Pour sa 2e édition, le meeting de Melun-Villaroche Air Legend, a encore une fois tenu toutes ses promesses, tant par son contenu que par son organisation. Ce premier weekend de septembre a donc été la consécration du travail de toute une équipe de passionnés qui se voit récompensée par le succès de cette grande fête aérienne. Elle se positionne aujourd’hui comme l’un des rendez-vous européens majeurs du monde très fermé des meetings aériens.
C’est donc près de 40.000 spectateurs (16.500 le samedi et 23.500 le dimanche) qui se sont donnés rendez-vous sur l’aérodrome mythique de Melun-Villaroche les samedi 7 et dimanche 8 septembre derniers, pour assister à l’événement. Nous y étions aussi…
Un peu d’histoire pour nous remettre dans le contexte de ce que fut l’aérodrome de Melun-Villaroche… Il est tellement chargé d’histoire, qu’on ne peut faire l’impasse sur ce qui a fait ses grandes heures.
L’aérodrome
Dès 1940, le terrain sera utilisé par l’Armée de l’air française, puis par l’Allemagne entre 1941 et 1944. Ces derniers construiront d’ailleurs les 2 actuelles pistes en béton (orientées est-ouest et nord-sud). Mi-juin 1944, l’aérodrome sera bombardé par les Boeing B-17 américains afin de réduire l’efficacité de l’aviation allemande. Fin 44, Melun-Villaroche sera affecté à la Direction Technique et Industrielle de l’Aéronautique. L’Armée américaine s’y installera à la libération avec des escadrilles de North American B-25, Martin B-26 Marauder et Douglas A-20 Havoc. De nombreux essais de prototypes y seront réalisés, et ce, jusqu’en 1980. Nous citerons les plus célèbres d’entre eux, le Mystère, le Mirage et le Balzac, avion à décollage vertical. La base fut enfin un centre d’essais en vol pour la SNECMA. De nos jours, la gestion de l’aérodrome a été officiellement transférée par l’État au SYMPAV (Syndicat mixte du pôle d’activités de Villaroche).
L’aérodrome est aujourd’hui utilisé pour l’aviation d’affaire, il est équipé pour recevoir les vols VFR (à vue) ou IFR (aux instruments). Sa tour de contrôle, équipée d’un radar, assure également les services du contrôle aérien à basse altitude dans un large secteur du nord-est au sud-ouest de la région parisienne, Seine approche qui assure le service du contrôle d’approche, entre autres, d’Auxerre, de Troyes, de Vatry et d’Orléans.
Le meeting
Compte tenu de l’affluence annoncée par les organisateurs, nous avons choisi d’arriver très tôt ce samedi matin. Dès 8 heures, nous sommes devant l’entrée, impatients de franchir les portes donnant accès au village des exposants, aux hangars et aux présentations statiques. L’accès à la zone statique est programmé pour 10h, le temps de mettre en place les barrières et guichets propres à l’espace dédié à l’exposition des avions devant assurer le spectacle aérien durant ces 2 jours.
Une fois les guichets franchis par l’allée centrale, nous accédons au tarmac principal. Immédiatement à droite, 2 hangars ouverts abritent une véritable caverne d’Ali Baba, tant les trésors qui y sont entreposés sont exceptionnels. Citons par exemple les quelques collections d’avions anciens, comme celle de l’AMPAA (Association des Mécaniciens Pilotes d’Aéronefs Anciens). Pour les néophytes, l’ensemble ressemble à un enchevêtrement de bouts de bois, de tôle et de toile. Mais pour les amateurs il s’agit plutôt d’un véritable trésor. Jugez plutôt; AD-4 Skyraider, Spad, T-28 Trojan, B-25 Mitchell comptent parmi les pièces rares de la collection. En jetant un œil dans les recoins du hangar, nous découvrons entre autres, un Mirage III-B, un Il-10 Sturmovik, un fuselage de Westland Lysander, un Hurel-Dubois HD-34… Bref, en attendant l’ouverture du plateau aérien, il serait bien dommage de ne pas s’arrêter ici et échanger avec un des mécaniciens présents : anecdotes techniques et historiques garanties !
