Certainement pas aussi sexy que le dernier des avions de combat, ou médiatiquement aussi important que la sortie d’un nouvel avion civil, le TaxiBot mérite que l’on se penche sur son cas. C’est une innovation à la française, discrète, mais qui participe activement au renouveau industriel de la France dans le monde. Il n’y a pas besoin d’être devin pour comprendre que le groupe français TLD, associé à IAI, vont très rapidement rencontrer un succès mondial.
Le TaxiBot est un engin de tractage révolutionnaire par son idée, et son mode de fonctionnement. Mais, comme me l’a fait justement remarqué Laurent Decoux, le directeur technique de la société, le monde aéronautique, et surtout celui des pilotes est frileux des ruptures technologiques, surtout lorsque leurs modes de fonctionnement sont fortement perturbés. Les pilotes ont pour priorité de s’assurer de la sécurité de leur passager, et pourrait mal s’accommoder de la gestion d’un nouvel outil. Et c’est en cela que le Taxibot est une idée ingénieuse. Le pilote possède toujours les commandes pendant le roulage. Seuls le démarrage des moteurs intervient peu de temps avant le décollage, et l’accélération se gère au frein. Pour se l’imaginer, le changement de comportement du pilote envers le roulage se fait aussi facilement que de passer d’une voiture à boite de vitesse manuelle, à une boite automatique. Au lieu d’avancer en débrayant et en accélérant (manette des gaz pour le pilote), il suffit simplement de lâcher le frein pour que l’avion avance.
Comment ça fonctionne ? C’est très simple. Le Taxibot s’approche de l’avion au parking comme n’importe quel engin de tractage. Mais au lieu de l’attacher avec une barre à la jambe de train, l’engin s’abaisse, et vient « capturer » la roulette avant de l’avion, avant de se relever. Les pneus de la roulette avant ne sont donc plus en contact avec le bitume, mais reposent sur un plateau (il faudrait voir les économies de gomme que cela pourrait engendrer. A suivre !). Le conducteur de du véhicule pousse alors l’avi
on hors de son aire de stationnement, mais, au lieu de se détacher pour permettre au pilote de partir seul, il reste attaché à son avion, et c’est désormais le pilote qui va pouvoir le diriger. Comment ? Simple : Lorsque le pilote actionne la direction de la roulette de nez, le mécanisme et le logiciel embarqué de Taxibot interprètent le mouvement circulaire du plateau, et changent de direction automatiquement. Pour le pilote, c’est donc réellement transparent. Peu de temps avant d’arriver au point fixe et de pénétrer sur la piste de décollage, le pilote enclenche la séquence de démarrage de ses moteurs.
Economies ! C’est le maître mot, et la motivation de la mise sur le marché de cet engin de tractage d’un genre nouveau. Selon l’interlocuteur avec qui j’ai discuté, la moyenne de roulage d’un avion sur les grands aéroports, avant d’atteindre la piste est d’environ 22 minutes. En incluant les 3 minutes nécessaires aux moteurs pour chauffer, cela peut faire économiser à chaque avion 19 minutes de consommation de kérosène. En trois rotations journalières pour les vols intérieurs, cela représente déjà une heure de carburant économisée, par avion et par jour ! Au-delà du simple aspect économique, il convient de rajouter que cela réduit considérablement les réductions sonores aux abords immédiats des aéroports. Un moteur qui ne fonctionne pas durant toute la phase du roulage évite aussi l’injection de corps étrangers pouvant endommager ou fragiliser le moteur. Encore des économies indirectes. Taxibot permet aussi une meilleure sécurité lors des épisodes neigeux. Il permet bien plus d’adhérence que les deux pneus d’une roulette de nez d’un avion de ligne.
Il a été calculé que l’achat du Taxibot peut être rentabilisé en seulement deux ans par une compagnie aérienne. Ce système peut aussi permettre aux grandes plateformes aéroportuaires de combler en parti un de leur désavantage, quand une compagnie lowcost choisi d’opérer sur des aéroports provinciaux où le roulage dure moins de 5 minutes, permettant accroître leur attractivité.
L’entreprise française, qui garde pour elle la production industrielle qu’elle maîtrise déjà, s’est vu approché par l’entreprise israélienne IAI qui a proposé le concept et développé le logiciel embarqué. Le tout doit maintenant être certifié, avant d’entrer en service quand la production aura déjà commencé à livrer les premières commandes d’un carnet déjà bien rempli, normalement en 2014.
Deux modèles de Taxibot sont prévus, afin de pouvoir répondre aux deux grandes familles d’avions qui auront besoin de ses services. Les « Narowbody » ; b737, a320, Cseries, SSJ100, futurs Ejets et bien d’autres, ou les « Widebody », famille d’avion de taille plus importante, comme par exemple les Airbus 330/340/350/380 ou Boeing 767/777/787/747.
Un bien bel avenir donc pour une entreprise en plein essor qui risque de subtiliser une part non négligeable des parts de marché du secteur. D’ores et déjà, l’entreprise capitalise déjà sur son succès, avec l’installation d’un nouveau site industriel au sud de Tours, avec une centaine d’emplois à la clé.