La firme TDA, filiale de Thales, intéresse fortement les opérationnels américains avec son système unique au monde de roquettes à induction. Présentée durant le salon du Bourget dans ses différentes versions: roquettes à fléchettes et à fumigène, mais aussi roquette à charge explosive et roquettes à guidage laser de précision submétrique (prévue pour 2017 et 2019).
La roquette, une invention française datant de 1916, n’a quasiment pas évolué depuis une quarantaine d’années, notamment concernant son système d’allumage électrique conçu pendant la seconde guerre mondiale, qui a évolué pendant la guerre de Corée et du Vietnam, et quasiment inchangé depuis.
Pourtant, la France abandonne quasiment la roquette à la fin de la première guerre du Golfe (1990-91). La portée restreinte de ce type d’armement faisait courir trop de risques aux avions qui les tiraient. Ce qui fait que, quand l’armée de terre a demandé à TDA de développer un système de roquettes pour le nouvel HDC Tigre, l’industriel est reparti d’une feuille blanche.
Les roquettes de première génération présentent des inconvénients majeurs, d’un point de vue technique et opérationnel.
D’une part, la flamme des roquettes d’ancienne génération ainsi que l’éjection du système de mise à feu électrique peuvent, à terme, endommager le fuselage en composite du nouvel hélicoptère Tigre. Ensuite, les conflits récents (Vietnam, Afrique, Afghanistan, Irak…) ont montré que les roquettes des hélicoptères abattus ou endommagés au combat étaient parfois détournées de leur usage initial, et montées sur des camions ou utilisées comme engins explosifs improvisés (IED). Enfin, les systèmes de mise à feu électrique sont extrêmement sensibles aux perturbations électriques et électromagnétiques, limitant le survol de certaines zones (lignes à haute tension par exemple) ou la présence intempestive d’appareils électroniques divers. À l’heure où chaque soldat, chaque personnel civil d’une base sont équipés de téléphone portable, la problématique n’est plus anodine.
D’une part, la flamme des roquettes d’ancienne génération ainsi que l’éjection du système de mise à feu électrique peuvent, à terme, endommager le fuselage en composite du nouvel hélicoptère Tigre. Ensuite, les conflits récents (Vietnam, Afrique, Afghanistan, Irak…) ont montré que les roquettes des hélicoptères abattus ou endommagés au combat étaient parfois détournées de leur usage initial, et montées sur des camions ou utilisées comme engins explosifs improvisés (IED). Enfin, les systèmes de mise à feu électrique sont extrêmement sensibles aux perturbations électriques et électromagnétiques, limitant le survol de certaines zones (lignes à haute tension par exemple) ou la présence intempestive d’appareils électroniques divers. À l’heure où chaque soldat, chaque personnel civil d’une base sont équipés de téléphone portable, la problématique n’est plus anodine.
Afin d’éviter ces problèmes, TDA a développé une toute nouvelle roquette disposant d’un système de mise à feu à induction, et non plus électrique: le Système de Roquettes à Induction (SRI). Le système de mise à feu est intégré à la fois à la roquette et à sa nacelle de transport, qui communique directement avec le système d’arme de l’appareil: il est dès lors impossible d’utiliser la roquette en dehors de l’aéronef d’origine, ce qui permet d’éviter les risques de dissémination des armes sur le théâtre d’opérations. Autre avantage, le système de mise à feu à induction présente une résistance très élevée aux perturbations électriques et électromagnétiques, apportant une solution aux problèmes classiques des roquettes de première génération, tout en protégeant les munitions des nouveaux risques liés à la guerre électronique. Les armes sont tout simplement inertes à tout moment, y compris dans leur panier, tant que le système d’arme de l’hélicoptère n’enclenche pas leur mise à feu. Pour finir, le système de mise à feu par induction se situe au centre de l’engin, entre la charge utile et le propulseur, là où les systèmes de mise à feu électrique sont classiquement installés à l’arrière de la roquette, pour que les armuriers puissent les enclencher manuellement. Au moment du tir, il n’y a donc aucun débris risquant d’endommager le fuselage en composite de l’aéronef lanceur.
Ce simple changement de système de mise à feu représente en réalité une véritable révolution dans son domaine, étant donné les nombreux avantages inhérents au système. Ainsi, les roquettes Aculeus sont extrêmement simples d’emploi, leur manipulation et leur chargement ne demandant aucune qualification spécifique. Là où chaque roquette de première génération doit être insérée avec précision dans son lanceur par un armurier spécialisé qui doit ensuite s’assurer qu’elle sera bien intégrée au système d’arme de l’hélicoptère, les Aculeus sont de type « plug & play ». N’importe qui peut charger la roquette dans le panier avec simplicité, nous avons pu en faire l’expérience personnellement. Il n’y a rien à brancher, pas de commutateur à activer: les munitions sont insérées dans le panier à roquette qui communique directement au système d’arme le type et la position de la roquette. Ce qui permet ainsi au pilote, si le système d’arme est adapté, de sélectionner le type d’arme qu’il souhaite tirer, là où les anciens paniers à roquette tiraient leurs munitions dans un ordre préprogrammé.
