Paru au mois de novembre aux éditions Altipresse, « Cauchemar en Afghanistan », de son titre original « A nightmare’s Prayer » est un livre écrit par Michael Franzak, pilote au sein du Marines Corps, et officier en second de son unité, le VMA 513, autrement nommé les « Flying Nightmares » (cauchemars volants).
Disons-le tout de suite, ce livre est une perle. Beaucoup de très bons ouvrages sont sortis suite au conflit Afghan, et de tous ceux que nous avons pu lire, ce livre-là fait partie du trio de tête avec « La guerre vue du ciel » et « APACHE la guerre au cœur de l’Afghanistan » tous deux provenant des éditions Nimrod.
Cauchemar en Afghanistan : Un pilote de Harrier témoigne
Le 7 octobre 2002, à peine plus d’un an après les attaques du 11 septembre, « Zak » et son unité sont sur le départ. Un détachement de six AV8B Harrier va décoller vers l’Afghanistan, accompagné d’un C-130 chargé de transporter du matériel ainsi que l’équipe de soutien. Dès les premières pages, pour peu que l’on veuille bien prendre la peine de se laisser immerger dans le personnage, l’émotion est intense, l’atmosphère a quelque chose de surréaliste, et si nous, lecteur, nous savons à peu près à quoi nous attendre (ouch ! l’erreur…), Zak et ses hommes ne savent encore rien de l’épreuve qui les attend.
Les premiers chapitres sont surprenants, car ils révèlent la liberté de ton de l’auteur, et son envie de se confier à son lecteur. Du départ émouvant, de la description de ses sentiments parfois contradictoires jusqu’au récit d’un premier décollage qui aurait pu virer à la catastrophe, à cause de la décision dangereuse du chef de groupe… Rien ne sera épargné au lecteur et bien des situations cocasses, parfois intimes jusqu’à l’extrême vont vous surprendre jusqu’à la fin.
À Bagram, les Jump-Jet ont atterri dans un camp fortifié à peine édifié, une piste et des taxiways jonchés de nids de poules, bordé par des carcasses de véhicules de guerre. Il n’y a pas encore de hangar, et les mécaniciens travailleront en extérieurs ou dans des tentes. Les locaux vie ont été aménagés peu de temps avant par une équipe d’autres Marines venus en précurseurs. C’est le royaume de la poussière et d’une faune peu accueillante fait de serpents, scorpions et autre arachnides. Il y fait ou très chaud ou très froid au gré des saisons, les prévisions météos sont très aléatoires et les conditions sévères. Il est assez inconcevable d’imaginer les conditions de dangerosité extrême dans lesquelles la grosse dizaine de pilotes vont opérer. Les sorties de pistes, si redoutées lors d’atterrissages sous de mauvaises conditions météos sont crainte (et ça arrivera…) bien au-delà de l’accident. Car les terrains bordant les pistes ne sont… Pas encore déminés !
En lisant ce récit, certains ce diront certainement “ce qui devaient arriver arriva…” Heureusement, plus de peur que de mal pour le pilote de ce Harrier.
C’est pourtant dans ces conditions que les hommes du VMA 513 vont prouver leur valeur au combat, et leur engagement, en faisant voler, durant les onze mois de leur déploiement dans des conditions rustiques extrême leurs six avions tous les jours pour supporter les troupes au sol. D’octobre 2002 jusqu’en septembre 2003, les « cauchemars volants » auront accumulé 1250 sorties de combat en 3763 heures de vol !
La préface, signée par Bing West, résume bien ce récit
« Pour moi, les pilotes quittaient le cockpit, se prélassaient au mess devant une bière fraiche ou un bon steak, puis allaient s’allonger sur leur matelas afin de prendre un repos bien mérité.
Franzak a cassé ce stéréotype. »
« Cauchemar en Afghanistan porte bien son nom. Au cours de scènes puissantes, envoûtantes, Mike explique pourquoi voler sur un AV-8 Harrier à moteurs basculant, c’est faire du rodéo sur un taureau furieux. À terre, nous avons oublié qu’un pilote risque sa vie chaque fois qu’il décolle pour nous protéger du haut du ciel. Vol après vol, il doit dompter son avion, et ne nous étonnons pas si les pilotes d’AV-8 font des cauchemars : c’est la réalité qui les réveille à trois heures du matin. »
Nous avons résisté à l’envie de reproduire certains passages de ce livre, éprouvant à bien des égards, lorsque Zak prie Dieu de lui accorder les secondes nécessaires à arriver sur zone, un temps précieux pendant lequel il n’arrivera rien aux hommes au sol, alors que quelques secondes auparavant, d’une violente déflagration auront suivi un cri d’effroi, puis le silence.
Ou lors de ses nombreuses visites à l’hôpital de Bagram, voyant la misère frappant des familles entières, bouleversant témoignage lorsqu’un enfant, estropié par une mine, sera abandonné par sa famille, ne pouvant s’occuper de lui. Ou encore de la visite de la prison de Bagram, qui deviendra tristement célèbre quelques années plus tard…
En refermant ce livre, nous avons appris bien plus que le sort des pilotes de combat en Afghanistan. Nous avons compris l’absurdité dans laquelle cette guerre a été menée, et trouvé un début d’explication à comment un peuple aussi reculé, aux antipodes de tout développement occidental, ont réussi à faire en sorte que de grandes nations viennent successivement se casser les dents, depuis l’Angleterre, l’URSS, jusqu’aux surpuissants Américains accompagnés de leurs alliés.
“Zak” en tenue de vol, et trois Marines de son unité posant fièrement devant leur Harrier.
Toutes les images sont soumises au droit d’auteur et tirées du livre. Pour toute demande, merci de vous adresser aux édition Altipresse
2 Comments
James
"…et trouvé un début d’explication à comment un peuple aussi reculé, aux antipodes de tout développement occidental, ont réussi à faire en sorte que de grandes nations viennent successivement se casser les dents, depuis l’Angleterre, l’URSS, jusqu’aux surpuissants Américains accompagnés de leurs alliés."
C'est simple, il est très difficile d'envahir et de rester dans un pays sans "changer" complètement la population. À ma connaissance, il y en a jamais eu dans les temps modernes. Le Tibet est un cas récent de "réussite" où la population a été "changée" et les USA était un cas où la population locale a été anéantie.
peyo
Horreurs de la guerre, toujours. Vive la paix, luttons pour l'entente entre les peuples. Certains ne pensent qu'à leur pouvoirs et à l'argent qu'il procure, pas de futur dans cette voie.