Chers amis passionnés, une fois n’est pas coutume, nous allons aborder pour la première fois sur ce site un domaine assez répandu, mais peu médiatisé, le maquettisme. Philippe Simon a bien voulu se prêter au jeu des questions/réponses pour nous faire découvrir un de ses passe-temps favoris. Vous plongerez avec nous dans la réalisation d’une maquette d’un F-4 Corsair, l’avion rendu mondialement célèbre grâce à la série les black sheeps, plus connus en France sous le titre « les têtes brulées ».
Si cet article trouve un écho favorable auprès de nos lecteurs, nous pourrions être amenés à tenir une rubrique régulière, sur la découverte de nouveaux produits, mais aussi d’astuces et de guides pour les maquettistes débutants. Déjà au travers de ce premier article, vous découvrirez quelques-uns des petits secrets de notre ami, qui, contrairement à votre cher rédacteur, n’a pas deux mains gauches. Si donc vous avez également un minimum de patience (encore loupé pour moi), qualité première du maquettiste, vous pourrez vous aussi vous laisser tenter par l’expérience.
Philippe, pourquoi avoir choisi de monter un Corsair ?
Car il s’agit d’un avion-culte. Moi aussi j’ai grandi avec les têtes brulées (rires), et je voulais en réaliser un !
Tu as choisi un modèle du fabricant japonais Tamiya à l’échelle 1/32. Il y a une raison particulière à cela ?
Ce fabricant jouit d’une excellente réputation, et les mauvaises surprises sont rares. De plus, le choix est énorme et le catalogue bien fourni.
Quel est le prix de cette maquette ? Et quel budget un débutant doit-il prévoir pour commencer ?
Tamiya est un fabricant relativement haut de gamme, et pour ce modèle, il faut compter un prix moyen de 150€. Ensuite il y a tous les à côté avec les consommables d’une part (colle, peinture, bandes adhésives), et les outillages permanents de l’autre.
En tout, il faut compter entre 60 et 100€ de budget pour un équipement complet, comprenant les pinceaux, un aérographe, une pince coupante, un scalpel de modéliste, une pince épilée pointue (aussi appelé précelles), lime à ongle ou pour le bois.
Des détails à admirer… A la loupe ! |
Une scie à résine, une mini-perceuse avec ses forêts sont peut-être à prévoir. Les maquettes dites en plastique sont en réalité faites de polystyrène, mais il est également possible de trouver des pièces en résine ou en photo-découpe, d’où un matériel et une colle spécifique comme la colle cyano. Il faut donc bien se renseigner sur la composition de la maquette que l’on achète pour prévoir le matériel en conséquence.
Combien de temps a-t-il fallu compter pour réaliser cette maquette ?
En combinant les nombreuses soirées que j’ai passées dessus, j’estime le travail total à une quarantaine d’heures. Il m’a fallu environ deux semaines de travail.
En tant que passionné, te rappelles-tu de ta réaction quand tu as ouvert la boite de cette maquette ?
C’est jubilatoire, on retourne en enfance quand on déchire les emballages à Noël ! J’ai ouvert la boîte et j’ai laissé échapper un grand Waow ! Les pièces sont soigneusement emballées, mais surtout très détaillées. Les lignes de structures sont gravées très finement, les rivets sont très fins également, les découpes propres, et je n’ai pas pu m’empêcher de tester des assemblages ! Le positionnement des pièces se fait sans surprise, du grand Tamiya !
Sur cette image, vous pouvez voir un montage à blanc, sans colle. Le but est de savoir où les pièces vont être collées, car à ces endroits-là, la peinture est proscrite !
Je n’y connais rien moi-même, et je suis étonné de voir que même l’intérieur des voilures est détaillé, alors que de l’extérieur, ça ne semble pas visible. Tu peux m’expliquer pourquoi ?
Il y a plusieurs façons de deviner, ou de voir l’intérieur des voilures. Si la maquette est assemblée avec les ailes repliées, alors une partie de la structure et de la « tuyauterie » est visible. Mais il est également possible de pousser le réalisme encore plus loin en se procurant des kits d’amélioration disponible chez d’autres fabricants. On peut par exemple ouvrir les baies d’armement pour en voir le contenu pour peu qu’on l’ait commandé !
Dans la photo ci-dessus, on peut admirer le détail de l’intérieur des prises d’air et des radiateurs, constitué de six pièces ! Même à ce niveau d’échelle, l’assemblage est tout simplement parfait, sans aucun défaut !
Pour le moteur, nous avons le choix de monter les volets moteur en position ouverte ou fermée. Voici comment j’ai réalisé la peinture des échappements.
Elle est constituée de 4 couches de peinture différentes. La première est une couche or/cuivre. Ensuite, nous allons réaliser 3 autres couches avec la technique du dry brush, ou brossage à sec en bon français. Cela consiste à tremper le pinceau dans la peinture, à bien l’essorer, puis à le frotter sur la pièce à peindre. J’ai passé successivement du marron foncé, du marron un peu plus clair, et pour finir, du noir.
Pour la peinture du fuselage, réalisé avec un aérographe, j’ai réalisé un préombrage en bleu nuit pour ensuite faire ressortir les lignes de structure par transparence.