Ainsi, lors du conflit malien, il n’était pas rare de voir les Forces spéciales ou l’Armée de Terre organiser un rendez-vous en plein théâtre d’opérations entre un camion de ravitaillement et un hélicoptère Tigre. Aucun armurier spécialisé n’avait besoin d’être présent, l’équipage de l’hélicoptère et celui du camion pouvant se charger de réarmer le Tigre en roquettes à fléchettes ou fumigènes, le système d’arme reconnaissant l’emplacement de chaque munition.
Autre avantage induit par la fiabilité du système et sa résistance aux perturbations électroniques et météorologiques, les roquettes pouvaient être laissé dans leurs paniers entre deux missions, et ne nécessitent un changement qu’après une centaine d’heures de vol, là où les roquettes Hydra des Apache et Cobra américains doivent être retirées avec précaution après chaque mission, pour être réinsérées avec tout autant de précision (et de temps) avant chaque nouveau départ.C’est cette faculté opérationnelle unique au monde qui a d’abord été remarquée par les militaires américains opérant aux côtés des Tigre français à Kaboul, en Afghanistan; les américains, qui sont obligés, pour des raisons de sécurité, de retirer toutes les roquettes non utilisées dés le retour au parking de leurs Apache, alors que les Français pouvaient directement filer au mess après la coupure des moteurs (évidemment, c’est une image…). La sécurité de la mise à feu particulière de la roquette de TDA peut en effet lui permettre de rester dans son emplacement, et elle est qualifiée pour voler 110 heures. Autant dire qu’elle sera tirée bien avant d’avoir atteint ce chiffre… De plus, comme expliqué précédemment, le système peut être rechargé complètement en moins de 5 minute par du personnel non qualifié alors qu’il faut plus de 30 minutes et des armuriers spécialistes pour armer les Apache.
En 2013, l’organisme américain chargé de l’évaluation de solutions techniques étrangères (RDECOM) est entré en contact avec TDA Armements afin de conduire une évaluation du Système de Roquettes à Induction, des contacts officialisés en marge d’Eurosatory 2014. Nous pouvons vous confirmer, en exclusivité, que le contrat d’évaluation des autorités techniques de l’US Army vient d’être lancé et sera prochainement signé. TDA Armements SAS et son partenaire américain Textron Systems pourraient ainsi obtenir si l’évaluation s’avère positive, un contrat pour l’exploitation sous licence de son système d’arme à induction, mais aussi pour l’exploitation sur d’autres programmes de cette technologie révolutionnaire d’activation.Il s’agit d’une véritable aubaine pour l’entreprise de La Ferté-Saint-Aubin. Avec une fabrication sous licence aux USA, ce serait l’occasion pour la firme française d’imposer un nouveau standard sur l’ensemble des forces de l’OTAN, puisque les besoins américains dépassent ceux de la seule US Army et ses hélicoptères Apache. Les Marines, les Forces spéciales, l’US Navy et l’USAF pourraient, à terme, représenter des débouchés phénoménaux, sans même parler des perspectives dans les forces alliées.
Avec un système d’arme entièrement numérique, disponible en version à guidage laser dès 2018 et un système de mise à feu par induction, c’est quasiment 20 ans d’avancées technologiques qui s’annonce pour l’OTAN en matière d’armes balistiques légères.
Avec un système d’arme entièrement numérique, disponible en version à guidage laser dès 2018 et un système de mise à feu par induction, c’est quasiment 20 ans d’avancées technologiques qui s’annonce pour l’OTAN en matière d’armes balistiques légères.
par Yannick Smaldore et Bruno Etchenic.
8 Comments
sepecat
Article détaillé et très instructif.
Pour ma part, je n’avais aucune idée quant à l’ancienneté de cette arme, ses origines et le peu d’évolution qu’elle avait connue depuis le siècle dernier.
Idem s’agissant de sa sensibilité à l’environnement électrique et sur l’avancée manifeste que vient de réaliser TDA.
Ceci dit, les avis des lecteurs pourront être partagés quant à savoir s’il s’agit d’un réel progrès pour l’Humanité ou d’une régression, puisqu’on évoque ici un armement et son efficacité accrue.
Eternel débat.
PS – Rapporter qu’une entreprise française innove, c’est probablement une lecture difficile pour certains grincheux franco-français. Ecrire que le reste du monde, les US en particulier, testent les produits en question et les adoptent… d’aucuns vont adorer se défouler sur le “chauvinisme” supposé de cet article.
