Championnat du monde de voltige aérienne
Du 22 au 31 août prochains se dérouleront les 30e championnats du monde FAI de voltige aérienne sur l’aéroport de Châteauroux-Centre (36). La précédente édition organisée en France en 2015 avait reçu près de 120.000 visiteurs durant les 10 jours de compétition, dont environ 50.000 pendant le meeting de clôture. Une soixantaine de pilotes de 20 pays tenteront de remporter le titre mondial détenu par l’équipe de France, et ce, depuis les championnats de 2013 au Texas. Ces championnats se déroulent tous les 2 ans. L’occasion pour le Portail-Aviation de vous parler de cette discipline très prisée du public.
À l’origine
Le 19 aout 1913, Adolphe Pégoud, alors pilote d’essai pour Mr Louis Blériot, réalise le premier saut avec un parachute depuis son Blériot XI. Pendant qu’il descend tranquillement sous sa voile, son avion, livré à lui même, forme de curieuses arabesques dans le ciel. Il se dit si l’avion peut le faire sans pilote, un pilote peut effectuer ses figures à son bord. Au même moment en Russie, le pilote militaire Piotr Nesterov, réalise lui aussi les premières boucles sur son Nieuport IV, lors d’une démonstration à Kiev le 9 septembre 1913.
Le 1er septembre de la même année, à Juvisy-sur-Orge, en présence de Mr Louis Blériot, Adolphe Pégoud exécute le premier vol dos appelé “vol tête en bas”, sur une longueur de 400 mètres. Le lendemain sur l’aérodrome de Buc dans les Yvelines, il réalise son exploit sur une distance de 700 mètres. Quelques semaines plus tard toujours à Buc, le 21 septembre, il réalise une série de figures acrobatiques et termine son programme en effectuant une boucle, l’un des tous premiers “looping”.
L’histoire retiendra que ces premières figures acrobatiques seront attribuées à Adolphe Pégoud et à Piotr Nesterov.
Par la suite, les pilotes de chasse perfectionnent et inventent les premières figures aériennes au cours de la première guerre mondiale. La nécessité d’échapper à l’ennemi en combat aérien sera à l’origine de ces figures.
1ère compétition internationale
Dans les années 30, la voltige aérienne se développera d’abord comme s’il s’agissait d’un divertissement, puis deviendra, petit à petit, une compétition. La première compétition, à caractère international, se déroulera les 9 et 10 juin 1934 à Paris, à l’initiative de l’Aéro-Club de France. Le championnat sera remporté par le pilote Allemand Gerhard Fieseler sur un F2 Tiger, le championnat suivant se déroulera à Berlin en Allemagne en juillet 1936 .
Le terme de voltige aérienne remonte à l’année 1938, il fut inventé par le Général de Brigade Pierre Fleurquin, l’un des fondateur de la patrouille d’Étampes, devenue l’actuelle et célèbre Patrouille de France.
À l’issue de la seconde guerre mondiale, la compétition internationale la plus prestigieuse fut le Lockheed Trophy, organisé tous les ans entre 1955 et 1965 en Grande Bretagne. À partir de 1960, les championnats du monde de voltige seront organisés tous les deux ans par la Fédération Aéronautique Internationale (F.A.I). Cette compétition de voltige utilise depuis 1964 le système Aresti .
La catalogue de figures selon l’espagnol José Luis Aresti de Aguirre, présente chaque figure par des lignes, flèches, et courbes permettant de comprendre la forme idéale de la figure.
Les lignes noires représentent des trajectoires à facteur de charge positif (ou en résumé le pilote est maintenu par les forces assis dans son siège). Les lignes hachurées et généralement de couleur rouge représentent les parties de trajectoire à facteur de charge négatif (où le pilote est suspendu dans le harnais). Les flèches représentent des fractions de tonneau et les triangles représentent des trajectoires en vrille ou en déclenché. Chaque figure est représentée séparément.
Les programmes
Les figures de voltige se composent d’une combinaison de manœuvres élémentaires se succédant : boucle, tonneau, vrille …
En compétition, un programme imposé connu et un ou plusieurs programmes inconnus seront notés par des juges sur la qualité de la réalisation et la conformité avec les figures prévues.
Le programme connu : ce sera le programme, que le compétiteur présentera à chaque compétition. Il sera travaillé et retravaillé jusqu’à ce qu’il soit connu sur le bout des doigts.
