Une chose est sure, la polémique n’est pas prête de s’éteindre en Suisse.
Un des blog les plus lu de la chose aéronautique en suisse, le blog Avia news de PSK, a relaté tous les épisodes concernant l’achat d’un nouvel avion de combat pour la suisse. L’auteur est bien renseigné, et fortement documenté. Le pragmatisme et la bonne argumentation technique dont l’auteur faisait preuve s’est mystérieusement envolée après un voyage en Suède, nous vendant les mérites d’un chasseur tel un commercial de Saab. Vous pouvez lire son article ici. Une partie des commentaires démontrant les incohérences des propos rapportés ont malheureusement été filtrés.
Les informations très orientées en faveur du Gripen continuent d’être publiées comme ici.
N’enlevant en rien la grande qualité rédactionnelle et la grande quantité d’informations que l’on peut trouver sur ce blog, il est clair que dans des affaires aussi importantes, chaque information doit être impérativement
prise avec des pincettes. A l’image de la communication très ubuesque autour du F35, programme qui prend pourtant l’eau de toute part, vous vous devez, cher lecteur, de filtrer et analyser tout ce que vous lisez. Il n’est pas impossible que moi-même, un jour, puisse me laisser entraîner par les sirènes de l’invitation d’un constructeur ou autre.
Pourtant, à l’opposé des information affirmant que le Gripen est sans risque, que son évolution dans la version E/F sera prête à temps et dans les coûts fixés, que le nouveau moteur devant apporter les précieuses performances qui manquent au Gripen ne nécessite aucune modification de la cellule, on trouve les informations diffusées par le site du Matin.ch. Encore une fois, les informations doivent être prisent avec le discernement nécessaire. On y apprends en bloc que le nouveau radar pose un problème d’équilibrage (ce qui peu être aisément compensé par les commandes de vol électrique, bien que dégradant certaines performances), que l’avion ne peut dépasser Mach 1,34, car les entrées d’air ne sont pas suffisamment dimensionnées pour apporter le flux d’air nécessaire au nouveau réacteur (un peu le même problème qu’un éventuel M88-9 sur le Rafale), et qu’une grande partie de la nouvelle électronique embarquée n’est pas encore au point, et que l’avion n’est pas capable pour le moment de tirer des missiles air-air comme l’Amraam ou l’irisT. Car on comprend bien, suite à cet écorché mis à disposition par le même site que l’avion est presque entièrement nouveau.
Il n’est nullement ici question d’affirmer qu’un appareil est supérieur à l’autre, ou de dénigrer un appareil par rapport à un autre. Par contre il est journalistiquement interdit d’affirmer que le Gripen, au titre de la compétition qui a eu lieu, correspond au cahier des charges. Car c’est bien le seul avion des trois à n’avoir pu correspondre aux performances minimales requises, même après étude des améliorations prévues. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais tout simplement ce rapport.
Soyons clair. Rien n’empêche aujourd’hui la Suisse de choisir le Gripen par rapport à un autre avion. Mais affirmer que toute l’armée est unie derrière ce choix est hautement contestable. Ce sont eux qui ont émis des prérequis qui ne pourront pas être respectés avec ce choix.
Si le choix du Gripen est stratégique pour la Suisse, car lui permettant de pouvoir participer au développement d’un programme aéronautique majeur, rien ne l’aurait empêchée de conclure à un accord d’état à état, comme le Rafale aux EAU (si c’est signé un jour), ou le Typhoon en Arabie Saoudite. C’est le fait de lancer une compétition internationale et de ne pas respecter ses propres recommandations qui enfonce aujourd’hui la Suisse dans la polémique.