Le jeudi 12 décembre, le président de la république française François Hollande sera en visite officielle de deux jours sur les terres brésiliennes ; il sera accompagné d’un VRP de marque, en la personne d’Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation. Signe évident que la France cherche à relancer la vente de l’avion de combat Rafale au Brésil, et signe aussi que la vente d’un avion de combat ne peut se faire sans soutien politique et diplomatique.
Loin des projecteurs braqués sur le président de la république et le PDG de Dassault Aviation, des personnalités importantes du consortium Rafale International sont pourtant déjà sur place. Benoit Dussaugey, entre autre président du consortium Rafale, a précédé la visite de M. Trappier d’un peu plus d’une semaine, afin de mener des négociations avec les partenaires brésiliens.
Defesanet a assisté à une conférence de presse fort intéressante. Nous apprenons notamment que Dassault Aviation, dans le cas d’un accord, pourrait livrer à la Force aérienne brésilienne des avions prélevés directement sur la chaîne française, en moins d’un an, le temps des négociations, puis de les adapter aux exigences brésilienne plus tard. Il se pourrait même que l’armée de l’air puisse offrir temporairement quelques-uns de ses avions. Mais nous ne savons pas sous quelle forme, et l’information est à prendre au conditionnel, M. Dussaugey faisant bien comprendre qu’il ne peut parler à la place d’une autorité étatique dont il ne fait parti.
Deux avantages à cela:
Premièrement, et malgré la réduction de son format imposé par la nouvelle loi de programmation militaire, l’état français est obligé de passer commande pour 11 Rafale chaque année, seuil en deçà duquel la production industrielle serait mise en péril. Prélever quelque Rafale de cette chaîne de fabrication pourra alors soulager le budget équipement de l’armée.
D’un autre côté, l’armée de l’air brésilienne est dans une situation extrêmement précaire. Les différents programmes d’acquisition ont été systématiquement repoussés, que ce soit à cause de la crise financière internationale, ou des importants mouvements sociaux de ces derniers mois. Les 12 Mirage 2000 d’occasion vendus par la France en 2005, censés faire la jointure avec les nouveaux avions de combat, ne pourront certainement plus voler en 2014 (les prévisions initiales était un retrait de service en 2011). Si donc un contrat était signé rapidement, le brésil pourrait voir sa nouvelle génération d’avions de combat protéger son ciel d’ici le début de l’année 2015.
Le temps du Rafale
Donné victorieux sous la présidence de Lula, le Rafale ne fut pas commandé, officieusement à cause d’un clash diplomatique entre le président brésilien et Nicolas Sarkozy. Mais l’affaire d’espionnage massif des USA révélé par Edward Snowden, et le profond sentiment de rejet des brésilien envers les américains que cette affaire a suscitée, ajouté au changement de présidence en France, a eu pour effet de rabattre les cartes.
Le Rafale a pour avantage (inconvénient aussi parfois) d’être entièrement français. Aussi, la France peut proposer jusqu’à 100% de transfert de technologie au brésil, ce que les américains, avec le Super Hornet, ne pourrons jamais garantir, à cause de la frilosité du congrès qui n’a jamais consenti à de telles offres. Idem pour le Gripen du Suédois Saab, dont nombre de composant principaux (avionique, moteur, armement) sont d’origine américaine.
Depuis 2009, année durant laquelle les offres finales des constructeurs avaient été remises aux autorités brésiliennes, le Rafale a fait beaucoup de progrès. Toutes les améliorations de l’avion ont déjà été payées par le gouvernement français, dont, entre autre, l’antenne active du radar RBE2 AESA qui sera bientôt opérationnelle sur l’avion. Le Rafale a aussi prouvé son efficacité au combat au travers de deux conflits : L’opération Harmattan en Lybie en 2011, où l’avion fut engagé en urgence autour de Bengazi alors que les menaces anti-aériennes n’avaient pas encore été neutralisées, et l’opération Serval au Mali, au cours de laquelle 6 Rafale parti de Saint-Dizier effectuèrent le plus long raid de l’histoire de l’armée de l’air.