Ce week-end du 13-14 juillet, nous nous sommes rendus sur l’aérodrome mythique de Duxford en Angleterre, pour assister au traditionnel meeting du « Flying Legends». C’était pour nous l’occasion d’aller faire le plein d’images et de sons aussi spectaculaires qu’historiques et de les partager avec vous. Tout au long de ces deux journées “So British”, la douce symphonie des moteurs à pistons équipant la plupart des warbirds présents et le défilé de ces prestigieuses machines nous ont accompagnés. Nous voici plongés à présent, en plein coeur de cette importante base aérienne de la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes en juillet 1940, étape décisive de ce qui va être “The Battle of Britain”…
The Fighter Collection
Le « Flying Legends Airshow » est un meeting aérien organisé par « The Fighter Collection ». Elle possède une des plus importantes collections d’avions de la Seconde Guerre Mondiale. Elle fut créée dans les années 70 par Sir Stephen Grey, homme d’affaire anglais et ancien pilote de la RAF (Royal Air Force), passionné d’aviation en général et de warbirds en particulier.
Dans le sens pur du terme, un Warbird est un avion militaire à hélices construit entre 1935 et 1952. Cependant, le terme tend à se démocratiser pour englober aujourd’hui les anciens avions d’arme (ou leur réplique en état de vol), qu’ils soient à hélice ou à réaction.
Un rêve devenu réalité
Le rêve secret de Stephen Grey fut longtemps de piloter un Spitfire ou “cracheur de feu”, cet avion anglais si emblématique. Mais celui-ci étant alors très rare, il décida d’acquérir à la place, un P-51 D Mustang aux USA. Ce fut le 1er d’une grande et magnifique collection… Celle-ci s’enrichit progressivement avec l’acquisition d’un F8F Bearcat en 1981, puis d’un FM-2 Wildcat en 1982… Le 4e avion acquis fut enfin un Spitfire, cet avion tant désiré. Contrairement aux 3 précédents avions achetés, celui-ci sera à rénover intégralement. Vaste programme qui finira par donner quelques idées à Stephen Grey.
L’équipe de The Fighter Collection décide alors d’ajouter une seconde corde à son arc, en réalisant ses propres restaurations d’avions. Cette activité parallèle intégrera de nouvelles compétences et s’appuiera, entre autres choses, sur de nombreux passionnés bénévoles. Elle lui permettra également de gérer dans ses propres ateliers, l’entretien de ses propres machines. Toutes ses compétences réunies permettront également à diverses autres collections de bénéficier de cette expertise.
Initialement basée à Genève, The Fighter Collection déménagera rapidement à Duxford, faute de place et de locaux pour stocker les avions. Dès lors, la machine sera lancée et ne s’arrêtera plus ! De nombreux Warbirds passeront par les hangars de Duxford… La collection comprendra les principaux types et les plus emblématiques Warbirds produits durant la période 1935-1952.
Au début des années 90, The Fighter Collection décide de partager avec le public la passion de ses machines et de celles d’autres collections, en créant le Flying Legends Airshow. Ce meeting, qui fête aujourd’hui sa 27e édition, deviendra très vite la meeting de référence en Europe, pour ce qui concerne les avions de la Seconde Guerre Mondiale. Il se déroule durant la 1ère quinzaine de juillet et remporte chaque année un réel succès auprès des passionnés. Il est devenu incontournable, et représente l’Étape obligatoire de tous les amateurs de Warbirds.
La base aérienne de Duxford
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’aérodrome de Duxford a revêtu une importance capitale dans le déroulement des opérations aériennes contre la Luftwaffe et ses alliés italiens. Il a fait partie du Group en charge de la protection des Midlands contre les raids allemands. Il abrita notamment le No 242 (Canadian) Squadron de la RAF, commandé par l’As Douglas Bader. Cet aviateur britannique avait été amputé de ses deux jambes à la suite d’un accident survenu avant la guerre. Il totalisera 22 victoires confirmées à la fin de sa carrière.
