Dans le cadre du budget de 2016, le ministère de la Défense a pu obtenir la rallonge budgétaire qu’il convoitait, malgré le contexte économique qui entraîne la plupart des dépenses publiques à la baisse. Les attentats de janvier et la montée en puissance des opérations contre l’État Islamique ont mis en avant sur la scène politique les difficultés humaines et matérielles rencontrées par les forces armées, justifiant ainsi le déblocage de ces fonds. Et ces 600 millions d’euros de crédits supplémentaires devraient permettre, entre autre, de lancer le programme de modernisation dit « à mi-vie » des Mirage 2000D d’attaque au sol.
L’idée n’est pas nouvelle, puisqu’elle était déjà évoquée lors de la précédente loi de programmation militaire, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mais les circonstances économiques et politiques n’avaient jusqu’alors jamais permis sa mise en application.
Une modernisation nécessaire au respect du contrat opérationnel
En effet, depuis des années, le lancement de la rénovation des Mirage 2000D se heurte aux difficultés à l’exportation du Rafale. Si le Rafale n’est pas exporté, la chaîne d’assemblage ne pouvant pas descendre sous un rythme de livraison de 11 avions par an pour des raisons de qualité de production et de maintien des coûts, c’est l’Armée de l’Air qui se voyait obligée d’acheter les cellules produites. Et, pour ce faire, il était souvent nécessaire de renoncer à d’autres achats ou investissements, dont la modernisation des Mirage 2000D.
Mais les récents contrats qatari et égyptiens, les premières livraisons d’appareils au Caire, ainsi que la rallonge budgétaire, autorisent enfin le lancement de cette modernisation nécessaire et plus que bienvenue.
C’est en effet, pour l’Armée de l’Air et le Ministère de la Défense, une question de cohérence. De cohérence vis-à-vis du Livre Blanc de la Défense, d’une part, mais une cohérence purement technique également.
En effet, les Mirage 2000D, livrés durant les années 1990, sont des appareils qui disposent encore d’un bon potentiel de vol, mais d’équipements mal adaptés aux conflits modernes asymétriques. Sans modernisation, il aurait été nécessaire de les retirer du service ou, tout au moins, des opérations extérieures, dès le début de la prochaine décennie. Cela aurait alors consisté à gaspiller du potentiel de vol sur des cellules encore bonnes, tout en menaçant la cohérence du Livre Blanc qui prévoit une force aérienne de 225 appareils pour la France en 2025.
Pour l’Armée de l’Air, la cohérence du format de sa flotte passe par une bonne adéquation entre les cellules en état de vol et les missions qui lui sont confiées. Face à une réduction annoncée du nombre de chasseurs (de 320 appareils en 2013, le format Armée de l’Air + Aéronavale passe à moins de 250 en 2019, et finalement 225 en 2025) alors même que l’on observe une multiplication des opérations extérieures (OPEX), il devient nécessaire que chaque avion puisse exploiter son plein potentiel, et donc accéder à une certaine polyvalence. Or, ce sont actuellement les Rafale qui sont, seuls, capables de remplir toutes les missions, expliquant qu’ils soient sur tous les fronts, y compris en France pour assurer la permanence opérationnelle.
Avec le prolongement des Mirage 2000-5 de défense aérienne déjà actée, la modernisation des Mirage 2000D apparaît donc essentielle pour soulager la charge de travail des Rafale, livrés au compte goutte et régulièrement surexploités aux quatre coins du monde.
Quel périmètre pour la rénovation ?
Attendue il y a déjà quelques années, la rénovation des Mirage 2000D prend aujourd’hui une tournure en demi teinte. Même si cette annonce reste indubitablement une bonne nouvelle pour les forces armées, le retard pris dans ce programme fait qu’il s’agira mécaniquement moins d’une MLU (Mid Life Upgrade, modernisation à mi-vie) que d’une ELU (End Life Upgrade, modernisation de fin de vie). Les cellules modernisées devront rester en service une quinzaine d’années environ, alors que les MLU offrent généralement 25 années de sursis à leurs appareils. De fait, il devient moins rentable d’effectuer une lourde modernisation pour des cellules à la durée de vie limitée. Typiquement, est-il intéressant d’intégrer un radar neuf dernier cri dont les performances pourraient rester pertinentes 20 ou 25 ans dans une cellule disposant de 10 ou 15 ans de potentiel uniquement ? Au retrait de l’avion, les 10 ou 15 ans de potentiel restant au radar seraient inévitablement sacrifiés et passés en pure perte.
La question se pose et soulève un vrai débat. Car deux options de modernisation s’opposent.
