Lancé en 2010, l’avion cargo de transport civil et militaire Antonov An-178 est développé sur la base de l’avion de transport régional de passagers An-148/158. Il vise le marché de remplacement de différents appareils Antonov d’ancienne génération, mais son premier vol, réalisé il y a tout juste un mois, se fait dans un contexte tendu.
Antonov est en effet un constructeur ukrainien et jusqu’à présent, la Russie était un partenaire dans le développement, la conception, la construction et un client de lancement fidèle. Mais les différentes crises diplomatiques, ainsi qu’une guerre entre les deux pays qui ne porte pas de nom, font que le programme n’est plus supporté par la Russie, qui a lancé en collaboration avec l’Inde un programme concurrent appelé MTA ou UAC/HAL Ilyushin Il-214… Mais pire encore, le gouvernement ukrainien, bien qu’il supporte le développement de l’appareil, n’en a pas commandé. Il est bien difficile pour un avion, aussi bon soit-il, de se faire une place sur un marché global, s’il ne convainc pas un minimum de clients, dont l’état du pays producteur est historiquement le premier.
L’An-178 arrive de plus dans un marché extrêmement concurrentiel puisque le KC-390 du brésilien Embraer possède des performances similaires, sans parlé du projet russo-indien UAC/HAL Il-178. Le Super Hercules C-130 J et le Kawasaki XC-2 sont, dans une moindre mesure, des concurrents récents, bien que leurs caractéristiques s’éloignent fortement de l’avion ukrainien.
Malgré cette situation géopolitique extrêmement tendue, le programme suit son cours. Comme les programmes d’avion s’étalent dans le temps, il n’est pas impossible d’imaginer que cette situation puisse prendre un nouveau virage, et ouvrir de nouveaux horizons à cet appareil. Ce handicap de départ mis à part, l’avion possède des caractéristiques propres qui font que beaucoup de clients s’intéressent déjà à lui.
Pour le moment, et comme nous l’a expliqué M. Kasarov, le directeur du programme avec qui nous nous sommes entretenu, l’avion a trouvé deux clients, pour un total de 12 machines. C’est peu pour un lancement, mais c’est mieux que rien. L’Azerbaïdjan, en la personne de Silk Way Airlines s’est porté acquéreur de 10 An-178, et la Chine, en la personne de la société Beijing A−Star Science & Technology Company, de 2 machines plus la création d’une “Joint Venture” pour la production en série locale en faveur du marché régional. Ces deux contrats ont été signés le 07 mai 2015, à l’occasion du premier vol de l’appareil. La compagnie des Émirats d’Arabie Unie Maximus Air a par ailleurs signé un protocole d’accord (MoU) avec Antonov, confirmant ainsi son intérêt pour l’appareil.
Côté caractéristiques, l’avion est un biréacteur à ailes hautes capable d’emporter une charge de 16 tonnes sur une distance de 1 620 km (jusqu’à 5 000 km en convoyage sans emport), avec une vitesse de croisière de 825 km/h. C’est donc un appareil qui se place, en terme de capacité d’emport, entre le Casa CN-295 et le C-130J Super Hercules. Notons toutefois qu’il est plus rapide que ces deux derniers.
Le constructeur ukrainien espère bien placer son avion auprès de différents clients exploitant ses anciens appareils comme l’Antonov AN-12, et, étrangement, le C-160 est également cité dans le discours du directeur du programme, comme dans les documents fournis à la presse. Si la Russie ét un client historique des productions d’Antonov, le constructeur ukrainien compte bien sur les centaines d’avions précédemment vendus dans le monde entier pour se trouver des débouchés sur le marché; Afrique et Amérique latine étant les deux zones concentrant le plus de prospects.
2 Comments
Franck Mée
Bonjour,
je ne vois pas en quoi il est étonnant de comparer l’An-178 au Transall. La charge utile est très proche (environ 16t max pour le Transall, 18t pour l’Antonov), le volume de la soute est extrêmement similaire, il n’est pas du tout ridicule de penser qu’il pourrait être un remplaçant logique du franco-allemand – surtout que curieusement, aucun héritier du Transall n’est proposé actuellement en Europe : le Spartan et le C-295 sont sensiblement plus petits et léger, l’Atlas est quasiment deux fois plus lourd et largement plus coûteux, laissant un trou béant sur le segment des 15-20t.
Bruno ETCHENIC
C’est étonnant dans le sens où il est compliqué pour Antonov de viser le marcher de remplacement des Transall quand on sait qui sont ses clients…