rafale, de FREMM et de munitions françaises témoigne de multiples influences politiques et diplomatiques à l’échelle internationale. Mais si de nombreux observateurs ont fait remarquer que cette vente était une prise de risque économique pour la France en cas de mauvais paiements de l’Egypte, ces mêmes observateurs ont rarement pris en compte toute la complexité de ce billard à 4 bandes.
Nous n’aurons pas la prétention d’expliquer dans le détail une situation aussi complexe que protéiforme, mais juste d’établir quelques clefs de lecture supplémentaires.
D’une part, il est évident que cette vente lie la France et l’Egypte sur le long terme. Mais ce lien n’est pas qu’industriel et financier, et ne se limite pas au rôle de la COFACE dans le financement du contrat. Une telle vente, qui suit la vente de corvettes Gowind et précède peut-être d’autres gros contrats, représente un pas de plus dans l’élaboration d’lien stable et durable entre les deux pays dans le secteur de la défense et des relations internationales. L’Egypte s’équipant de deux types de matériels stratégiques pour nos propres forces, il devient d’autant plus important pour la France de s’assurer de la stabilité politique du pouvoir Egyptien. Le risque de voir l’Egypte (et donc ses Rafale et sa FREMM) sombrer aux mains de Daesh est aujourd’hui bien moins grand que de voir un éclatement de l’Irak, de la Syrie ou même de l’Arabie Saoudite. Mais ce risque n’est pas inexistant, et si la stabilité de la région était importante pour la France hier, elle le sera encore plus demain. De plus, il n’est pas anodin pour la France de s’assurer la fidélité et la bienveillance (si possible sur plusieurs décennies) des militaires qui contrôlent le canal de Suez, lien vital et direct vers deux départements d’outre-mer et deux bases militaires majeures, entre autres éléments stratégiques.
Ensuite, et même si cet élément est aujourd’hui très dur à prouver tant il a été démenti, il est difficile de croire que l’Arabie Saoudite et les EAU n’ont jouer aucun rôle dans ce processus d’achat, même s’il ne s’agit que d’un rôle informel. Si le financement du contrat est censé être assuré par l’Egypte d’une part et des emprunts assurés par la France (mais devant bien être remboursés par l’Egypte, évidemment) d’autre part, il n’en reste pas moins que les liquidités égyptiennes sont en grande partie assurée par la bienveillance de l’Arabie Saoudite, des EAU et du Koweit. Si ces derniers ont sans doute leur mot à dire sur l’utilisation de ses « investissements » dans le cadre des achats d’armements égyptiens, le récent achat par l’Arabie Saoudite pour le compte du Liban de près de 2,5 milliards d’euros d’armements français tend à montrer le penchant de Riyad pour s’équiper auprès de Paris plutôt que Washington.
Car, pour finir, la vente des Rafale est symptomatique de l’évolution des relations entre l’Egypte et les USA, et de la politique américaine dans la région plus globalement. Encore une fois, il sera impossible d’entrer précisément dans les détails, mais il est de notoriété publique que les relations entre Egyptiens et Américains se sont considérablement dégradées depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal al-Sissi. Ironiquement, les Américains (tout comme les Qataris) soutenaient historiquement les Frères Musulmans, que al-Sissi a fini par renverser. Mais au delà d’une querelle partisane, c’est avant tout une question de doctrine. La politique du Président Obama entend en effet publiquement et politiquement soutenir les régimes démocratiquement élus, mais ce que l’on nommera peut-être un jour la Doctrine Obama consiste surtout à se désengager de la zone Méditerranée pour se recentrer sur l’Asie et, plus récemment, l’Europe de l’Est. Ce désengagement implique de faire des choix, d’intervenir ou de ne rien faire, de soutenir tel régime plutôt que tel autre etc. Mais ces choix ne sont pas toujours heureux sur le plan diplomatique et politique, si bien qu’il n’est pas impossible que les Américains payent aujourd’hui leur refus d’intervenir plus tôt et plus directement en Syrie afin de protéger les populations Sunnites. Une décision que les Saoudiens et leurs alliés (et débiteurs) n’ont sans doute pas apprécié, d’autant plus que dans le même temps l’administration Obama faisait des appels du pied à l’Iran (chiite) afin d’intégrer cette dernière dans une sorte d’union sacrée contre l’Etat Islamique. Une façon pour l’alliance saoudienne de faire payer aux Américains des choix stratégiques qu’ils jugent discutables? C’est en tous cas une possibilité qui n’est pas à écarter et qui montre l’extrême complexité d’une vente d’arme dans un tel contexte géopolitique.