C’est à partir de cette base que fut testée l’expérience « Big Wing », également connue sous le nom de Balbo. Cette dernière consistait à envoyer au contact de l’ennemi plusieurs escadrons groupés et non plus de petits groupes de harcèlement. Les pertes allemandes furent dès lors plus importantes. Au lendemain de la guerre, l’aérodrome abrita des escadrons de Gloster Meteor, puis de Hawker Hunter et Gloster Javelin au plus fort de la Guerre Froide. Elle hébergea également des unités de l’USAF, puis fut ensuite démilitarisée et rendue à la vie civile.
Riche de cette grande histoire militaire, l’aérodrome continue d’être au 1er plan en abritant une succursale de l’Imperial War Museum (IWM : organisme national de musées militaires britanniques créé en 1917). Deux collections distinctes y sont mises à l’honneur, celle des avions américains et celle des avions britanniques.
L’aérodrome est de plus le siège de nombreuses associations/collections aéronautiques telles que Old Flying Machine Company et The Fighter Collection, cette dernière nous concernant tout particulièrement.
Le musée de l’Imperial War Museum
Le meeting se déroule donc sur un week-end complet et assure le spectacle aérien chaque après-midi. Mais l’absence de présentations aériennes en vol le matin, ne veut pas dire qu’il n’y a rien d’autre à faire ou à voir…
Tout d’abord, l’accès au musée de l’IWM est compris dans le billet d’entrée (l’achat du billet se fait uniquement en prévente sur Internet). Ne pas en profiter serait bien dommage. Un article complet serait nécessaire pour décrire la richesse des collections abritées dans les différents hangars.
Les avions qui vont ensuite assurer le show aérien de l’après-midi sont tous alignés sur le tarmac. Vous pourrez vous en approcher moyennant la somme de 7£/personne. Rangés les uns à côté des autres pour former la Flight Line, ils sont a une dizaine de mètres du public. Le « cordon sécuritaire » destiné à empêcher les curieux d’approcher les avions est composé de bénévoles déguisés en tenues et uniformes d’époque. Souriants et à votre disposition pour animer vos photos, c’est un petit plus non négligeable pour l’immersion dans le spectacle.
Des baptêmes de l’air sont également organisés durant la matinée. Ils vous permettront de prendre l’air sur des North American T-6 et des De Havilland Tiger Moth et Dragon Rapide. Les décollages et atterrissages sont incessants et ce, jusqu’aux dernières minutes avant le début du show.
L’art de flâner avant le show
Entre les avions et les hangars, de nombreux stands sont disposés et vous proposent divers produits tournant autour de l’aviation. Livres, maquettes, peintures, souvenirs, vieux composants de tableaux de bord, voire des morceaux d’épaves… Vous trouverez également des stands pour des associations de conservation et de préservation du patrimoine aéronautique. Enfin des stands de « composition historique » vous présentent des reconstitutions de scènes, en costumes d’époque.
Des groupes musicaux agrémentent également votre visite, comme un trio de chanteuses d’époque (The Hotsie Totsies), un pianiste… Tout est fait pour inviter le visiteur à se délasser, en lui proposant de s’installer sur une chaise longue, accessoire très apprécié pour assister au spectacle.
Présentation générale du meeting
À Duxford, un meeting ne se déroule pas forcément comme ceux que nous pouvons voir en France. Il peut rapidement vous surprendre. En effet, il n’est pas ici question d’évolutions aériennes d’un type d’avion, suivies d’une autre démonstration d’un autre type. Non ! Le spectacle aérien qui nous est offert, consiste à nous en mettre plein les yeux et plein les oreilles !!!!
De 14h à 17h30, nous seront plutôt proposées des formations aériennes que des avions évoluant en solo. Certes, nous aurons de temps en temps un seul avion qui occupera le ciel de Duxford, et là encore, ce sera pour attendre le regroupement d’une formation, ou bien parce que l’avion est particulier, et qu’il doit pouvoir être apprécié à sa juste valeur… Mais ce ne ne sera là qu’une partie du show.
