MAJ: Restez sur les ondes, une déclaration commune doit avoir lieu à 18H00, entre M. Hollande et M. Modi, premier ministre indien.
La lenteur des négociations dans l’énorme contrat MMRCA laissait quelques commentateurs penser que l’Inde finirait par prendre ce virage. Devant la difficulté apparente du constructeur aéronautique public HAL de pouvoir absorber les technologies nécessaires à la fabrication du Rafale, une annonce pour une discussion de gré à gré entre les gouvernements français et indien pour l’achat direct de plusieurs dizaines d’avions (entre 40 et 63 selon les sources) au lieu des 18 initialement prévu serait une très bonne nouvelle pour la France et l’Indian Air Force.
(Article co-écrit par Yves Pagot et Bruno Etchenic)
Nous apprenions il y a quelques semaines l’information selon laquelle les négociations avaient plutôt bien avancé, et que Dassault acceptait d’être coproducteur et coresponsable des Rafale qui seraient produit en Inde, ce qui est une première. Mais cela n’a semble-t-il pas résolu tous les problèmes de l’Indian Air Force. En janvier 2013 déjà, quelques rumeurs couraient sur la possibilité de scinder le contrat MMRCA en deux. Un contrat distinct pour la livraison des 18 premiers avions fabriqués en France, et un second incluant le transfert de technologies et sa production progressivement transvasé en Inde. Ce qui aurait permis à l’armée de l’air indienne de disposer rapidement d’un premier lot d’avions. À l’époque, il n’en était pas question.
Plus de deux ans après, la complexité des négociations ne s’est pas démentie. Et contrairement à ce que plusieurs médias ont annoncé, le devis de Dassault Aviation n’a jamais bougé d’une virgule, et se conformait à ce qui était prévu dans le RFP, avec quelques concessions néanmoins. Le problème pour l’Inde est que le constructeur HAL et tous ses sous-traitants doivent absorber les technologies et les compétences nécessaires pour fabriquer le Rafale sur son sol, et c’est là que cela coince. L’adaptation de l’outil industriel Indien sera lente et plus coûteuse qu’estimée au départ, ce qui a pour conséquence que les Rafale produits en Inde seront plus cher que ceux fabriqués en France, et ce, malgré la
chute récente de l’euro face à la roupie indienne.
Mais surtout, l’inventaire des avions de combat de l’IAF s’érode, et elle cherche désormais à acquérir au plus vite de nouveaux appareils, mais également de moderniser en profondeur ceux qu’elle possède déjà, comme les Jaguar, ou encore ses Mirage 2000
Rafale B 343 sur la chaîne d’assemblage finale à Mérignac (photo: Bruno Etchenic)
Hier, le 9 avril, c’est le blog
NewsWarrior du journaliste indien Nitin A. Gokhale qui a dégainé le premier et affirme qu’une décision a été prise dans les plus hautes sphères du gouvernement, pour annuler les négociations du contrat MMRCA, puis de négocier de gré à gré l’achat d’environ 60 appareils. Le chiffre de 63 avions a été évoqué, ce qui correspond à l’option initiale prévue dans le contrat MMRCA. À l’origine, 126 appareils devaient être achetés, dont 18 fabriqués entièrement en France, et la production des 108 autres transférés progressivement en Inde. En sus, une option de 63 appareils était prévue, soit 189 au total, mais comme une prolongation des avions fabriqués en Inde, et non comme des avions fabriqués en France comme l’affirme
cet article du journal en ligne Le Monde.
Si 63 avions sont donc bel et bien achetés directement en France, cela n’indiquerait pas forcément l’abandon du contrat MMRCA comme nous le connaissions jusqu’à présent, mais son report. Car 126 avions sur les 189 initialement prévus resteraient à construire, et le Make In India reste une priorité.
L’information a été reprise par le Hindustan Times et le Times of India. NDTV apporte des
précisions plus détaillées sur les problèmes révélés par les négociations qui expliquent en partie ce choix pris (qui reste encore à prendre au conditionnel tant que rien n’est annoncé officiellement). Certaines sources françaises proches du dossier tendent à confirmer cette information.
Deux processus de production sont cités en exemple, comme la fabrication des éléments de voilure, dont le nappage en fibre de carbone est une activité automatisée dans l’usine d’Anglet dans les Pyrénées Atlantiques, mais qui est réalisée manuellement par HAL. Outre un problème de temps de fabrication plus élevé, une qualité de production aléatoire est à prévoir, et les contrôles qualité en seraient complexifiés. Autres éléments, la fabrication de certains éléments de modules du Radar RBE2-AESA nécessite d’atteindre des standards de production française, assez éloignée des méthodes de fabrications locales.
