Décidément bien renseigné, le magazine Air & Cosmos de cette semaine nous révèle une des cause les plus probable du crash d’un Rafale Marine intervenu la semaine dernière en méditerranée au large des côtes espagnoles.
Le crash serait consécutif à une perte de contrôle de l’avion, suite au dysfonctionnement de certains capteurs de l’avion après un passage trop près des gaz d’échappement des réacteurs du Super Hornet américain.
Une chose est sure, le combat de gladiateurs a été serré. Si cette thèse se confirme, beaucoup d’entre vous ne comprennent certainement pas comment la perte d’un ou plusieurs capteurs peut entrainer la perte d’un appareil. Je vais donc tenter de vous éclairer.
Le Rafale, comme quasiment tous les avions de combat depuis la fin des années 1970 est équipé de commandes de vol électriques, dont l’entreprise Dassault a d’ailleurs une très bonne réputation dans ce domaine. Dans un avion muni de CDVE, les surfaces de contrôle (élevons, canard, gouverne de profondeurs etc.) ne sont pas mues par le pilote, mais par l’ordinateur qui gère l’enveloppe de vol de l’avion. Dans un avion de tourisme par exemple, le manche et le palonnier du pilote sont directement reliés aux gouvernes par des systèmes de câbles. Un peu comme dans une voiture, où le conducteur influe directement sur la direction des roues en tournant le volant d’un côté ou de l’autre.
Dans un appareil moderne, lorsque le pilote tire sur le manche, l’avion « comprend » l’action de cabrer, et agit sur les commandes en conséquence, et quelle que soit la situation de l’avion. Autre particularité dans le Rafale pour vous aider à un peu mieux comprendre cette gestion des surfaces de contrôle, l’avion n’est pas muni d’un aérofrein classique. Lorsque le pilote action l’aérofrein, c’est l’ordinateur de bord qui calcule quelles seront les gouvernes à actionner pour créer de la traînée et freiner l’avion, et ce en temps réel.
Pour refaire un parallèle avec une voiture, imaginez un pilote de Rally. Lors d’une épingle à gauche par exemple, le pilote fait déraper intentionnellement sa voiture, et tourne le volant à droite pour maitriser sa dérive, bien qu’il tourne à gauche. Si la voiture était équipé de commandes électriques gérées par l’ordinateur, le pilote engagerai le dérapage, mais continuerai d’indiquer à la voiture qu’il veut tourner à gauche, et c’est la voiture qui modifierai automatiquement le braquage des roues, à gauche ou à droite en fonction de la trajectoire voulue par son conducteur.
Vous me suivez toujours ?
Pour en revenir au Crash du 2 juillet dernier, et à la suite des évènements qui ont conduits à la perte de cet avion, il aurait traversé les gaz éjectés de l’avion qui était devant lui (situation d’avantage), ou qui lui aurait coupé la route (il n’y a aucune priorité durant un combat simulé ; donc pas de constat à l’amiable). Les gaz sont éjectés d’un réacteur à une vitesse considérable et à des températures de plusieurs centaines de degrés. Une partie des capteurs servant à l’ordinateur de bord du Rafale à comprendre à quelle altitude il se situe, et la vitesse à laquelle il évolue se situent à l’avant de l’appareil. Si ceux-ci sont endommagés, l’avion n’a plus aucun repère. Et s’il ne sait pas de quelle manière il vole, il n’est pas non plus en mesure de contrôler son vol. Pour en revenir à notre pilote de voiture de course et à sa voiture, imaginez qu’on lui bouche les oreilles et qu’on lui mette un bandeau sur les yeux en pleine course…
Le pilote du Rafale s’est donc éjecté en dessous de 3000 pieds, soit 1000 mètres d’altitude alors qu’il avait conscience qu’il n’aurait plus aucune chance de pouvoir reprendre le contrôle de son appareil.
Il a pu rapidement être récupéré et débriefé, ce qui a permis d’écarter une probable panne technique de l’avion, et la flotte de Rafale embarquée à bord du Charles de Gaulle n’a été privé de vol que durant quelque heures.
Pour terminer, il faut bien que vous compreniez, cher lecteurs, que l’explication que je vous ai explosé est aujourd’hui la plus probable, mais qu’elle reste une hypothèse. Un long travail d’enquête et d’analyse va commencer, avec la probable remontée de l’épave de l’avion qui a été localisé à 2000 mètres de profondeur.
2 Comments
Anonyme
donc si je comprend bien votre analyse suite à cette article, en cas de dysfonctionnement de l'appareil peu importe les conditions dans lequel cela s'est produit, le pilote n'a aucun moyen de récupérer le contrôle de son appareil, à cause des CDVE! pourquoi n'y a t-il pas de moyen pour permettre au pilote de voler a vue quand tout l'électronique de bord tombe en panne?
Bruno
il existe, en cas de panne, des modes dégradés dans lesquel l'avion reste pilotable malgré des pannes multiples. La panne des capteurs n'explique pas tout. C'est un enchaînement de circonstance dont cet élément fait parti qui amène à l'accident, dont l'homme est au centre de la boucle.
un avion de combat moderne ne peut être piloté "manuellement", car l'avion est instable par nature; c'est ce qui lui confère son extraordinaire manœuvrabilité.
L'ordinateur gérant les CDVE compense en permanence la trajectoire de l'avion en fonction du contexte du vol. Cela requiert une puissance de calcul phénoménale. Un humain n'a tout simplement pas la capacité de pouvoir gérer ce genre de pilotage.