Pendant que les formations réalisent leur programme, d’autres se préparent sur le taxiway. C’est un manège incessant de décollages et d’atterrissages qu’il faut suivre, tout en restant concentrés sur les évolutions aériennes. Surtout, garder un œil sur tout ce qu’il se passe sur l’aérodrome, sous peine de rater quelque chose…
La météo quant à elle fut typiquement anglaise, plafond nuageux et gris, relativement bas, assez peu de lumière et quelques rares éclaircies. Le temps a daigné se dégager à partir de 16h le dimanche après-midi… N’oublions pas que nous sommes en Angleterre, nous aurions pu avoir la pluie…
Abordons à présent la fête aérienne, telle qu’elle s’est déroulée. Nous décrirons brièvement les appareils présents à Duxford dans ce qui va suivre. Nous aborderons plus en détail leur histoire dans un prochain article. En effet, ces avions de collection ont tous une histoire particulière, qu’elle soit triste, rocambolesque ou pleine de gloire et elle fait partie de leur légende. Il faut se rappeler que ces avions sont tous de vieux papis, qui ont parcouru les cieux et participé à de nombreuses campagnes. Ne venons nous pas de fêter le 75e anniversaire du D-Day ?? A l’échelle du temps humain, ils auraient bien des choses à nous raconter. Entre ceux précieusement conservés dès leur retrait de service, ceux découverts grâce au reflux d’une marée, les différents changements de propriétaires et de décorations (voire même d’aménagement pour certains), il y aurait de quoi écrire plusieurs volumes. Mais çà, c’est une autre histoire…
Les Red Arrows ouvrent le bal
La patrouille aérienne des Red Arrows arrive le samedi aux environs de midi, dans un tourbillon de fumigènes bleu, blanc et rouge. Les 9 BAe Hawk T.1 rouges ont donc ouvert le bal de la plus belle des manières avant de réaliser plusieurs passages en différentes formations.
Au top du leader, séparation en petits groupes, pour préparer une présentation plus musclée, composée de croisements et de voltiges toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Un public émerveillé suit religieusement les circonvolutions de la patrouille.
Sa Majesté le Spitfire
A 14h nous entrons dans le vif du sujet, les Warbirds ! Duxford est une terre de Spitfire et c’est logiquement à eux que revient l’honneur d’entrer en piste avant les autres. Douze appareils se mettent en route et roulent vers la piste en zigzagant sur le taxiway. En effet, la visibilité pour le pilote depuis le cockpit est très réduite en raison de sa position très en arrière du fuselage. Défilent alors devant nous des Mk V, un Mk IX, des T-9 (Mk IX monoplaces modifiés en biplaces), un Mk XI, un Mk XIV, un Mk XVI et un Mk XVIII. Quelle symphonie que le son du moteur Rolls Royce Merlin et que dire de celui plus puissant du Rolls Royce Griffon des modèles XIV et XVIII…
Scramble !!!! Les avions décollent rapidement 2 par 2, comme lorsque les escadrilles décollaient en urgence pour aller intercepter les intrus. Le temps que les avions se rassemblent dans le ciel et nous avons 2-3 passages groupés très esthétiques et… sonores. Les avions se séparent ensuite en 2 groupes et commencent à cercler autour de la base avec pour axe de rencontre, la piste. Pour mieux se représenter la scène, le spectateur se retrouve rapidement au centre d’un énorme 8 dans lequel les Spitfire foncent plein gaz. Cela arrive de partout ! Difficile de s’attarder sur un avion que nous sommes déjà attirés par le suivant, puis un autre, puis un autre… Difficile aussi de se concentrer sur une seule photo, mais effets sonores et visuels garantis ! On en redemande !
Les « Bandits » de la Bataille d’Angleterre
Pendant que les Spitfire décollent, les Buchon progressent sur le taxiway. Ces anciens Messerschmitts 109 vendus à l’Espagne, puis re-motorisés avec des moteurs de Spitfire, ont servi jusque dans les années 50. Leur moment de gloire fut tout de même leur rôle dans le film « La Bataille d’Angleterre » réalisé en 1969. Repeints pour l’occasion, ils y ont affronté « pacifiquement » les Hurricane et Spitfire qui leur étaient opposés. Ils furent ensuite envoyés aux USA et ne revinrent en Europe que récemment.
Dans la même veine que pour les Spitfire, nous avons eu droit à de belles évolutions groupées.
