Depuis 2012, la société Aviasim permet à sa clientèle de se rapprocher de ce rêve à bord de simulateurs d’Airbus, en toute sécurité, sans décalage horaire ni plateaux repas aux qualités culinaires toutes relatives.
J’ai eu l’occasion de tester pour vous, et pour tous les Passionnés de l’Aviation, un de ces simulateurs sur leur site de Lyon (un autre site Aviasim ouvrira prochainement à Toulouse, un autre est prévu à Tours).
UN SIMULATEUR PROFESSIONNEL AU COEUR DE LA VILLE
Situé dans le 7ème arrondissement de Lyon, à quelques minutes du métro, entre universités, bureaux et nouvelles zones résidentielles, le centre Aviasim offre une grande facilité d’accès. S’il n’est pas exactement en centre ville, il reste bien plus accessible que l’ancien simulateur AirCampus, aujourd’hui fermé, qui était situé près de l’aéroport Saint Exupéry.
Si la devanture est discrète, le cadre du centre est à la fois professionnel et accueillant. Le personnel derrière le comptoir vous accueille avec le sourire, la salle d’attente, comme la salle de briefing, est décorée d’affiches historiques d’Air France. Des maquettes et des magazines aéronautiques complètent assez bien l’ambiance, qui parlera aux passionnés d’aviation, sans être anxiogène pour ceux qui seraient plus profanes en la matière.
Salle d’attente d’Aviasim |
Nous nous rendons donc au sous-sol, dans un des deux simulateurs où se déroulera le briefing, directement en place gauche « commandant de bord », Dimitri étant assis à la place du copilote. Dans cette configuration, certes « glorieuse », vous vous retrouverez avec les manettes des gaz à droite et le manche à gauche: n’hésitez pas à préciser à votre pilote si vous préférez échanger vos place pour manier le manche (très sensible) de la main droite. Vous choisissez l’aéroport qui sera le théâtre de votre simulation ainsi que les conditions météo du vol. Bien que j’hésite entre un vol au dessus du Tibet ou un au dessus de Hong Kong, je choisi finalement la chaleur de l’aéroport de Dubaï, avec un beau temps au décollage, une tempête pendant le vol et du vent à l’atterrissage.
Le briefing peut alors commencer, et Dimitri entreprend de me montrer chaque instrument présent, en m’expliquant son usage, le rôle qu’il jouera pendant notre vol, et la façon de l’utiliser. Le réalisme du cockpit est sidérant !
Ainsi plongé dans une obscurité partielle, le cockpit est parfaitement lisible |
Pour ne rien gâter, Dimitri s’avère très pédagogue. Que l’on soit novice en la matière ou avec une expérience de base, tous les termes employés sont explicités, chaque instrument est décrit simplement, et toutes les étapes du vol sont expliquées avant que ne commence la simulation en elle même. Si votre instructeur précise bien qu’il n’est absolument pas nécessaire de retenir l’ensemble des informations qu’il vous donne, on est surpris de se prendre au jeu et d’essayer tout de même d’assimiler autant d’informations que possible. C’est une chose assez exceptionnelle que de se retrouver dans ce cockpit, alors autant profiter de chaque seconde à bord !
AUTORISATION DE DÉCOLLER
Vient alors le moment de lancer la simulation. Le réalisme se change alors peu à peu en immersion presque totale ! Si l’on n’est clairement pas devant des prises de vue réelles, l’expérience visuelle est tout de même criante de réalisme. On reconnait aisément les sites survolés, la gigantesque Burj Khalifa ou les Palm Islands par exemple, et la reproduction des conditions météo est tout simplement bluffante. À tel point qu’on en vient à craindre au coeur de l’orage que la foudre ne nous frappe. S’il n’y a rien de vraiment nouveau pour un utilisateur assidu de Flight Simulator, les écrans qui remplissent tout votre champs de vision restent une expérience difficile à reproduire (mais pas impossible) à domicile, même avec le meilleur équipement informatique.
Si l’on peut regretter par moment les sensations qu’auraient pu fournir un simulateur sur vérins, ce regret est très passager dès qu’on prend en compte le coût d’une telle simulation et l’inconfort sensoriel que cela peut engendrer. Toutefois, l’ambiance sonore participe énormément au sentiment d’immersion sensorielle: le ronronnement de la génératrice auxiliaire en seuil de piste avant le décollage, le ronflement des moteurs lorsqu’on les met en marche puis qu’on change leur régime pendant le vol, le sifflement des volets et des trains qui se mettent en position etc. Tous ces bruits habituels au voyageur aérien qui renforcent cette impression d’être réellement aux commandes d’un véritable Airbus.
Le pilotage en lui-même est une superbe expérience. Si pour des raisons de simplicité le vol se fait sans le palonnier (ce que les pilotes amateurs pourront regretter), nous avons accès à toutes les autres commandes d’un véritable Airbus. Selon votre degré de connaissances, votre aise ou simplement vos envies, vous pouvez très bien vous contenter de gérer seulement le manche et de profiter de la vue ou au contraire tenter de maîtriser autant de ces étranges instruments que possible.
Et là, pour le pilote très amateur que je suis, la surprise est de taille: tout est à la fois très simple et très compliqué.