Le hangar suivant abrite entre autres, simulateurs de vol et moteurs d’avions. Rappelons au passage qu’à deux pas se trouve le Musée Safran, l’un des plus grands musées au monde consacré aux moteurs d’avions. Le hall d’exposition vaut le détour avec plusieurs réacteurs ou moteurs à pistons exposés tels quels, ou adaptés au moyen de découpes/panneaux vitrés afin que le visiteur se rende compte de la complexité technique de telles machines.
Face à nous, le plateau aérien attend patiemment que le public vienne admirer les belles machines parfaitement rassemblées. À gauche, l’exposition consacrée à l’Armée de l’Air et quelques hangars secondaires. Devant nous, une allée bordée de stands, au bout de laquelle se trouve la piste 10/28.
Le show aérien à proprement parler démarrant à 13h, nous avons largement le temps de déambuler à travers ces stands avant d’aller nous installer à proximité de la zone d’envol…
Le village
Différentes expositions statiques ont été installées sur l’aérodrome, c’est notamment le cas de l’Armée de l’Air venue en force cette année. Elle occupe une zone regroupant Rafale / Mirage 2000 / PC-21 et Casa CN-235.
D’autres avions sont exposés devant les stands, tels un Cessna 195 « Coca-Cola », un Morane-Saulnier 733, un MD Flamant… Les camps de reconstitutions historiques situés derrière le village ne sont pas en reste, ils présentent fièrement des aéronefs impeccablement conservés, comme un Fairchild 24, un Auster J1, un Piper L-4, et un Messerschmitt 108…
Ces reconstitutions de camps anglais (RAF), américain (USAAF), allemand (Luftwaffe), et franco-russe (Normandie-Niemen) regroupent tentes, matériels, véhicules et figurants portant uniforme d’époque. C’est ainsi l’occasion d’aller découvrir de près le matériel utilisé et d’échanger avec ces passionnés. L’attractivité de ces reconstitutions est assurée par l’ambiance qui règne autour des camps, les figurants jouant parfaitement leurs rôles, le public se prenant au jeu…
Durant toute la matinée précédant le show aérien, des avions assurent des baptêmes de l’air. C’est un ballet continu de décollages et atterrissages qui se déroule sous les yeux d’un public déjà installé le long des barrières bordant la piste précédemment nommée. La musique des moteurs alterne avec celle qui accompagne les Satin Doll Sisters, ou celle du 91st Gâtinais Highlander Pipeband et ses rythmes écossais !
Le plateau aérien
Les barrières délimitant la zone statique sont maintenant installées. Il est 10h quand les premiers visiteurs pénètrent sur le tarmac où les avions ont été soigneusement alignés. Dans la précédente édition, le thème retenu avait été celui de la 2e Guerre Mondiale. Il est élargi cette année à la Guerre Froide et accueille de nombreux avions à réaction. Le programme des présentations en vol pour les journées de samedi et dimanche est identique. Néanmoins les impératifs de calendrier voient l’absence de certains avions durant l’intégralité du meeting. Sont concernés des avions tels que le F-86 Sabre, les Rafale Marine, les Buchon… Les avions de collection n’hésitent pas à nous rappeler également qu’un impondérable mécanique peut toujours survenir, et annuler leurs présences. Le Breguet Alizé sera dans ce cas le samedi, victime d’un problème mécanique obligeant son équipe à travailler d’arrache-pied tout l’après-midi pour pouvoir le remettre en état de vol.
Le plateau est malgré tout très alléchant. Il regroupe des avions peu (voire jamais !) vus sur un meeting national. Trois rangées d’avions seront ainsi disposées sur le tarmac et plusieurs pelouses seront nécessaires pour accueillir l’ensemble des aéronefs présents.
La “flight line” proche des hangars regroupe essentiellement les warbirds à réaction et les avions de l’Armée de l’Air. Vu sur l’affiche officielle du meeting, le célèbre MiG-15 UTI arrivé tout droit de Norvège dans une déco « métal et noir » arbore fièrement le “N° 18 rouge” de l’avion utilisé par Youri Gagagrine lors de l’accident qui lui coûta la vie. Près de lui, le magnifique et rutilant T-33 de l’équipe Top Gun Voltige, basé à La Roche sur Yon, arrivé il y a peu du Canada et repeint selon un camouflage de la célèbre BD « Tanguy et Laverdure ». Il était très attendu des aficionados.