La puissance stratégique américaine
Pendant que les Buchon tournoyaient dans le ciel de Duxford, l’unique Boeing B-17 basé en Europe se prépare. En vérité, cela faisait presque 1 heure que ses pilotes et mécaniciens s’occupaient des moteurs… difficile d’ignorer que quelque chose se préparait pour lui… Escorté de 2 North American P-51 D Mustang et d’un Republic P-47 D Thunderbolt, il réalise plusieurs passages avant de faire seul sa présentation en vol, soute ouverte et train sorti. Nous aurons droit à plusieurs passages et le public, silencieux, admire ainsi sa puissance. Dire qu’en 1944 ils pouvaient être des centaines à voler ensembles, sans parler de leur escorte…
Classic Formation
Entrent ensuite en action les avions de la « Classic Formation » suisse, un Douglas DC-3 accompagné de 3 Beechcraft 18. Tels qu’ils apparaissent, ces avions ne donnent pas précisément l’impression d’être des Warbirds, sauf que… Le DC-3 est représentatif de ces centaines d’avions amenant les parachutistes au-dessus des plages de Normandie (entre autres…). Et les Beechcraft 18 étaient quant à eux des avions de liaison très bien représentés dans les effectifs militaires.
Le DC-3 en tête, la patrouille constituée de ces 4 avions fait un passage au dessus de la piste, dans le doux ronronnement de ses moteurs à pistons. Quelques figures imposées comme le vol groupé, puis différentes formations, croisements et breaks… Le tout avec grâce et légèreté malgré leur taille imposante… Il ne manquait qu’un petit rayon de lumière se reflétant sur leurs carlingues métalliques pour que le bonheur soit complet…
Une patrouille Curtiss unique au monde
Les 4 avions qui se présentent à présent sur le tarmac sont des modèles uniques au monde… Rendez-vous compte ! Réunis pour l’occasion, un P-36C, un H-75 et un P-40C accompagnant un P-40F !! Il n’y a qu’à Duxford qu’il nous est possible de voir un tel tableau. Quoique le Curtiss P-40N Warhawk “Little Jeanne” soit visible en France… Il fait partie de la collection de France Flying Warbirds basée à Melun-Villaroche.
Le P-40 F à moteur Merlin, quittant la formation après 2 passages groupés, nous présente ensuite son programme solo.
Le P-40 C à moteur Allison est tout simplement magnifique, avec son air de « racer » et sa livrée métallique. Son programme solo a pourtant cruellement manqué de lumière dans ce ciel définitivement très anglais.…Des reflets sur la carlingue métallique auraient été du plus bel effet…
Puis arrivent au dessus du terrain les “faux jumeaux” H-75 et P-36. Ce dernier fut le 1er des Curtiss modernes, ancêtre du P-40, il est équipé d’un moteur en étoile. Lors du réarmement d’urgence français durant la Seconde Guerre mondiale, il fut commandé à une centaine d’exemplaires avec quelques modifications mineures, pour devenir le Curtiss Hawk H-75. Bien qu’obsolète au moment de l’entrée en guerre, il fut fortement employé pendant la bataille de France, puis par le régime de Vichy.
Ce Curtiss Hawk H-75 est un avion assez connu des habitués du meeting de la Ferté-Alais, où il est un des invités de marque depuis une bonne douzaine d’années.
La Bataille d’Angleterre
The Fighter Collection et ses partenaires peuvent s’enorgueillir de disposer d’avions de grande valeur historique. C’est ainsi le cas de ces 3 rares Spitfire Mk I, de ce Bristol Blenheim Mk I et de ce Westland Lysander. Leur survol du terrain mythique de Duxford rappellera la mémorable Bataille d’Angleterre, qui mit un terme à la série de victoires éclairs de la Luftwaffe. Nous aurons droit à une présentation en vol remplie d’émotion.
Pour la petite histoire, nous retiendrons que l’un des 3 Spitfire en vol, fut abattu en combat aérien en mai 1940 et miraculeusement redécouvert au hasard d’une grande marée sur une plage du Nord. Le voir ici en état de vol donne une idée des prouesses techniques mises en œuvre pour le remettre en état de vol. Un clin d’œil à Sir Reginald Mitchell, son concepteur…
L’unique exemplaire volant au monde du bombardier léger Bristol Blenheim Mk I, et qui occupa une place importante dans le dispositif militaire britannique, fut quant à lui déjà restauré il y a maintenant 25 ans. Un accident survenu en 2003, causant uniquement des dégâts matériels à l’appareil, nécessita une nouvelle restauration. Après quelques vols d’essais et ajustements mineurs, le Blenheim reçu son permis de vol complet à la fin de l’année 2014. Il vient de fêter ses 85 ans…
Le Lysander est le petit dernier. Fraîchement restauré, il est le seul Lysander en état de vol composé uniquement d’éléments anglais. Cela semble anecdotique, mais la majorité des autres Lysander de par le monde sont majoritairement canadiens et n’ont jamais servi sur le Front Européen.