F-16 Egyptien en vol de formation avec des F-18 de l’USMC. Plus de 200 F-16 ont été livrés à l’Egypte. Source Ssgt David Nolan – Wikipedia |
Car s’il a souvent été dit que le Rafale ne s’est pas vendu jusque là parce qu’il empiétait sur les plate-bandes américaines, on voit que le désengagement (relatif) américain de la région Méditerranée-Moyen Orient au profit des pays européens offre effectivement de nouveaux débouchés commerciaux pour notre industrie de défense.
Mais il s’agira de ne pas oublier que ce désengagement américain implique également que l’Europe prenne ses responsabilités géopolitiques et participe plus activement à la stabilisation de la région.
Conclusion
On le voit, le nouveau contexte régional impose de sérieuses contraintes sur l’usage tactique de la force (contre-insurrection, contre-terrorisme etc.) en Egypte mais ne diminue en rien la pression stratégique à laquelle le pays est soumis. En se dotant de Rafale, l’Egypte prend la décision de mettre en oeuvre des moyens de frappe lointaine et dans la profondeur, établissant ainsi une véritable force de dissuasion conventionnelle. Un raisonnement qui justifie également l’achat de la FREMM, qui sera gréée en véritable navire amiral pour la flotte de corvette Gowind tout en assurant la sécurité des deux façades maritimes grâce à ses moyens de frappe littorale.
Pour les Egyptiens, et d’un strict point de vue de l’utilisation opérationnelle, le Rafale est un choix parfait pour garantir, à long terme, l’indépendance opérationnelle de la force aérienne égyptienne vis-à-vis des Américains et des alliés arabes plus fortuné. Equipée aussi bien de missiles d’interception que de missiles de croisières ou de l’AASM qui a brillamment marqué la campagne aérienne en Libye en 2011, cette petite flotte de Rafale reste néanmoins très polyvalente, une sécurité en cas de blocage ou de refus de modernisation des nombreux F-16 encore en service dans le pays.
Ce n’est sans doute pas l’équipement militaire qui répond aux besoins tactiques les plus urgents, mais il serait en réalité assez idiot de dépenser 5 milliards d’euros en navires et en avions de combat s’il s’agissait de répondre à des besoins opérationnels urgents. Ce type d’équipements, dans une telle enveloppe budgétaire, demandent une réflexion sur le long terme en ce qui concerne leur utilisation opérationnelle, mais aussi les implications diplomatiques qu’ils sous-tendent. Et dans un contexte international aussi complexe, la priorité pour l’Egypte semble être de multiplier ses sources d’approvisionnement, achetant du matériel français et russe tout en essayant de renouer le contact avec les USA concernant l’aide militaire.
L’achat de Rafale et de FREMM s’inscrit donc dans un cadre géopolitique bien plus complexe qu’il n’y parraît au premier abord.
10 Comments
Anonyme
Très bon article, merci.
Voilà un site qui relève le niveau général de la presse spécialisée "défense" mais qui se borne bien souvent à poster des banalités et non des analyses comme celle-ci.
Un petit effort sur la pagination serait pourtant bienvenu (la page est bien trop large)
Bruno ETCHENIC
Trop large ? Elle est relativement standard pourtant… Nous prenons en compte votre remarque, notre futur site devrait sortir rapidement.
Anonyme
A vue de nez je dirais que la plupart des sites font l'économie des deux petites colonnes de gauche (ou d'une au moins), ce qui permet de surfer confortablement avec plusieurs fenêtres à l'écran. J'ai remarqué que portail-aviation.com nécessitait que l'on consacre presque un écran complet pour son affichage au contraire de la plupart des sites.
Une solution intermédiaire serait de déplacer la colonne centrale de texte à l'extrême gauche pour éviter d'avoir à jouer en permanence avec les ascenseurs horizontaux. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
En tous cas, merci encore pour ce site de qualité éditoriale certaine 🙂
Anonyme
J'oubliais:
Un grand merci pour l'option de publication de commentaires anonymes.
Certains comme moi ne sont pas très chaud pour laisser leurs e-mails ou autres types d'informations à une myriade de sociétés dont la raison d'être est justement la collecte d'informations.
Anonyme
Merci pour ce travail de qualité, continuez
Miki
Encore un excellent article.
Merci à tous les contributeurs pour leur travail et un grand merci à vous Bruno pour la qualité de votre blog. Découvert il y a 6 mois, j'en ai fouillé les moindres recoins, et il regorge de pépites…
Au plaisir de vous relire.
dopelganger
clair et complet
dopelganger
clair et complet
James
Excellent papier, à afficher sur tous les écrans!
Bravo
Yannick SMALDORE
Merci à tous pour vos commentaires, c'est très encourageant !