Yannick Smaldore
Effectivement il s’agit d’un outil militaire, et le débat est ouvert et légitime concernant la nécessité des armes en général. Ici, nous nous intéressons avant tout à la partie technique et à la dimension industrielle.
Après il faut bien voir que les améliorations techniques de ses engins et de la plupart des armements actuels visent à améliorer l’efficacité d’un armement et pas sa létalité.
Typiquement, ici, il s’agit de rendre les roquettes plus fiables afin d’éviter les tirs accidentels et les accidents pour les opérateurs, ce qui est toujours une bonne chose pour les armées utilisatrices. Mais il s’agit aussi et surtout de réduire les risques pour les populations civiles: moins de tirs accidentels , plus de précisions et donc moins de dommages collatéraux, mais surtout impossibilité théorique de détourner ces armes de leur utilisation initiale et de les retrouver aux mains de groupes terroristes , transformées en mines ou fixées sur des pickup par exemple.
Je n’irais pas dire qu’il s’agit d’une modernisation humaniste, mais il ne s’agit pas non plus d’en faire des engins de mort inconsidérés, bien au contraire.
Comme vous le signalez cependant, il est surtout intéressant de confirmer l’avancée française dans ce domaine, et surtout de montrer qu’en partant d’une feuille blanche sans aucune expérience récente, on peut parfois trouver des solutions innovantes auxquelles les armées plus habituées n’auraient jamais pensé.
sepecat
L’existence des armements et leur utilisation est une question quasi existentielle qui a se pro et ses anti, chaque camp ayant des arguments à faire valoir.
Personnellement, je dirais qu’un monde merveilleux où personne le déciderait d’aller taper sur son voisin, pour une raison X ou Y, me conviendrait très bien.
J’ai bien dit “merveilleux”… et nous en sommes encore très, très loin, sauf à avoir une vision “bisounours” de notre planète.
De fait, vu le constat actuel, la question ne se pose même pas de savoir s’il faut ou non être prêt à toute éventualité. Je citais cette réflexion car elle a déjà été évoquée par quelques intervenants sur ce site et constitue donc une partie du débat.
La conception d’armes évoluées n’étant pas remise en cause sur le fond, vous avez par ailleurs raison d’indiquer que les progrès cités dans l’articles touchent plusieurs aspects du maniement et de l’utilisation des roquettes, en augmentant la sécurité pour les personnels amenés à les manipuler, d’une part, et en diminuant la létalité pour les personnes présentes dans la zone de tir, d’autre part.
Progrès pour les uns (je pense que c’en est effectivement un), amélioration dun engin de mort pour les autres (pas vraiment faux si on veut rester objectif).
Ceci dit, j’ai toujours été étonné de voir des “Bobos”, bien pensants et hostiles à toute idée même d’un armement, se précipiter vers les appareils de l’Armée de l’Air lorsqu’il faut les évacuer au fin fond de l’Afrique… On peut avoir l’esprit large à Paris et vouloir sauver sa peau ensuite, en fermant les yeux au passage sur l’utilisation d’armes qu’en temps normal on condamnera dans les dîners mondains.
Rien que de bien humain au fond.
Pour ce qui est de “repartir de la feuille blanche” pour la conception, c’est un concept que l’on connaît bien en informatique, où il vaut parfois mieux tout réécrire de zéro plutôt que d’empiler des strates de code qui, mises bout à bout, constituent une espèce d’engin un peu bancale dont on prie pour qu’il ne s’effondre pas.
Ca c’est toutefois la vision idéale… car il est assez rare dans la pratique d’avoir les moyens financiers et le temps pour recourir à cette méthode. Vu les compressions budgétaires, ce serait plutôt la fuite en avant qui prédomine.
Lefrançois
pour un français libéré de la barbarie nazie par les armes ça fait bizarre cette réflexion
L'amateur d'aéroplanes
Croisons les doigts, cela ne serait pas la première fois que les forces américaines achèterais des munitions françaises mais si c’est le brevet qu’ils veulent, il faudra que TDA prennent des avocats d’affaires pour surveiller ses intérêts.
En HS, erreurs de frappe :
L'amateur d'aéroplanes
Croisons les doigts, cela ne serait pas la première fois que les forces américaines achèterais des munitions françaises mais si c’est le brevet qu’ils veulent, il faudra que TDA prennent des avocats d’affaires pour surveiller ses intérêts.
En HS, erreurs de frappe :
L'amateur d'aéroplanes
Oups message parti trop vite : pourraient ainsi obtenir”,,” si l’évaluation s’avère positive, un contrat pour l’exploitation sous licence de “de” son système d’arme à induction.
Lefrançois
“mais aussi pour l’exploitation sur d’autres programmes de cette technologie révolutionnaire d’activation”
vous rigolez comme si le principe était brevetable, eux déposeront des brevets pour chaque adaptation.