A côté de ces nouveaux venus en France, sont alignés un Hawker Hunter et un Aero L-39 Albatros. Ces 2 avions interviennent maintenant assez régulièrement dans l’hexagone. Le Hunter (biplace en côte à côte) arrive lui de Suisse, après une belle carrière militaire. Tout comme le T-33, l’Albatros, appartient lui aussi à l’équipe de Top Gun Voltige.
D’autres avions à réaction sont stationnés à côté : les Fouga Zéphyr et Morane Paris présentés par les associations souvenirs de la Marine Nationale, la Patrouille Tranchant sur Fouga Magister hautement colorés, et le plus petit avion à réaction au monde : le CJ01 « MiniJet ».
Le reste du plateau est constitué d’avions à hélices, se répartissant entre avions de voltige, avions d’entraînement, avions d’observation et avions d’armes.
Dans sa nouvelle livrée dorée commémorant les 10 ans du RSD, le Rafale de l’Armée de l’Air (accompagné de son spare) sont impeccablement alignés le long des barrières. Suivent ensuite les Alpha Jet de la Patrouille de France et l’Extra 330 de l’EVAA.
La voltige est représentée par 2 Extra 330, et les avions d’entraînement sont des North American T-6 « Texan » et T-28 « Trojan », Klemm 35, Fairchild PT 26 et Bücker 131 / 181.
Les avions d’observation, toujours discrets mais essentiels en temps de guerre, eux, portent les noms de Piper L-4 / Stinson L-5 / Morane Criquet (extrapolé du Storch allemand) pour la 2e Guerre Mondiale, et Cessna L-19 / Cessna Skymaster pour la Guerre du Viet-Nam.
Les avions d’armes de la 2e Guerre Mondiale / Corée sont les plus nombreux et les plus diversifiés :
- 2 x North American P-51 D « Mustang »
- 5 x Yakovlev (modèles 3 / 9 / 11)
- 1 x Vought F4U-5 « Corsair »
- 1 x Grumman F8F « Bearcat »
- 1 x Hawker « Sea Fury »
- 3 x Supermarine Spitfire (modèles IX / T9 / Mk XVI)
- 1 x Hawker Hurricane
- 1 x Grumman TBM « Avenger »
- 1 x CAC « Boomerang »
- 3 x Curtiss : H-75, P-40 F à moteur Merlin et P-40 N à moteur Allison
- 1 x EKW D-3801, version suisse du MS 412
- 1 x Douglas DC-3
- 2 x Douglas AD-4 « Skyraider »
La foule déambule encore autour des avions, jusqu’aux environs de midi, heure à laquelle la zone statique sera fermée au public, laissant les mécanos, pilotes et bénévoles, préparer les machines pour les présentations en vol du début d’après midi.
Le show aérien
En ce début du mois de septembre, la météo a été plutôt clémente, mais n’empêchant pas quelques petites averses en soirée. Un ciel variable, parcouru de nuages plus ou moins épais nous a accompagnés durant ces deux journées. Nous retiendrons néanmoins, que la lumière ambiante alternait entre conditions idéales et moins bonnes, obligeant les spotters, venus nombreux comme chaque année, à jouer d’ingéniosité pour se servir de cette lumière, et la mettre à profit pour réaliser leurs prises de vues. Le panache des fumigènes équipant certains avions sont ainsi mis en évidence dans ces jeux de lumières.
La zone publique étant alignée sur la piste secondaire, une partie des avions (essentiellement ceux à réaction) n’est visible que de loin lors des phases décollage/atterrissage. C’est notamment le cas pour l’ouverture du show ce samedi, avec la Patrouille Tranchant décollant depuis la piste principale. Le temps de se regrouper, et les 5 Fouga Magister réalisent plusieurs passages en diverses formations. Passages, agrémentés de fumigènes, se concluront sur un « éclaté » face au public.
Les avions d’armes légers prennent le relais. Les fameux « L-birds » de la 2e Guerre Mondiale et le Morane Criquet (un Fieseler Storch allemand construit sous licence et re-motorisé) nous montrent ainsi leurs capacités de maniabilité en vol lent, qualité indispensable à l’époque pour l’observation des cibles ennemies et permettre de procéder aux réglages de l’artillerie. Nous avons ainsi droit à un duo L-4 / L-5 réalisant leurs évolutions de concert, et un autre duo L-4 / Criquet en combat simulé.