Si cette annonce se confirme dans les heures, jours ou semaines à venir, ce serait une très bonne nouvelle pour l’industrie française, et pour le plan de charge du GIE Rafale qui devra certainement réfléchir à une augmentation des cadences de production. Si un contrat de gré à gré ne remet pas en cause le souhait de l’Inde d’adapter son outil industriel pour fabriquer (mais pas que) le Rafale sur son sol, Le Make it In India, slogan maître lors du dernier salon Aéro India, en prend par contre pour son grade…
Comme nous l’avons vu récemment en Egypte, et pour ceux qui auraient des craintes sur le lancement de nouvelles négociations à partir de zéro, un contrat de type gré à gré peut se négocier très rapidement. Au contraire de l’Egypte par contre, le Rafale Indien comportera des équipements différents des Rafale français, ce qui empêchera une livraison aussi rapide. Au final, une telle décision ne pourrait être qu’une conclusion pragmatique dans un contexte compliqué. Wait and See !
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En marge du contrat MMRCA, la Marine indienne cherche également à acquérir des avions de combat pour équiper ses deux futurs porte-avions. D’ici la fin du mois, le Charles de Gaulle sera dans l’océan Indien pour participer à l’exercice Varuna. L’Inde pourrait donc devenir un des plus important client du Rafale et ce, même devant la France ! |
12 Comments
Uriel
Petite correction, les éléments en carbone (dont les panneaux de voilure) sont fabriqués à l'usine de Biaritz. L'assemblage des voilures est fait à Martignas.
Bruno ETCHENIC
Ha oui c'est vrai. Anglet dans ce cas là alors. Et… j'ai hésité à rajouter Pays Basque 😉 Chauvinisme quand tu nous tiens…
spearevéloce
cette affaire bien que très positive va bien plomber les livraisons pour l'armée de l'air…
Bruno ETCHENIC
Bien au contraire. Grâce aux 36 avions qui vont être vendu a l'Inde, plus les 24 égyptiens, la lpm va pouvoir être respectée, l'armée de l'air recevra les avions prévus, et les crédits des autres programmes sont sauvegardés. La france doit acheter minimum 11 rafale par ans, quoi qu'il en coûte.
spearevéloce
C'est faux , à cause du contrat égyptien la France n'aura que 5 rafale cette année , et 4 l'an prochain alors avec en plus le contrat indien …
je suis désolé je n'ai pas de sources mais j'ai lu ceci sur "http://www.opex360.com/"
spearevéloce
je pourrais vous dire "http://fr.wikipedia.org/wiki/Dassault_Rafale" mais je comprendrai à 100% votre réticence à croire la véracité de mes propos
spearevéloce
la France ne doit pas acheter 11 avions par an minimum , c'est la" La ligne de production de Bordeaux Mérignac doit sortir 11 avions par an au minimum pour rester viable."
"http://lexpansion.lexpress.fr/entreprises/la-vente-du-rafale-a-l-egypte-soulage-t-elle-vraiment-le-budget-de-la-france_1651233.html#zOthpXbyDRDgvBbh.99"
PS: Désolé pour les réponses à la chaine
Bruno ETCHENIC
Je profite d'un vrai clavier pour mieux vous répondre.
L'armée de l'air ne recevra jamais MOINS d'avion que prévu. la LPM est claire, de 2014 à 2019, 26 avions sont prévus pour les armées françaises. Mais 66 seront produits. Si ils n'avaient pas été vendus à l'étranger, c'est donc bien la France qui les aurait achetés. Heureusement, des 40 avions à vendre, 60 l'ont étés. Ils ne seront pas prélevés sur les commandes françaises, mais la livraison de ces appareil s'étalera dans le temps, à moins que le GIE Rafale augmente ses cadences (étrangement, des sous-traitants ont été visités les semaines précédentes, pour vérifier leur capacité de production…)
Sinon pour les chiffres, oui nous sommes au courant puisque j'étais personnellement présent à Saint Cloud pour l'annonce des chiffres de Dassault Aviation: http://www.portail-aviation.com/2015/03/dassault-aviation-resultats-2014-et.html
Et j'ai précisé les chiffres donnés dans cet article, ici: http://www.portail-aviation.com/2015/03/rafale-les-dernieres-annonces-lexport.html
Sinon, n'hésitez pas à commenter et ne vous excusez pas, nous sommes heureux d'être là pour échanger avec nos lecteurs 🙂 .
spearevéloce
en tout cas merci pour l'article !!
Anonyme
qui peut me dire ce que veut dire ceci et les termes du dit contrat ? merci
Anonyme
contrat MMRCA , je voulais dire 🙂
GA_U
MMRCA = Medium Multi-Role Combat Aircraft = Avion Multi-Rôle de taille moyenne, par rapport à des avions russes plus gros que possède(ra) l'Inde.