Cela fait partie des petits privilèges lorsque l’on possède un média. On est régulièrement sollicité pour visiter des lieux insolites, et on découvre parfois des trésors du patrimoine français. Le musée de l’Association Nationale des Amis du Musée de l’Aéronautique Navale (ANAMAN) en est un des meilleurs exemples. Situé à seulement quelques kilomètres de mon domicile, je n’en connaissais même pas l’existence. Et pourtant. Avec 21 appareils présentés, dont un imposant Neptune, et l’unique exemplaire du Jaguar M (!!!) il s’agit d’un site incontournable. Avec Julien, nous avons eu le privilège d’en faire une visite guidée, y compris de l’atelier de restauration normalement non accessible au public. Une exclusivité donc, pour vous, cher lecteur.
Hébergé au sein de l’enceinte de l’école de gendarmerie de Rochefort, l’emplacement du musée est à l’origine une base de l’aéronavale, qui vit son tout premier avion décoller sur la base en 1910. Quelques années plus tard seront érigés d’immenses hangars abritant les premiers ballons dirigeables de la Marine nationale
Ces hangars ont depuis été rabaissés, et l’association a même dû déjà déménager ses installations, la région ayant connu des épisodes climatiques plutôt sévères. Les dégâts sont encore visibles sur l’ancien hangar dont le toit est largement éventré, après les tempêtes de 1999 et de 2009. La tempête Xynthia de 2010 a également charrié jusqu’à un mètre de boue salée provenant du large, et beaucoup de travail de restauration a dû être repris en urgence pour lutter contre la corrosion. Certains appareils, comme l’Aquilon, doivent subir une seconde restauration.
C’est depuis 1990 qu’un groupe de passionnés pilotes, mécaniciens, civils ou militaires, actifs ou retraités, s’échinent à remettre en état et présenter au public des appareils de l’aéronavale.
Le musée est situé à Rochefort sur mer (Charente Maritime) sur l’ancienne base aéronavale (aujourd’hui reconvertie en école de Gendarmerie). Du fait de cette spécificité, le musée n’est ouvert qu’aux visites de groupe à réserver à l’avance. Le conseil général et la mairie doivent ouvrir une voie d’accès privative afin que le musée soit ouvert au grand public sans condition d’accès particulière.
Quoi qu’il en soit, la visite réserve bien des surprises et la collection est très vaste.
Composée d’une quarantaine d’aéronefs dont une dizaine sont en restauration, il regroupe également l’une des plus importantes collections de maquettes aéronautiques de France, et expose différents types de moteurs présentés sous forme d’écorchés, permettant de mieux appréhender la complexité de fonctionnement de la mécanique.
La visite nous entraîne tout d’abord dans le hangar Dodin, où les aéronefs restaurés sont présentés. On notera la présence du seul (et donc inestimable) prototype Jaguar M, variante du Jaguar A destiné à l’Aéronavale, qui prit part à de nombreuses campagnes d’essais entre 1969 et 1973, avant d’être abandonné dû à sa sous motorisation et au fait qu’un renforcement des catapultes du Clémenceau et du Foch aurait été nécessaire, et très coûteux … On trouve également d’autres avions plus « communs » tels qu’un Crusader F8 ou encore un Étendard IV M. Les hélicoptères ne sont bien sûr pas mis de cotés puisqu’un WG13 Lynx, un SA321G Super Frelon et une Alouette II sont également présents.
L’avion nous ayant laissé la plus forte impression est sans aucun doute possible Lockheed P2V7 Neptune. Avion ayant la double particularité d’avion une motorisation mixte hélice/réacteur, mais également un réacteur fonctionnant à l’essence…
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Le fil de la visite nous emmène vers l’un des points forts du musée: une collection impressionnante de maquettes, pour certaines introuvables sur le marché. Elles sont regroupées en trois thèmes : l’Aéronautique navale, la Deuxième Guerre mondiale, et l’aviation générale. Tous au 1/72ème, ces modèles réduits racontent l’histoire de l’aéronautique depuis Clément Ader et les frères Wright jusqu’aux derniers prototypes actuels. La première salle est plus spécialement dédiée à l’Aéronautique navale, présentant notamment les modèles exposés grandeur nature dans le hangar adjacent. Enfin dans la salle d’à côté, les modèles couvrent la période allant de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. On prend alors conscience du travail phénoménal réalisé par les différents passionnés aux talents divers, composant les bénévoles de cette association.
Le hangar St Trojan, enfin, est utilisé pour effectuer la restauration des aéronefs de la collection, tels qu’un Dewoitine D520 ou encore un Vertol H21C utilisé par la Marine française au cours du conflit algérien. Une nacelle de dirigeable nous rappelle également qu’à Rochefort, l’histoire de l’Aéronautique navale s’écrit depuis plus d’un siècle.
Nous tenons vivement à remercier les membres de l’association ANAMAN pour leur très bon accueil. Pour plus de renseignement vous pouvez consulter leur site internet: www.anaman.fr
4 Comments
Anonyme
Un très grand merci pour le partage, et quelle agréable surprise de découvrir une telle "caverne d'ali baba" sur le territoire.
encore merci,et bravo aux (j'imagine) bénévoles de cette association
Bruno Lambermont
Michel47
Merci à toute l'équipe de nous faire partager cette visite VIP. De belle pièces en effet y attendent des jours heureux. En espérant pouvoir y aller librement un jour.
Valentin Manequin
Super article !
Je connaissais l’existence de ce musée mais je ne savais pas comment y accéder. C'est un vrai trésor, et maintenant que je sais qu'il faut réserver à l'avance, je ferai en sorte de me prévoir un après-midi pour y jeter un œil, surtout que je n'habite pas si loin que ça.
J'étais au courant pour l'étendard endommagé mais je ne savais pas qu'ils avaient pu récupérer ses pièces, c'est incroyable.
Giboin
Ancien de l’aéronavale ,c’est avec une beaucoup d’émotion que j’ai visité en octobre 2015 ce musée .
j’ai retrouvé les anciens appareils de ma jeunesse en particulier les Etendards et Crusaders .
un grand bravo à tous les bénévoles qui ont travaillé pour la remise en état et la présentation de ces appareils .
Mon petit fils était impressionné par cette exposition .
Ce musée , hélas peu connu du public mérite vraiment une visite , même les profanes y trouveront un intérêt à ce patrimoine aéronautique .
Une route indépendante devrait faciliter la visite de ce musée , elle est achevée , il ne manque que le portail .