Le programme inconnu : le compétiteur reçoit son programme la veille, il est travaillé et révisé jusqu’au moment de son passage.
Les avions et les planeurs de voltige
Ils sont conçus dans le but d’obtenir les meilleures performances et manœuvrabilité en voltige, ce qui se traduit par une motorisation plus puissante équipée de dispositifs de lubrification et d’alimentation en carburant permettant au moteur de fonctionner dans toutes les attitudes, notamment en vol inversé (sur le dos).
Leur structures sont à la fois légères, pour garder un rapport poids-puissance faible, dimensionnées afin de subir des facteurs de charge élevés (jusqu’à +/- 10g), et très rigides. Leurs surfaces de contrôle, comme les ailerons, sont sur-dimensionnées permettant une meilleure manœuvrabilité et des taux de roulis élevés (jusqu’à 500° par seconde). Ils sont également équipés d’instruments peu courants sur les autres avions tels que l’indicateur de virage dos, un accéléromètre, ou les triangles de bout d’aile servants de repères visuels pour piloter l’assiette de l’avion. En raison de leur performances d’exceptions ils sont parfois qualifiés de “Formule 1” des airs. (Source Wikipédia)
La liste non exhaustive des avions et planeurs ci-dessous vous donnera la mesure de l’important catalogue proposé par les constructeurs aujourd’hui.
- Acro Sport I et II
- Mudry Cap 10 et 20, 222
- Famille 230 (monoplace de compétition 4 fois champion du monde et 3 fois champion d’Europe)
- Pitts spécial et Eagle II
- Acrobin/R2160
- Bücker Bü 131 et 133
- Extra 200 et 230
- Famille Extra 330 et 330 SC (3 fois champion du monde et une fois champion d’Europe)
- Slick 360
- S-300E et S-600
- Sukhoi Su-26 (monoplace de compétition 3 fois champion du monde et 8 fois champion d’Europe)
- Sukhoi Su-29
- Sukhoi Su-31 (monoplace de compétition 3 fois champion du monde)
- Yakovlev Yak-18, 50, 52, 55
- Zlin Akrobat, Trener Master, Z-26, Z-226, Z-326, Zlin 526 et Z-50 (monoplace de compétition, 3 fois champion du monde).
Dans la catégorie planeur de voltige, nous retiendrons :
- L’Allstar SZD-59
- Celair GA-1 Celstar
- Lo 100
- MDM-1 Fox (voltige avancée)
- Swift S-1 (voltige avancée)
- Cirrus k (voltige avancée)
- DG 500 (voltige de base)
- DG 1000 (voltige de base)
Voltige en compétition
Les compétiteurs se mesurent à plusieurs types de programmes : des programmes connus à l’avance que chacun peut répéter à sa guise, des programmes libres que chacun construit selon des règles communes mais qu’il peut ensuite répéter, des programmes inconnus que chacun exécute pour la première fois le jour de la compétition (connus la veille). Ces programmes sont naturellement les plus sélectifs.
Dans la catégorie reine, les pilotes peuvent présenter un libre intégral avec des figures uniques qu’ils ont eux-mêmes imaginées.
Lors d’une compétition, les évolutions doivent être réalisées dans un volume cubique de 1.000 m de côté. Ce volume est matérialisé au sol par des repères blancs de neuf mètres sur deux. Les pilotes ne doivent pas évoluer, pour des raisons de sécurité, en dessous de la hauteur de 100 mètres/sol. Le pilote doit réaliser son programme dans ce volume sans en dépasser les limites sous peine de pénalisation par le jury. Celui-ci, un peu à l’image d’une compétition de patinage artistique, note la symétrie et la précision d’exécution des figures.
Compétition en France
Les compétitions de voltige sont divisées en plusieurs niveaux qui vont des débutants ou Espoir (voltige positive) à la catégorie la plus élevée des monoplaces. En France, il y a trois catégories de compétition de biplaces :
- catégorie Espoir (premier cycle) ;
- catégorie Promotion (anciennement Desavoix – deuxième cycle) ;
- catégorie National 2 (anciennement CF2).
