C-130H de l’escadron 2/61 Franche-Comté. |
Vendredi dernier, la DGA a enfin lancé l’appel d’offre devant conduire à la rénovation des C-130 Hercules de l’Armée de l’Air française.
Le doute qui persistait depuis plusieurs mois et dont nous nous étions fait écho n’est plus: la rénovation sera bien faite à minima, pour “tout ou partie des 14 C-130 Français“. Cette rénovation portera sur les points suivants:
-Une mise en conformité avec les contraintes de circulation aérienne générale au-delà de 2025
-Une amélioration des capacités tactiques (militaires) des avions.
Plus précisément, il s’agira de mettre à jour l’avionique, les systèmes de navigation, les moyens d’autoprotection et les systèmes de mission des appareils. Rappelons que cet appel d’offre reprendra sans aucun doute tout ou partie des études réalisées auprès de plusieurs industriels (Marshall Aerospace, Rockwell Collins et Sabena Technics) qui avaient déjà été mandatés par la DGA en 2013 pour une étude de faisabilité sur la modernisation des Hercules.
Vous trouverez ici l’avis publié la semaine dernière par le bulletin officiel des annonces des marchés publics, donnant plus de détails sur l’appel d’offre qui vient d’être émis.
Rénovation minimale
A la lecture de ce document, force est de constater que certains seront déçus.
S’il est possible de se féliciter du fait que ce dossier avance enfin, on constate que le besoin exprimé aujourd’hui est quasiment identique en tous points à celui évoqué par la DGA dès 2011, alors qu’il n’est aujourd’hui pas question d’un lancement de la phase industrielle de la rénovation avant 2016 !
Pas d’option d’armement, pas de suite de capteurs électroniques poussée, pas de kit de ravitaillement ou autres options que sollicitaient certains industriels et opérationnels, proches des forces spéciales. Plus surprenant, des sources industrielles nous confirment qu’il serait possible que les caissons centraux de voilure ne soient finalement pas remplacés, contrairement à ce qui avait été annoncé initialement (Air & Cosmos, Avril 2013). Le potentiel des cellules actuelles a-t-il été jugé finalement suffisant ? Une surveillance accrue de ces éléments sera-t-elle mise en place ? Y’aura-t-il un lissage du potentiel de vol sur l’ensemble de la flotte, ou une cannibalisation de certains appareils pour maintenir en vol le reste de la flotte ? Le doute est permis puisque l’appel d’offre, comme nous l’écrivions en avril, ne comporte effectivement aucune mention du nombre de machines à rénover, et donc à maintenir en ligne.
Organisation industrielle
D’après nos sources, l’enveloppe budgétaire est cependant figée, impliquant que les industriels pourraient proposer différentes solutions, dont le contenu dépendrait du nombre de machines à rénover.
Plus prosaïquement, il semble que cela démontre surtout les difficultés budgétaires de l’Armée de l’Air. En effet, nos sources nous indiquent que si le premier appareil sera bien modifié chez l’industriel (ou le groupement d’industriels) ayant remporté l’appel d’offre, les autres appareils seront très probablement rénovés par le SIAé au sein des ateliers de Clermont-Ferrand à partir des kits et équipements fournis par les industriels, une option d’ailleurs évoquée dans l’appel d’offre.
Une façon pour la DGA de laisser l’Armée de l’Air gérer le programme et garder la maitrise du calendrier de livraison, et donc la maitrise des dépenses mais aussi des surcoûts dû à d’éventuels retards ou annulations en cours de programme. Au-delà de la gestion de l’enveloppe financière sur la durée du programme, ce mode de fonctionnement offrira également à la DGA une plus grande souplesse sur la gestion à long terme de la rénovation des Hercules. Cela permettrait ainsi d’intégrer plus facilement des équipements annexes sur les avions rénovés, ou en cours de rénovation, même si ceux-ci proviennent d’industriels concurrents de celui ayant remporté l’appel d’offre initial.
Un point qui ne manque pas d’attirer l’attention des forces spéciales et des industriels développant des équipements à leur intention. Il n’est donc pas impossible de voir par la suite la signature de petits contrats établis au cas par cas en fonction des RETEX, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, et qui permettront de moderniser le parc d’Hercules au-delà des seules capacités de navigabilité.
De nombreux équipementiers sont en discussion avec la DGA et les forces armées pour proposer des équipements de détection, de protection ou d’armement en marge de l’actuel appel d’offre. Ici le Gerfaut d’AA/ROK, déjà évoqué ici. |
Une bonne nouvelle pour les forces spéciales
Ce qu’il faudra retenir de l’émission de cet appel d’offre, c’est que l’Armée de l’Air compte effectivement garder ses C-130 au delà de 2025, et donc après la fin des livraisons d’A400M. Un choix qui s’explique, nous l’avions déjà évoqué, par le besoin exprimé et renouvelé du Commandement des Opérations Spéciales pour un appareil d’assaut tactique plus léger et plus souple d’emploi que l’A400M, mais doté de capacités tactiques et électroniques plus avancées que celles des Casa.
Si la rénovation annoncée aujourd’hui ne satisfait pas les exigences les plus poussées des futurs utilisateurs, notamment au sein du COS, le simple fait que l’avenir de l’appareil soit assuré est déjà une bonne nouvelle. À l’heure où Mirage, TCD et autres chars d’assaut sont retirés du service avec encore beaucoup de potentiel non-exploité, nul n’aurait été surpris que les C-130 puisse être retirés prématurément du service.
Cette rénovation n’apporte aucune capacité révolutionnaire aux C-130 de l’Armée de l’Air, mais elle permettra tout de même aux appareils de continuer à réaliser leurs missions au-delà de 2025, dans un environnement tactique de plus en plus complexe, et face aux nouvelles menaces du champ de bataille, notamment lors des opérations nocturnes derrière les lignes ennemies. Des capacités que sauront apprécier les forces spéciales.
Et s’il est une chose que ces dernières ont su démontrer ces dernières années, c’est leur capacité à doter leurs avions tactiques d’équipements spécifiques (souvent acquis sur étagère) au fil des RETEX, indépendamment des grands chantiers de rénovation ou de modernisation (ça a notamment été le cas pour les boules optroniques de leurs avions de transport).
Il n’est donc pas impossible de voir un jour des canons de sabord, des lance-bombes sous les ailes ou des systèmes optroniques spécialisés sous nos C-130, même si leur intégration doit se faire par la petite porte, à l’abri des regards journalistiques indiscrets.
Pour en savoir plus sur l’histoire houleuse de ce dossier de modernisation des Hercules, n’hésitez pas à consulter notre dossier spécialisé:
–Partie 1: Besoins opérationnels et propositions industrielles
–Partie 2: Débat autour de l’armement des C-130 Hercules de l’Armée de l’Air
One Comment
Anonyme
Super cette nouvelle ! A quand le remplacement de ces bon dieux de ravitailleurs!!!!!!!! Car sans le plein ou une station service une voiture ne vas pas en Afrique pour faire des opex!
En attendant chapeau à ceux qui maintienne ces citerne à bout de souffle.