Plus de peur que de mal dans le ciel américain! L’un des deux ballons captifs du programme expérimental JLENS (Joint Land Attack Cruise Missile Defense Elevated Netted Sensor System), a rompu son câble d’amarrage à 15H54 UTC (16H54 heure française) ce mercredi 29 octobre. Non contrôlable, le ballon, devenu libre, a dérivé durant près de 4 heures sur plus de 240 km, avant de s’abîmer dans une forêt de Pennsylvanie.
Aucun blessé n’est à déplorer mais des dégâts légers sont signalés. La rupture du câble ayant eu lieu au niveau du point d’attache bas (au niveau du sol), le JLENS a traîné derrière lui quelques 2000m de câble, sectionnant au passage une ligne à haute tension. 20 000 personnes se sont ainsi retrouvées sans électricité pendant plusieurs heures. Hier mercredi, la situation était redevenue stable en fin de journée, le ballon s’étant abîmé dans une forêt de Pennsylvanie après avoir été escorté par deux F-16 américains et le courant ayant été rétabli. Les deux avions de combats avaient été déployés sur place afin d’assurer une prise d’information en temps réel de la position et du cap de l’aérostat pour assurer le trafic aérien.
Rappelons qu’un ballon captif n’est pas un dirigeable dans la mesure où il n’est pas motorisé. Sa forme allongée très similaire à celle des dirigeables lui permet une meilleure tenue de sa position face aux vents.
Aucune information n’a filtré quant à la cause de cette rupture de câble, et aucune explication n’a été donnée sur le temps de dérive très long du JLENS. On est en effet en droit de se demander pourquoi aucun panneau de déchirement (libérant immédiatement une grande quantité de gaz et permettant un retour au sol rapide), ni système de sécurité n’a été activé dans les premières secondes de l’incident. En outre, ouvrir le feu sur le JLENS pour le faire redescendre au sol n’aurait eu que très peu d’effet, la pression du gaz étant très légèrement supérieure à la pression atmosphérique ambiante.
Opéré depuis la base d’Aberdeen Proving Ground dans le Maryland depuis décembre dernier, cet aérostat faisait partie du programme JLENS développé et produit par Raytheon pour l’armée américaine. Tout d’abord utilisé en Afghanistan, puis en Irak pour assurer la protection des camps militaires US, ces aéronefs participaient à une campagne de tests d’une durée de 3 ans, débutée en décembre dernier. Assurant la surveillance radar 24/7 durant 30 jours d’une surface équivalente à celle du Texas, le JLENS fait 74m de long et permet de détecter tous types de véhicules, du drone au missile de croisière. Déployé il y a moins d’un an dans le Maryland, les américains n’appréciaient pas sa présence, le JLENS étant accusé de surveillance accrue des citoyens.
La notoriété du JLENS est d’autant plus mauvaise que son coût de développement, estimé aujourd’hui à 2,8 Milliards de dollars, est très élevé en rapport de sa fiabilité opérationnelle.
Bien que ce genre d’événement reste rarissime, cet incident est un coup dur pour Raytheon qui aura bien du mal à justifier de la fiabilité de son système, déjà très contesté.
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Thibault Proux