Il y a trois catégories en monoplace :
- catégorie National 1 (anciennement CF1), équivalant au niveau international
- catégorie Excellence (anciennement Doret) ;
- catégorie Élite, équivalant au niveau international Unlimited
Pour qu’un pilote puisse évoluer d’une catégorie vers la catégorie supérieure l’année suivante, il doit obtenir un résultat supérieur à 7/10 sur une compétition officielle. Pour pouvoir évoluer dans la catégorie supérieure au cours d’une même année, le pilote doit obtenir un résultat supérieur à 7,5/10.
Comment se déroule une compétition de voltige
Aujourd’hui nous allons suivre “Matt” lors d’une compétition de voltige. Il vole sur un avion Pitts S-2B, petit biplan de voltige. Matt est un ancien pilote compétiteur du championnat de voltige. Il a fini dans le Top Ten de la catégorie il y a quelques années.
Participant à l’amicale de voltige d’Amiens qui s’est déroulé mi-juin 2019, sur l’aérodrome d’Amiens-Glissy, il nous a invité à le suivre durant cette compétition.
Après un briefing de l’ensemble des pilotes présents pour la compétition, Matt s’isole. Il va répéter “sa musique”, dans un box matérialisé par des marques de peinture au sol. Les gestes qu’il réalise dans sa partition représentent les figures qu’il aura a effectuer durant « son programme connu ». Une fois cette mémorisation minutieusement effectuée, il effectue sa visite pré-vol et s’installe à bord de son Pitts. A ce stade de la préparation, la concentration est au maximum. Assis dans son avion, il effectue une dernière répétition mentale de son programme d’évolution.
La verrière est à présent fermée, et le moteur est lancé. Roulage en zig zag sur le tarmac (la visibilité à l’avant de l’appareil est quasi nulle sur un Pitts). Matt va maintenant s’aligner en bout de piste. Un rapide coup d’œil sur les instruments, altimètre calé, chrono démarré, et le Top est donné pour le décollage. C’est parti … le Pitts donne toute sa puissance, les roues quittent la piste, l’avion prend rapidement de l’altitude et se dirige vers le box d’évolution. Battant des ailes, Matt signale aux juges qu’il va débuter son programme à l’altitude demandée. Go !!!! Un premier tonneau barriqué, suivi d’un renversement sous 45°, tonneau à facettes …. les figures s’enchaînent… Son programme a été effectué au millimètre, l’avion bat à nouveau des ailes pour signaler aux juges que son programme est terminé. Dernier virage et retour au sol. Matt va parquer son Pitts, et procéder au débriefing de son vol. Les résultats de la compétition seront annoncés à l’issue de toutes les évolutions des pilotes engagés.
À l’issue de cette première journée, les résultats sont à présents connus. Les juges ont rendu leurs notes et leurs observations. Ils distribuent également les “programmes inconnus” pour les vols du lendemain. Pour le second jour de la compétition, Matt présentera son programme inconnu, qu’il réalisera dans une parfaite synchro. Les juges additionneront les notes des 2 journées pour chacun des participants, Matt totalisera un score très honorable puisqu’il terminera second dans sa catégorie.
Envie d’Envol Association Dorine Bourneton
L’association Envie d’Envol, inaugurée au salon du Bourget 2019 est dirigée par nos amis Dorine Bourneton et Guillaume Féral. Tous deux sont des pilotes confirmés, et voltigeurs. Malgré un handicap physique qui les a privé de l’usage de leurs membres inférieurs dans un accident d’avion, ils se sont longtemps battus pour repousser les limites, et réaliser un rêve. Ce rêve n’est autre que celui de permettre à toute personne handicapée, de pouvoir assouvir sa passion : la passion de voler. Dieu sait si le parcours a été difficile et parsemé d’embûches. “Envie d’envol” a pour objectif d’aider les personnes handicapées à développer leurs compétences en les formant à la voltige aérienne. Comme se plait à le dire Dorine : “dans le ciel tout est possible”. Obtenir le cycle 1 et 2 est une chose réalisable. L’appareil est équipé d’un dispositif nommé “malonnier” qui permet au pilote d’avoir en main toutes les commandes de l’avion regroupées au manche. Comme le dirait Dorine : “avec cet avion, je danse dans le ciel…” Mais nous reviendrons sur cette association et le parcours de ses acteurs dans un prochain article.
Un grand merci à Matt, pour nous avoir permis de l’accompagner en compétition à Amiens-Glisy.
D’ici là, je vous souhaite bon vol les amis, et à bientôt pour de nouvelles aventures….
Co-auteur de l’article : Jacques Oziel