« UNE MACHINE CONÇUE PAR DES INGÉNIEURS POUR DES PILOTES »
Complexe parce que le nombre de systèmes et de sous-systèmes simulés est vraiment impressionnant et très exhaustif ! Vous pouvez gérer l’affichage en cabine des signaux lumineux (ceintures attachées, interdiction de fumer…), contrôler la gestion de l’alimentation en électricité de tout l’appareil, ou encore activer et désactiver les différents feux de position en fonction de l’attitude de votre appareil, etc. Il est même possible d’appeler une hôtesse ou un steward en cabine, mais apparemment personne n’a jamais débarqué avec un café.
Et c’est cette logique qui fait de cette expérience une activité facile, abordable et ludique pour tout le monde. On s’étonne de la facilité apparente de réglage du pilote automatique, de l’interprétation rapide que l’on fait des différents instruments, et de la sensibilité et de l’ergonomie des manettes et de la commande des gaz. Comme le dit Dimitri: « Les Boeing sont des machines conçues par des pilotes pour des pilotes. Airbus, ce sont des machines conçues par des ingénieurs pour des pilotes ». Que l’on soit familiarisé avec le pilotage ou pas, le cockpit s’avère donc assez facilement lisible, pour peu qu’un des pilotes d’Aviasim vous fasse la traduction évidemment.
Description des instruments dans la salle de briefing |
Le vol se fait donc sur mesure en fonction de vous et de vos envies. On se sent libre de toutes contraintes, surtout que l’avion réagit au doigt et à l’oeil.
ATTERRISSAGE AUTORISÉ PISTE 030
A quelques nautiques du dernier virage avant alignement sur la piste, alors que l’orage se fait de plus en plus violent autour de nous, Dimitri simule une perte de génératrice avec une panne de l’affichage principal. Bien au chaud dans notre simulateur lyonnais, j’effectue tranquillement les quelques manipulations permettant de relancer les moteurs tout en contrôlant l’appareil avec les instruments de secours. Cela dure sans doute moins d’une minute ; les systèmes d’urgence et le calme de Dimitri ne me laissent même pas l’occasion de stresser. Bien au contraire: rien ne semble pouvoir empêcher cet avion d’arriver à bon port… ni la foudre, ni le vent, pas même ma maladresse.
Je retrouve la piste sur l’écran principal, puis l’aperçoit enfin. L’orage est passé. Le soleil chauffe à nouveau la piste sur fond de dunes brulantes à pertes de vue.
Ici encore, l’atterrissage s’avère être une expérience d’une complexe facilité. Bien que demandant en théorie un contrôle poussé de très nombreux paramètres, l’instructeur à côté de vous tiendra lieu de copilote, s’occupant des tâches les plus dures et vous laissant vous concentrer sur ce que VOUS avez envie de gérer sur cette phase du vol.
Contrôle des gaz, inversion de poussée… Pour un atterrissage tout en finesse |
Ayant bénéficié d’une formule avec un vol assez long, j’ai eu envie d’essayer de contrôler autant d’instruments que possible, sous les instructions de Dimitri évidemment. Sortie progressive des volets, sortie du train, alignement sur la piste tout en contrôlant incidence, assiette et vitesse, touché de la piste et inversion de la poussée dans ce boucan caractéristique… Si cette phase de vol ne manque pas de s’accompagner d’une pointe de stress, c’est assurément le moment le plus gratifiant de toute la séance.
Et un des plus rassurants également. Malgré la surveillance de Dimitri, j’ai commis un paquet de bourdes que je jugeais monumentales durant ce vol. Et pourtant, l’avion s’est toujours comporté comme un charme, supportant sans broncher toutes les tortures (bien involontaires) que je lui assenais, prévenant et corrigeant même certaines d’entre elles. Une machine fiable et sécurisée s’il en est, qui a ramené à bon port tous ces passagers virtuels, même si je doute qu’aucun d’entre eux ne m’eut applaudi à l’atterrissage si le vol avait été réel.
CONCLUSION
Il faut quelques minutes pour revenir sur terre une fois la simulation terminée. Nous discutons encore quelques minutes avec Dimitri, revenant sur le déroulement du vol à peine terminé, tandis que j’envisage déjà de revenir à l’occasion pour tester d’autres pistes et d’autres paysages, en famille ou entre amis.
Avec une solution à la portée de tous, Aviasim s’adresse certes aux passionnés d’aéronautique de tous bords, mais dispose aussi de sérieux arguments pour les néophytes, les curieux ou même les aérophobiques. On touche du doigt la nature du métier de pilote de ligne, sa complexité, sa rigueur, son exigence. Mais aussi la sensation fluide de liberté, de contrôle et de confiance qui en découle. L’apanage du vol, sous toutes ses formes sans doute.
Nous remontons. J’échange encore quelques mots avec le reste de l’équipe, récupère carte de fidélité, documentation diverse. La petite vitrine de la boutique à l’entrée nous donne envie de prolonger encore l’expérience. Mais il se fait tard. Je salue Dimitri, et pars rejoindre la station de métro la plus proche.
La nuit est tombée. L’air est glacial, le ciel dégagé, le vent chargé d’humidité.
Retour à Lyon, les dunes chaudes de Dubaï me semblent déjà bien lointaines.
One Comment
Yves PAGOT
sympa comme demi journée…