Arrive ensuite la phase « entraînement », et ses avions destinés à former les milliers d’aviateurs qui partiront combattre sur tous les fronts. Les Bücker 131 « Jungmann » et 181 « Bestmann », et Klemm 35 représentent l’école allemande, et le Fairchild PT 26 l’école américaine. Une mission identique, mais des approches différentes : les Bücker sont presque des pièces d’orfèvrerie tandis que le Fairchild est « américain » jusqu’au bout des plans… Et que dire des T-6 et T-28 qui voleront un peu plus tard dans l’après-midi et dont la puissance est telle qu’ils se démarqueront totalement des fins Bücker et Klemm…
Les avions rapides
Arrivent enfin les avions d’armes avec la vitesse, les décibels, la taille et la masse… nous entrons dans une autre dimension ! Les présentations en vol ne se déroulent pas comme l’an dernier dans un parfait ordre chronologique, cette année, les générations d’avions vont se croiser, remonter le temps ou au contraire l’accélérer…
Côté 2e Guerre Mondiale, les 1ers à entrer dans la danse sont: un Yak 3U et un « Boomerang » australien. Après quelques passages en patrouille, ils nous offrent une simulation de dog-fight (combat tournoyant) et de poursuite. Le Yak 3U est une évolution du Yak 3 (avion légendaire du Normandie-Niemen), mais motorisé avec un moteur en étoile. Le «Boomerang » est lui une évolution du T-6 américain, modifié et gonflé aux hormones par les australiens courant 1942-1943, pour faire face au raz-de-marée japonais.
C’est autour de l’évocation de la Bataille de France que se présente dans le ciel de Melun une patrouille constituée d’un Hawker Hurricane Mk IIa, d’un Curtiss H-75 et d’un EKW D-3801 (copie suisse sous licence du MS 412 français). Le Hurricane est assez représentatif de cette RAF venue combattre sur le continent, tandis que le H-75 et le D-3801 représentent eux l’Armée de l’Air française. Ces avions sont rarissimes, voire uniques, et font aujourd’hui partie de l’Histoire ! Après quelques passages groupés, le Hurricane réalise une séance de voltige composée de chandelles et piqués, pendant que la paire d’avions français continue sa patrouille serrée.
L’aviation britannique sera à nouveau mise à l’honneur avec la démonstration de 3 Spitfire. Ces avions, tous de modèles différents mais identiquement motorisés (Rolls Royce Merlin ou sa copie américaine), offrent au public un véritable « concerto en Merlin majeur » gracieux et envoûtant. Les bandes d’invasion (invasion stripes en anglais), signe de reconnaissance peint sur les ailes de certains de ces appareils, servaient à identifier les appareils alliés et limiter les éventuels tirs amis. Elles ajoutent un petit plus esthétique, nous rappelant que nous venons de fêter le 75e anniversaire du D-Day il y a maintenant 3 mois.
La famille des légendaires moteurs Rolls Royce Merlin est une famille de moteurs d’avion considérés par certains comme faisant partie des meilleurs moteurs de la Seconde Guerre mondiale. 168,000 exemplaires furent ainsi produits dans le monde. Ils sont particulièrement bien représentés à Air Legend 2019, puisque outre les Spitfire et Hurricane, ils équipent les 2 P-51D « Mustang » et le P-40 F « Tomahawk » présents. Les Mustang « Louisiana Kid » (venant d’Allemagne) et « Nooky Booky IV » du Maj.Kit Carson (basé ici même à Melun) font une magnifique entrée en scène en encadrant un DC-3 « Dakota » dans un défilé honoré par la Patrouille de France. Suite à ce passage sonore et coloré, « Nooky Booky IV » et le DC-3 réalisent chacun leur programme musclé.