D’une part, le Ministère de la Défense, la DGA et l’État-major des Armées semblent privilégier la thèse dune modernisation à minima qui permettrait surtout de traiter les obsolescences du système d’arme, c’est à dire de ne pas modifier la nature des missions réalisées par les Mirage 2000D. Les appareils resteraient spécialisés dans les missions de frappe au sol, mais se verraient dotés d’équipements modernes adaptés aux menaces les plus récentes afin qu’ils puissent continuer d’effectuer ces missions pour les 15 prochaines années.
D’autre part, une modernisation plus profonde est possible. C’est celle qui était envisagée dès 2008, afin d’apporter au Mirage 2000D de nouvelle fonctionnalités permettant d’en faire de véritables appareils polyvalents dotés de capacités air-air suffisantes pour assurer en partie la défense aérienne du territoire national, en plus de leurs missions
Sans surprise, c’est cette dernière option qui intéresse le plus l’Armée de l’Air car seule une poignée de Mirage 2000-5 sera disponible, à terme, aux côtés des Rafale pour assurer la permanence opérationnelle. Cette mission de défense aérienne du territoire nationale n’est pas particulièrement exigeante en termes de performances mais requiert un minimum d’équipements, notamment des missiles air-air, un canon pour les tirs de semonce, et un radar disposant de capacités air-air suffisantes pour retrouver la cible. Or, tous les Mirage 2000 de bombardement sont dépourvus de canon et de radar air-air, ce qui fait qu’une part non négligeable des précieux Rafale polyvalents est sollicité pour cette mission bien particulière, et l’Armée de l’Air doit alors jongler entre ses exigences de défense aériennes et d’opérations extérieures.
Pour rendre les Mirage 2000D polyvalents, la modernisation évoquée en 2008 incluait notamment le remplacement du radar de navigation et d’attaque Antilope 50 par un radar multifonction RDY-3, similaire à celui qui équipe les Mirage F1 marocains modernisés. Avec un tel radar, les Mirage 2000D deviendraient de véritables avions polyvalents, certes moins efficaces qu’un Rafale, mais tout de même aptes à réaliser certaines missions de défense aérienne, que ce soit dans le cadre de la permanence opérationnelle ou pour certaines OPEX. La presse spécialisée évoquait encore la possibilité d’intégrer l’AASM sous Mirage 2000D, même si l’opération, plus complexe et coûteuse que prévue initialement, allait bien vite être abandonnée.
Cependant, un tel changement de radar ne serait pas sans conséquences sur le coeur de mission du Mirage 2000D, à savoir la pénétration en territoire ennemi à basse altitude. En effet, le radar Antilope 50 qui équipe les Mirage 2000D est spécialement conçu pour le suivi de terrain automatique, qui permet à l’avion de voler automatiquement à très basse altitude, au raz du relief, sous la couverture radar ennemi. Si le RDY-3 offre certaines capacités d’évitement de terrain, il reste moins efficace que l’Antilope dans ce domaine, et un changement de radar aurait signifié l’abandon de cette spécialisation pour les pilotes, largement reconnus pour ce savoir faire au sein de l’OTAN. Mais la pénétration en très basse altitude reste un sport de haut niveau, qui est rarement pratiqué en opérations extérieures. Le simple fait que l’Armée de l’Air soit prête à changer de radar montre qu’elle est prête à se passer d’une telle spécialisation, surtout à l’heure où les Rafale peuvent se charger de ces missions complexes, si cela lui permet d’améliorer ses déploiements en OPEX et la gestion de la permanence opérationnelle en métropole.
Car c’est bien là, aujourd’hui, la priorité de l’Armée de l’Air.
Une rénovation à minima pour des appareils spécialisés
Il est cependant confirmé aujourd’hui que la modernisation des Mirage 2000D sera bien moins complète qu’espérée initialement. Les Mirage 2000D ne deviendront pas les chasseurs polyvalents que l’Armée de l’Air rêvait d’avoir, tout simplement parce que les chantiers de modernisation des forces armées sont nombreux, et les enveloppes budgétaires trop serrées, malgré les efforts récemment consentis. Alors qu’une modification de l’ensemble du parc, soit près de 80 appareils, était évoquée en 2008 pour un montant approchant les 800 millions d’euros, il semblerait qu’aujourd’hui seule une cinquantaine de bombardiers soient concernés, le tout dans une enveloppe budgétaire proche de 350 millions d’euros, d’après nos sources. Le périmètre exact de la modernisation ne semble toutefois pas encore pleinement défini, mais on constate déjà que la rénovation sera moins ambitieuse que celle envisagée il y a quelques années et correspondra à l’option de rénovation à minima que nous évoquions plus haut.