Pour la décalcomanie, le secret d’une bonne adhérence est de passer premièrement une couche de vernis brillant. Ensuite, une fois fixée, passer une couche de vernis mat. La décalcomanie colle légèrement, mais pas suffisamment pour une bonne adhérence sur la peinture.
Pour réaliser les trainées d’échappement et de poudre sur les canons, j’ai utilisé l’aérographe, en diluant bien la peinture avec de l’essence à briquet. Le séchage est bien plus court, et me permet de réaliser chaque couche après 10 minutes de séchage, contre une bonne demi-heure avec un diluant classique. Plusieurs couches ont été nécessaires, et il ne faut pas abuser d’une application de peinture à chaque passage et chercher un résultat immédiat. Pour plus de réalisme, j’ai placé l’aérographe de façon à simuler le vent relatif, pour que la traînée s’applique conformément à la réalité.
À cette étape de la réalisation de la maquette, il reste à poser toutes les décalcomanies, comprenant les inscriptions techniques, les trappes de servitude, etc. (le plus long)
Les pneus sont en caoutchouc, ce qui est bien… sans être bien. Certains préféreront l’avoir en plastique pour simuler l’usure avec la peinture, et d’autres la préféreront en résine, afin de voir l’écrasement et simuler ainsi le poids de l’avion.
Pour rajouter un peu de réalisme à la maquette, et donner un rendu conforme à l’utilisation de cet avion dans le théâtre d’opération du Pacifique, j’ai ajouté un effet de poussière. Lorsque la batteuse de 4.10m de diamètre se mettait en route, la quantité de sable et de poussière soulevée devait être conséquente ! J’ai donc utilisé un pigment pur afin de réaliser une patine.
Pour réaliser le diorama, j’ai utilisé un contreplaqué de 10mm, avec une moulure à cadre. Pour la base, j’ai acheté du plastiroc. C’est un plâtre assez dur à base d’eau que l’on peut modeler et couper à volonté, et qui sèche par tranche de 24 heures. On le trouve facilement dans un magasin de beaux-arts.
Pour le sol ensablé, j’ai dilué de la colle à bois avec de l’eau, sur lequel j’ai saupoudré du sable d’aquarium. Ensuite j’enlève le superflu pour réaliser une seconde passe.
Et voici, notre maquette est enfin posée dans son environnement !
N’hésitez surtout pas à commenter cet article, et posez vos questions à Philippe qui ne manquera pas d’y répondre. Et surtout, si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à nous le faire savoir !
6 Comments
Anonyme
Superbe tuto, ça donne envie de revenir à une passion abandonnée depuis trop longtemps !…
Anonyme
Bonjour, superbe réalisation ! Félicitations ! N'hésitez pas à partager d'autres maquettes
Anonyme
J'en ai fait moi-même il y a trop longtemps. Je crois que je vais en offrir à mes enfants pour leur transmettre le virus… et m'y remettre.
Anonyme
Très beau tuto, les explications sont simples et suffisamment détaillées.
Belle réalisation.
Je partage la même passion mais à une échelle différente et d'une autre période.
Bonne continuation.
Spad Boy
Michel47
Super article. J'ai aussi mon Corsair, un Frenchie, F4U-7 de la 14F pendant l'affaire de Suez. Présenté sur le pont du La Fayette.
sepecat
Bonne idée que de nous proposer un peu de maquettisme.
Ayant taté de cette discipline dans ma prime jeunesse (autant dire au siècle dernier…), c'est toujours sympa de voir comment évoluent la technique et les produits offerts par les fabriquants.
J'ai ainsi découvert dans cet article que les prix avaient, semble-t-il, vraiment pris de l'altitude (l'effet JATO peut-être ?) et vouloir réaliser une collection complète doit être dévastateur pour le porte-monnaie sur le long terme.
Ceci dit, le même problème existe pour les amateurs de trains miniatures, ce qui ne favorise pas forcément l'attraction sur le jeune public (du moins le passage à l'acte, car l'envie, elle, reste présente).
Pour ma part, je ne construis plus de maquettes, mais j'envisage fortement de me mettre à la réalisation 3D via un logiciel de ce type (Blender, open source et gratuit, pour ne pas le citer).
Gros investissement de départ, toutefois, car on ne s'improvise pas graphiste du jour au lendemain, même si les outils ont largement évolué et que pléthore de tutoriels existent sur le "ouaibe".
Pour ceux que cette approche intéresserait, il existe sur Youtube un didactitiel en 5 parties dans lequel l'auteur nous montre, étape par étape, comment il a modélisé en 3D un… Corsair.
En anglais, mais instructif et cela pourrait faire naître des vocations.
Avantage de la 3D : ne prend pas de place dans les vitrines et ne prend pas la poussière. Inconvénient : le plaisir n'est pas le même qu'en maquettisme, où l'artiste (car c'en est un) garde le plaisir de manipuler de ses petits doigts musclés l'objet qu'il va faire évoluer.
Bonne continuation à ce blog en tous cas.
Pour consulter le tutoriel vidéo, c'est ici : https://www.youtube.com/watch?v=k8b5bKmzqzs (pour la partie 1, les autres parties étant accessibles sur les différents menus de la page).