Le P-40 F nous vient lui de Duxford, il appartient à la Fighter Collection de Sir Stephen Grey. Il se présente au décollage avec un autre P-40, un modèle N « Warhawk » à moteur Allison, basé lui à Melun. Prenant l’air un peu avant un TBM « Avenger », ils arborent leurs camouflages variés, entre une livrée désertique et une autre typique des îles du Pacifique Sud-Ouest (vert « olive drab » et dérive blanche). L’Avenger, bombardier torpilleur américain, est intéressant car il se présente lui sous une livrée anglaise Atlantique (3 tons de gris) avec bandes d’invasion. Habituellement, cet avion est plus souvent présenté dans sa livrée américaine Pacifique, bleu intégral.
Outre le Yak 3U vu précédemment, d’autres Yak sont à l’honneur pour commémorer le célèbre Groupe de Chasse “Normandie-Niemen”. Trois portent la casserole d’hélice tricolore et la flèche blanche de la 303e division aérienne dont faisait partie le “Neu-Neu”. Ils nous offrent de beaux passages groupés, rapides et virevoltants. Un 4e avion décolle, avec une décoration plus soviétique, mais un souci de train d’atterrissage l’obligera à se poser rapidement.
Les hélices de l’après WWII
Les moteurs à pistons ne se limitent pas aux avions de la 2e Guerre Mondiale, d’autres guerres comme celles de Corée et du Viêt Nam verront également leurs lots d’avions équipés de ce mode de propulsion et atteignant des puissances remarquables. Les organisateurs d’Air Legend 2019 ne les ont pas oubliés non plus, puisqu’ils nous ont concocté une très belle présentation composée de 3 avions, ou plutôt 3 légendes ! La 1ère d’entre elles. le célèbre Corsair F4U-5 que nous ne présenterons plus, tant il est maintenant présent dans la plupart des meetings européens, et ce, depuis son retour dans les airs en 2018… Une vraie gueule d’enfer !
Le Bearcat et Sea Fury, 2 autres des plus puissants avions à hélices jamais mis en service… Le Bearcat de la « Fighter Collection », le seul en état de vol en Europe, et le Sea Fury se présentent par la droite. Équipés de 2 moteurs quasiment identiques (P&W R-2800 en base), de 2 livrées « Navy » bleu, mais 2 designs différents. Il faut dire que les 1ers coups de crayon donnés sur les planches des concepteurs du Bearcat eurent lieu 5 ans après ceux du Corsair… Et enfin voici le Hawker Sea Fury, sous sa variante biplace dans sa très seyante livrée « entraînement avancé ». Egalement le dernier d’une prestigieuse lignée (une évolution des Typhoon/Tempest), il affiche une puissance redoutable et redoutée de l’ennemi.
Enfin le T-28, initialement avion d’entraînement avancé, qui deviendra le spécialiste de l’appui-feu au début de la guerre, et non des moindres, l’avion le plus représentatif de cette période, le Douglas Skyraider, véritable camion à bombes conçu à la fin de la 2e Guerre Mondiale mais dont les qualités étaient difficilement remplaçables 20 ans plus tard…
La Guerre du Viêt Nam vit engager une large majorité d’avions à réaction, mais leur grande vitesse les gênait pour un certain nombre de missions spécifiques, comme le contrôle aérien avancé, l’escorte d’hélicoptère, la protection des équipages abattus en territoire ennemi, et l’appui-feu… Les Cessna L-19 et 337 Skymaster excellaient en observation et contrôle aérien avancé. La formule « push-pull » du 2d (moteur tractif à l’avant, propulsif à l’arrière) était très inhabituelle.
Les moteurs à réaction
Évoquons à présent les avions à réaction. Le programme qui nous a été proposé est assez bluffant, compte tenu du très grand nombre d’avions qui, s’ils sont régulièrement présents en meeting, ne sont que rarement réunis au sein d’une même manifestation. Nous parlons là des avions stationnés en France, et non pas de ceux qui nous arrivent de Suisse ou de Norvège.
Les 2 stars du show tant attendues, sont évidemment le MiG 15 UTI et le Canadair CT-133. Arrivé il y a peu en Europe en provenance des USA, le MiG 15 à la livrée noir et métal a fait très forte impression. Conçu au début de la Guerre froide par les soviétiques, il se révélera durant la Guerre de Corée, plus puissant, plus rapide et d’une incroyable agilité, face à son équivalent américain, le F-86.