Il peut sembler étrange qu’une rénovation devant débuter à la fin de l’année ne soit pas déjà parfaitement définie, mais il faut bien voir que les Mirage 2000D, comme la plupart des équipements régulièrement déployés en opérations extérieures, subissent des mises à niveaux fréquentes, au fur et à mesure des besoins propres à . La rénovation qui sera financée pour 2016 consistera à fournir une nouvelle base commune à l’ensemble des cellules de Mirage 2000D modernisés.
D’une part, il s’agira de mettre l’ensemble des appareils au même standard: au fur et à mesure de leurs déploiements, certaines machines ont reçu des équipements de communication ou d’autoprotection spécifiques, des accessoires supplémentaires dans le cockpit pour aider à la navigation, au tir de nouvelles bombes ou aux communications avec les troupes au sol etc. A travers le programme de rénovation, il s’agira de s’assurer que tous les appareils disposeront des mêmes fonctionnalités, que les différents équipements annexes assemblés sur telle ou telle cellule au fil du temps seront pleinement et proprement intégrés dans le système d’arme de base de tous les appareils, et que tous les avions modifiés seront totalement interchangeables sur les théâtres d’opération.
D’autre part, cette rénovation n’interdira pas le suivi continu des appareils: les Mirage 2000D étant engagés dans l’opération Chammal en Irak et en Syrie, il est plus que probable que de nouveaux RETEX (retours d’expériences) mèneront à de futures améliorations qui pourront être implantées sur les Mirage 2000D en marge du processus de rénovation. Une des tâches que devront remplir la DGA et l’Armée de l’Air dans les prochaines semaines consistera donc à centrer autant que possible le périmètre des modifications, ainsi que le budget nécessaire, autour des RETEX les plus récents, afin d’intégrer autant de modifications pertinentes que possible dans le cadre du programme de rénovation. Autant de petites modifications qui ne seront plus à faire plus tard, en somme. Le gros du travail sera donc invisible, et consistera à nettoyer le système informatique de bord, à supprimer les bibliothèques de logiciels obsolètes et à rendre le système d’arme compatibles avec les futures modifications qui seront apportées progressivement jusqu’au retrait des appareils autour de 2030.
De nouveaux armements pour faire face aux nouvelles menaces
Quoi qu’il en soit, certaines informations ont déjà été dévoilées, et il a été confirmé, sans surprise, que les modifications les plus visibles porteront sur l’intégration du MICA-IR en remplacement du missile air-air d’autodéfense Magic II ainsi que sur l’intégration d’une nacelle canon.
Le remplacement du Magic II par le MICA-IR ne changera pas fondamentalement la manière dont sera utilisé le Mirage en opérations. Mais il s’agissait d’une mise à jour nécessaire pour qu’il puisse continuer à opérer sans escorte dédiée après le retrait de service du Magic II. Sans changement de radar, le Mirage 2000D ne pourra pas embarquer la version MICA-EM dédiée à l’interception, et le MICA-IR ne pourra pas être utilisé non plus pour de telles interceptions, mais il présentera toutefois des capacités d’autodéfense bien supérieures à celles du Magic II, offrant au Mirage 2000D un plus grand domaine de tir contre un avion assaillant. Le MICA-IR dispose en effet d’un autodirecteur à imagerie infra-rouge plus moderne, disposant d’une meilleure portée, et, si l’avion ne disposera pas d’un radar lui permettant de désigner une cible à longue distance par lui-même, il est probable que son système d’arme mis à jour lui permette, le cas échéant, de tirer ses MICA-IR sur des cibles à longue portée désignées par un autre vecteur, via la Liaison 16. Dans un environnement de frappes interalliées complexes, cela permettra au Mirage 2000D de réagir plus rapidement et plus efficacement face à une éventuelle menace, même en l’absence d’intercepteur allié à proximité.
Mais ce sera surtout le nouveau pod canon qui apportera de nouvelles capacités au Mirage 2000D, et bien moins de soucis logistiques à l’Armée de l’Air. En effet, comme tous les Mirage 2000 biplace, le Mirage 2000D est dépourvu de canons en interne. Au moment de la conception de l’appareil, il s’agissait pour l’Armée de l’Air de disposer d’une plate-forme de tir stable, fiable et moderne pour des bombes et missiles à guidage laser, capable d’opérer par tous les temps à grande distance, en attendant l’arrivée des Rafale. A l’époque, l’Armée de l’Air disposait d’un grand nombre d’appareils d’attaque au sol dotés de canons, avec ses flottes de Jaguar et de Mirage F1. De plus, le tir au canon contre des troupes au sol semblait alors tomber en désuétude au profit d’armes à guidage laser tirées depuis une altitude de sécurité, une tendance que le conflit du Kosovo a confirmé alors. Avec le retrait des Jaguar et Mirage F1, cependant, seul le Rafale s’avère encore capable d’emporter simultanément des bombes et un canon, alors même que l’usage du canon dans des show of force ou pour des frappes ponctuelles s’est à nouveau généralisé, que ce soit sur le théâtre afghan ou dans les opérations en Afrique.