The « Ultimate Fighters Team »
Pendant que se déroulait la présentation de nos 5 avions de la Bataille d’Angleterre, un P-51 D, un P-47 D, un Buchon et un Spitfire Mk V entament leur roulage pour se présenter au seuil de piste. Ces 4 avions qui composent la nouvelle patrouille d’acrobatie dénommée « Ultimate Fighters Team » nous présentent leur toute première démonstration publique.
Décollage groupé, passages à l’anglaise, boucles et tonneaux se succèdent. Tout le répertoire y passe. Puis une simulation de “dogfight” ou combat tournoyant engage le Buchon et le Spitfire au dessus du terrain, pendant que les représentants US continuent à défiler en patrouille. Dans un humour très “british”, le speaker annonce alors au public que le Spitfire ne peut que très logiquement remporter ce combat. Il s’agit, ne l’oublions pas, du meilleur chasseur de la WWII, surtout quand il est chez lui. Devant un public majoritairement patriote, il est totalement impensable de voir un avion anglais se faire “descendre” par un adversaire !!
De très belles mises en scène, et un spectacle orchestré au millimètre, que seul peut nous offrir ce meeting de Duxford.
Hommage à la Marine
Place maintenant à une formation d’avions rapides que sont le Goodyear FG-1 Corsair, le Grumman F8F Bearcat et le Hawker Sea Fury, ces 3 bijoux appartenant à The Fighter Collection. Le Corsair et le Sea Fury sont aux couleurs anglaises tandis que le Bearcat est aux couleurs américaines. Ils n’ont certes pas la grâce et la majesté d’un Spitfire Mk I, mais ils dégagent une telle impression de puissance ! En quelques années, la fulgurante progression qui s’est opérée sur les avions de chasse de l’époque est remarquable.
La 2e patrouille qui prend l’air ensuite est constituée de 2 autres avions ayant volé pour la Marine. Le Grumman FM-2 Wildcat, “grand-père » du Bearcat, et le Consolidated PBY Catalina, hydravion très populaire. Ils réaliseront chacun leur tour leur présentation, se côtoyant de temps en temps. Ils nous donnent ainsi une vision complémentaire de la puissance des chasseurs qui les ont précédés.
Hommage aux transporteurs du Jour-J
L’actualité historique de l’année se concentre maintenant sur le 75e anniversaire du D-Day. C’est pourquoi un DC-3 et 2 C-47 (version militarisée du DC-3), puis 2 Piper L-4 d’observation décollent à leur tour.
Ces DC-3 / C-47 sont des monuments historiques. L’un d’entre eux a parachuté une partie de la 82nd Airborne Division le 06 juin 1944, pendant qu’un autre convoyait des marchandises par-dessus l’Himalaya. Le 3e a quant à lui, après guerre, participé au pont aérien destiné à ravitailler Berlin en 1948… Plus d’un demi siècle d’histoire est symbolisé par ces avions dans ce ciel anglais, décidément bien laiteux.
Le De Havilland DH-9
Une petite parenthèse dans le monde bruyant de ces Warbirds : le DH-9 de De Havilland. Ce constructeur se fera connaître mondialement par des réalisations comme le Mosquito, le Comet, le Tiger Moth, le Dragon Rapide, etc… Mais durant la Première Guerre mondiale, le constructeur avait débuté par la réalisation du bombardier léger DH-9, successeur du DH-4. Cet avion a été récemment restauré et, comme pour certains autres appareils que nous avons eu le privilège de voir évoluer durant ce week-end, c’est l’unique exemplaire au monde en état de vol. Le son de ses passages contraste avec celui des vols précédents, et sa vitesse est bien inférieure. Mais il apporte une certaine légèreté et fraîcheur (malgré son âge…) à cette débauche de décibels et de km/h.