L’autre vedette du meeting est, depuis l’annonce de sa venue par les organisateurs l’année dernière, le Canadair CT-133 N°263, désormais immatriculé F-AYMD. Après une longue restauration, ce dernier est à présent basé à la Roche sur Yon. Qu’il nous a paru long le temps d’obtenir les certificats et autorisations administratives pour enfin pouvoir l’admirer dans ses œuvres ! Sa livrée est superbe mais nécessite néanmoins un peu de soleil pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.
De Suisse nous vient le Hawker Hunter (configuration biplace en côte à côte). Extrapolé des modèles monoplaces qui firent la réputation de l’ingénierie anglaise dans les années 50-60, cet avion d’entraînement avancé a formé des générations de pilotes helvètes entre les montagnes des Alpes suisses… bien sûr.
Quelques années plus tard, le bloc soviétique s’équipera lui de l’Aero L-39 « Albatros » fabriqué en Tchécoslovaquie. La formule biplace devint « en tandem » et non plus « côte à côte », l’avion gagnant ainsi au passage une aérodynamique plus affinée. Cet avion est toujours d’actualité car encore proposé à la vente sous la forme NG (nouvelle génération), et ce 50 ans après son 1er vol ! Il nous vient de la Roche sur Yon.
Sortons maintenant un peu des jets militaires pour faire un rapide aparté sur le MinJet CJ01, le plus petit avion à réaction au monde… Vu au sol, il ressemble à un gros jouet d’aéromodélisme, mais soyez rapide pour le voir au décollage : ça déménage ! En le voyant faire ses passages à grande vitesse, il est difficile de ne pas se demander comment un si petit avion peut voler ainsi, surtout au regard de la taille du cockpit… Le pilote doit entrer à l’aide d’un chausse-pied dans son cockpit. Son l’autonomie ne doit pas être énorme, mais les sensations et le spectacle sont bel et bien là ! Très impressionnant !
L’Armée de l’Air et la Marine Nationale présentes en force
Nos armées ont fait le déplacement, et pas à moitié ! L’Armée de l’Air, en dehors de son exposition statique, a amené dans ses bagages le Rafale Solo Display (RSD), l’Extra 330 de l’EVAA, l’Airbus A-400M Atlas et la Patrouille de France ! Le RSD, nous a présenté une livrée commémorative de ses 10 ans et nous a délivré son programme habituel. Nous sommes bien au-delà des niveaux sonores des 1ers jets vus auparavant ! L’Atlas nous a rendu visite depuis une autre base aérienne et impressionne toujours par sa taille semblant incompatible avec les évolutions serrées qu’il nous offre dans le ciel de l’Essonne.
L’EVAA était dans son élément, quelques jours après sa démonstration pleine de maîtrise aux Championnats du Monde de Voltige de Châteauroux. Enfin la Patrouille de France a clôturé cette 1ère journée et, après avoir escorté les Mustang et Dakota, nous a déroulé son spectacle toujours aussi impressionnant.
La Marine Nationale, présente de manière officielle le dimanche via des Rafale Marine, a sinon été représentée par son « escadrille du souvenir ». Cette escadrille, animée par d’anciens marins et pilotes de l’Aéronavale, rassemble et entretient des avions emblématiques de cette arme. Le Fouga Zéphyr d’entraînement, le Morane Paris de liaison, le De Havilland Vampire / Mistral de ses 1ers pas dans l’aviation à réaction, et le Bréguet Alizé de lutte anti sous-marine… autant d’avions historiques et rares qu’il est très appréciable de pouvoir voir défiler. Le seul bémol concerna l’Alizé victime d’un souci mécanique l’ayant empêché de voler ce samedi.
Notons qu’en parallèle de la séance de voltige offerte par l’EVAA, nous aurons droit à une exhibition de 2 Extra 330 pilotés par 2 championnes du monde. Décollage groupé, évolutions groupées ou individuelles à couper le souffle, simulation de combat aérien, tout y est passé et a permis de créer un petit intermède « pacifique » entre tous les avions d’armes présents.
Pour clore cette seconde et très belle édition de Air Legend, la Patrouille de France dans ses œuvres et pour le ravissement des grands et petits.
En attendant l’édition 3 de ce grand meeting aérien,
Bonne lecture.
Article co-écrit et réalisé par Benjamin Piquereau et Jacques Oziel (Portail-Aviation)