Depuis le retrait des Mirage F1 l’année dernière, l’Armée de l’Air ne disposait que de deux options pour faire évoluer simultanément des bombes et des canons au dessus de ses théâtres d’opération: déployer ses précieux Rafale, ou effectuer une gymnastique complexe mêlant Mirage 2000D et Mirage 2000C. Le Mirage 2000C est un appareil conçu pour la défense aérienne, et non pour le bombardement, mais il est aujourd’hui déclassé dans sa mission principale qui revient généralement au Mirage 2000-5 bien plus moderne. En tant que pur chasseur, le Mirage 2000C ne dispose pas de la capacité d’emporter une nacelle de désignation laser pour les bombes guidées, mais il reste capable d’emporter et de larguer de telles bombes, pour peu qu’il soit accompagner d’un avion apte à la désignation de cible, comme le Mirage 2000D de bombardement. De plus, le Mirage 2000C est équipé de deux canons de 30mm en interne. Depuis quelques années, sur sa base de Djibouti notamment, l’Armée de l’Air entraine donc les pilotes de Mirage 2000C à accompagner les Mirage 2000D dans leurs missions air-sol. Alors que le bombardier emporte 2 bombes à guidage laser et un désignateur laser, le chasseur qui vole a ses côtés emporte une autre paire de bombes, qui devront être guidées à distance par l’équipage du bombardier, et ses deux canons internes. Les deux avions agissent alors comme une unique patrouille équipée de 4 bombes, d’une paire de canons et d’un désignateur de cible.
Le couple Mirage 2000C/2000D semble avoir montré son efficacité après des années de pratique à l’entraînement, mais il s’agit clairement d’un pis-allé pour l’Armée de l’Air, qui se retrouve obligée de jongler entre les disponibilités de deux flottes d’appareils, de maintenir en servir des chasseurs obsolètes, et de diversifier les procédures d’entrainement de ses pilotes dans ce qui apparaît comme un véritable casse-tête opérationnel.
Le pod canon pour le Mirage 2000D semble donc être une solution idéale, d’autant plus que les Mirage 2000C, bien plus anciens, partiront à la retraite bien avant leurs confrères bombardiers. La nacelle canon qui a été sélectionnée a déjà été testée en vol par la DGA, et les images que nous avons pu voir montrent qu’il s’agirait d’une version raccourcie du pod canon de Dassault CC-420 jusqu’à présent utilisé sur le Mirage F1B, notamment à l’exportation. Équipée d’un unique canon de 30mm et de 180 obus (pour la version de base, en tous cas), cette nacelle est assez légère pour être emportée sur le point latéral avant gauche du Mirage 2000D, à côté de la nacelle de désignation laser emportée sous l’entrée d’air droite. Le gros avantage de cette solution, c’est qu’elle n’empiète pas sur le point d’emport ventral dévolu aux emports de bombes à guidage laser. Cela ajoute une capacité à l’avion sans toucher au reste de ses configurations d’armement, ce qui simplifie grandement l’intégration et la qualification de ce nouvel emport.
Avec ce nouvel équipement, l’Armée de l’Air pourra économiser le potentiel de ses Rafale sur des déploiements de faible intensité qui nécessitaient pourtant l’emploi du canon. Les Mirage 2000D pourront alors se charger, seuls, de la quasi totalité des missions de frappe au sol que pourrait être amené à gérer l’Armée de l’Air, à l’exception des plus exigeantes. Une telle nacelle canon apportera également une plus grande polyvalence au couple Mirage 2000D/Mirage 2000N que l’on voit déjà évoluer dans le cadre de l’opération Harmattan. Initialement conçu pour la frappe nucléaire, le Mirage 2000N est appelé en renfort sur les théâtres d’opération extérieures pour soulager les Rafale et les Mirage 2000D. Ce bombardier biplace n’est pas équipé de nacelle de désignation laser et, contrairement au Mirage 2000C, il n’est pas équipé de canon non plus. Mais ses équipages sont habitués aux opérations de bombardement, et sa suite d’auto-protection est particulièrement bien adaptée aux menaces sol-air, de sorte que les patrouilles mixtes de Mirage 2000D et Mirage 2000N ont déjà démontré leur efficacité en opération. L’arrivée de la nouvelle nacelle compensera le seul défaut de cette association, l’absence de canon.
