Grosse commande de dirigeables pour Lockheed Martin

Posted By: Thibault PROUXon: mars 30, 2016In: Aviation civile, Aviation civile, Dossiers, Passion aéro, Toutes les actualités1 Comment

Le LMH-1 aux couleurs de SLA

425 millions d’euros. Tel est le montant engagé par la compagnie britannique Straightline Aviation (SLA) pour acheter 12 dirigeables LMH-1 à Lockheed Martin. Il s’agit du premier achat de ce modèle dévoilé en Juin dernier au Salon International de l’Air et de l’Espace (Paris Air Show 2015). Lockheed Martin, son revendeur exclusif Hybrid Enterprise et SLA ont officialisé hier cet engagement via la signature d’une Lettre d’Intention (LOI). Attention toutefois, cette signature n’est qu’une première étape qui n’officialise pas le versement de fonds.

Basée en Grande Bretagne, Straightline Aviation est une société fondée en Juillet 2015. L’équipe dirigeante de SLA n’en est pas à son coup d’essai. Le Président, Mike Kendrick, est le fondateur des sociétés Ligther Than Air Ltd et Virgin Airship and Balloon Company (VABC), qui exploita durant de nombreuses années la plus grande flotte de dirigeables au monde (19 dirigeables sur 4 continents). Mark Dory, ancien Directeur des Opérations de VABC occupe désormais le même poste chez SLA. Quant à David Tait, actuel Président de l’entité américaine de SLA, il est l’un des fondateurs et ancien Vice-Président de la compagnie aérienne Virgin Atlantic Airways.

Avec ces aéronefs, la firme britannique souhaite révolutionner le transport aérien de fret. M. Kendrick affirme par ailleurs que 4 à 5 clients se sont déjà manifestés pour utiliser les services de SLA, principalement dans le secteur minier.

Les applications sont majoritairement orientées vers le transport de charges lourdes dans des enclaves économiques, difficiles d’accès. D’autre part, SLA ambitionne d’adresser un marché pour l’instant inexistant : le transport de passagers via dirigeables.

Le LMH-1 (Lockheed Martin Hybrid – 1) est un dirigeable trilobé, souple, et de type hybride. Cette particularité (80% de la portance est assurée par le gaz porteur et 20% par la forme aérodynamique et la propulsion) lui permet de compenser la masse de la charge utile mais impose une piste pour atterrir et décoller. D’autre part, les chargements et déchargements seraient exécutés depuis le sol, comme pour un avion. Coté performances, le LMH-1 affiche une charge utile de 21 tonnes de fret dans une soute de 3m x 3m x 18m et une cabine accueillant 19 passagers. La vitesse de croisière serait de 60kts (110km/h) et la distance franchissable de 1400nm (2600km). Le coût à l’heure de vol est estimé inférieur à celui d’un hélicoptère de transport lourd et l’impact environnemental devrait lui aussi être limité.

Malgrès les nombreux avantages que présente le LMH-1, le planning de livraison est extrêmement ambitieux. SLA a en effet annoncé que la première livraison est attendue pour 2018, tandis que le dernier des 12 LMH-1 est attendu pour 2021. Si la cadence de 3 dirigeables à produire par an parait réaliste, la première livraison pour 2018 semble compliquée. Lockheed Martin n’a pour l’instant pas encore commencé l’assemblage du prototype à taille réelle, et bien que les discussions avec les autorités semblent bien entamée, la certification de type de ce nouvel aéronef risque d’être longue et complexe.

D’autre part, cette annonce intervient alors que la concurrente officielle de Lockheed Martin, Hybrid Air Vehicle a dévoilé la semaine dernière son Airlander 10, capable de transporter 10 tonnes ou 48 passagers à 148km/h. HAV vient d’ailleurs de finaliser sa seconde levée de fonds participative de 500k£.

SLA n’est pas seule sur ce marché des sociétés exploitantes de flottes de dirigeables. Des compagnies basées aux USA, en Europe et aux Emirats Arabes Unis sont elles-aussi en discussions avec Lockheed Martin, HAV et leurs concurrentes… Leur ambition commune, développer des compagnies aériennes de dirigeables pour adresser un marché estimé à 50 milliards de dollars.

La course est lancée.