Les Wing Walkers donnent des frissons !
La Patrouille AeroSuperBatic Wingwalkers prend le relais. Breitling se désengageant lentement mais sûrement du monde aéronautique, sa célèbre patrouille de funambules aériennes vole désormais sous d’autres couleurs mais procure toujours le même effet auprès du public. Frissons !
Petit changement pour ceux qui ont pu les voir ailleurs qu’en Angleterre : la législation leur permet ici de décoller en étant déjà attachées sur leur pylône. Les ayant vues personnellement en France et en Suisse, elles devaient, pour des raisons de sécurité, décoller en étant assises et sanglées en place avant. Une fois en l’air, elles pouvaient se détacher pour aller rejoindre leur perchoir… Leur numéro bien rôdé est toujours aussi spectaculaire, avec des évolutions groupées accompagnées de fumigènes, et de passages en solo avec croisements.
Le C-47 en solo
L’un des C-47 qui avait pris l’air un peu plus tôt dans l’après midi s’aligne à nouveau sur la piste. Le pilote pousse doucement les manettes, l’avion prend de la vitesse, et les roues quittent le sol. La présentation qui va suivre sera un programme solo. Les manœuvres sont un peu moins rigides que celle imposées lors des passages groupés précédents.
Mais tandis que le bimoteur se concentre sur ses évolutions, l’activité au sol s’intensifie un peu plus. Démarrages de moteurs, mouvements sur le taxiway, beaucoup de monde est à la manœuvre et le public sent bien que quelque chose se prépare…
Balbo et Joker pour une clôture grandiose !
Le Balbo et le Joker se mettent en place ! Dans le langage « duxfordien », cela revient à dire que la très grande majorité des avions vus durant l’après-midi vont décoller à nouveau et se présenter tous ensemble en formation très sonore. Il s’agit du Balbo. L’appellation Balbo fait référence à Italo Balbo, Ministre italien de l’aéronautique sous le régime fasciste. Il réalisa 2 traversées transatlantiques à la tête de 14 puis 25 hydravions Savoia-Marchetti S.55 (gros hydravion à double coques de 1926 détenteur de plusieurs records de vitesse, d’altitude, de rayon d’action et de charge utile). Même si la manœuvre d’origine était plus destinée à la propagande, l’aspect spectaculaire est resté et consiste donc en un passage groupé et sonore d’une grande flotte aérienne destinée à impressionner et marquer les esprits. Pendant ce temps là, 2 avions vont occuper la galerie le temps que le gros des troupes se rassemble : les Jokers.
Assurer un passage regroupant autant d’avions (24 cette année, mais jusqu’à plus de 50 certaines années) nécessite du temps et de la précision. Le temps que tout cela se mette en place, les “Jokers” à bord de montures très puissantes, vont réaliser des chandelles, piqués et boucles à plein régime pour captiver la foule. Et là, rien de moins que le Bearcat, déjà vu et petit chouchou de TFC, mais aussi un très rare Sea Fury monoplace avec son moteur Centaurus d’origine… Ce moteur très puissant a souvent été remplacé sur d’autres Sea Fury par un Pratt & Whitney plus disponible. Il est facilement reconnaissable par son énorme hélice à 5 pales. Sa livrée, aux couleurs d’un prototype avec le ventre jaune, ne le fait pas passer inaperçu…
Le Balbo réalise 2 passages groupés, puis se scinde en 2 parties. Pendant que la 1ère atterrit, la 2e refait un passage. L’esthétique des formations se travaille jusqu’au bout car chaque formation se compose de 3 avions qui réalisent proprement leur break à l’aplomb du public. Pour les amateurs de photos croustillantes, c’est un petit plus non négligeable…Bref que du bonheur !
Que ferez vous en juillet prochain ?
C’est une très bonne question… Si vous n’avez rien de prévu, projetez de faire un tour du côté de Cambridge. Plusieurs bonnes raison à cela… Déjà, l’accès à l’aérodrome et aux avions présentés est incomparable avec d’autres meetings. Enfin, le spectacle est grandiose, les organisateurs et le public, comme nulle part ailleurs… Mais méfiez-vous tout de même, lorsqu’on y a goûté une fois, on ne peut plus s’en passer….
Rendez-vous à l’année prochaine.