Soulevons toutefois le fait que ce nouvel équipement demandera des efforts particuliers et un entraînement spécifique pour les pilotes de Mirage 2000D, qui ne sont pas habitués ni formés aux passes de tir canon, là où les pilotes d’intercepteurs Mirage 2000C effectuent régulièrement des passes de tir avec des bombes d’exercice. Mais cela ne devrait pas poser de problème insurmontable, d’autant plus que les premières nacelles canon ne devraient pas arriver, au mieux, avant l’année prochaine.
Une rénovation générale dans l’attente de futures évolutions
Au delà de ces deux éléments principaux, peu de détails sont disponibles sur la nature de la modernisation. Il semblerait que l’aménagement du cockpit sera intégralement revu: les différents éléments rajoutés au fur et à mesure des modifications régulières devraient être centralisés et rationalisés, probablement autour d’affichages multifonction. Un gros effort sera fait afin de numériser les systèmes de navigation et d’attaque de l’appareil, qui utilisent encore un système de cartes défilantes aujourd’hui dépassé. Les systèmes de communication seront modernisés et surtout standardisés afin d’améliorer l’utilisation en coalitions internationales, et il y a fort à parier que les systèmes d’auto-protection soient également remis à niveau par la même occasion.
Cette rénovation “numérique” permettra au Mirage 2000D de terminer sa carrière opérationnelle en étant connecté en réseau à tous les vecteurs les plus modernes de l’Armée de l’Air, notamment les futurs ravitailleurs A330MRTT. Contrairement aux ravitailleurs actuels, les MRTT embarqueront la célèbre Liaison 16, qui équipera alors l’ensemble des chasseurs tactiques, dont les Mirage 2000D. Cela facilitera grandement les opérations de ravitaillement en vol qui restent, aujourd’hui encore, un des points faibles du Mirage 2000D puisqu’il ne dispose pas d’un radar air-air capable de détecter son ravitailleur, notamment lors des vols de nuit.
Parallèlement à la rénovation s, l’adjonction d’autres équipements avait été précédemment évoqué, telle que la nacelle de reconnaissance électronique ASTAC qui est toujours en attente d’un nouveau porteur depuis le retrait du Mirage F1CR. Un représentant de la DGA nous avait affirmé lors du dernier salon du Bourget que le travail était quasiment terminé: l’Armée de l’Air lancera-t-elle l’intégration immédiatement ou attendra-t-elle l’immobilisation prévue par la rénovation pour intégrer la nacelle ?
De plus, des rumeurs circulent sur l’étude de l’ouverture des points d’emports latéraux arrière pour des munitions guidées. Jusqu’à présent, l’Armée de l’Air s’était refusée à utiliser ces emplacements pour emporter autre chose que des bombes non-guidées, les conditions aérodynamiques ne permettant pas l’emploi de GBU-12 à ses emplacements dans l’ensemble du domaine de vol et de tir désiré. On sait cependant que d’autres forces aériennes ont consentis à certaines limitations dans leur domaine de tir afin de bénéficier de cette augmentation de la charge offensive de leurs Mirage. D’autres options, comme une modification du système d’éjection intégré aux pylônes, pourraient également être étudiées. Nous n’avons reçu aucune confirmation allant dans un sens ou dans l’autre à l’heure actuelle, mais il est probable que, face à la réduction prévue de son format, l’Armée de l’Air cherche à exploiter au maximum ses différentes plate-formes de tir. D’autant plus que ces points d’emport devaient initialement intégrer l’AASM avant que l’intégration de cette arme guidée de dernière génération ne soit annulée sous Mirage 2000D.
Quoi qu’il en soit, comme à leur habitude, la DGA et l’Armée de l’Air ne procéderont à aucune modification qui puisse dégrader la sécurité des vols et des tirs, mais ne manqueront pas d’optimiser les appareils tout au long de leur dernière partie de vie afin de les adapter aux conflits en cours et à venir, bien au delà de la rénovation enfin planifiée.
4 Comments
Arthur 25
Les capacités des f1 marocains est impressionnante , dommage que l’on est pas le budget pour faire la même chose sur tous les 2000 qui ont encore un potentiel cellule important
Arthur 25
“Sont” pardon
fabien
un article complet et sans parti-pris. Bravo
Oscar
Oui, bon article, informatif, sans polémique et compréhensible.