La 53e édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace a fermé ses portes dimanche 23 juin. L’heure est donc au bilan de cette grande messe biennale. Une première estimation de la valeur des contrats signés a été faite par ses responsables qui annoncent une baisse sensible, tous domaines confondus, fréquentation, contrats signés etc. par rapport à l’édition 2017.
Ce sont néanmoins des contrats d’une valeur totale de 140 milliards de dollars qui auraient été conclus durant ces 7 jours de salon. Les intentions de commandes enregistrées en 2017 se chiffraient elles, à 150 milliards de dollars.
Taux de fréquentation et quelques chiffres…
Malgré un léger tassement, les organisateurs sont globalement satisfaits et dressent un bilan plutôt positif de l’édition 2019. Le nombre de visiteurs est en très légère baisse. Près de 316.000 visiteurs, dont environ 140.000 professionnels sont venus visiter le salon. C’est enfin 276 délégations officielles de 98 pays et 7 organisations Internationales présentes au Bourget.
Même si cette année, les accréditations presse ont été sensiblement réduites, ce sont néanmoins 2.700 journalistes de 87 pays qui ont été accrédités. L’équipe du Portail- Aviation, présente pendant toute la durée du Salon, a pu faire le point sur les faits les marquants.
A la découverte des enjeux de demain…
1ère édition de Paris Air Lab
Le pôle d’innovation, d’échanges et de rencontres, Paris Air Lab, pour sa première édition, a quant à lui reçu près de 54.000 visiteurs. Les véritables enjeux du futur y ont été abordés et des thèmes aussi cruciaux que le changement climatique, la mobilité aérienne du futur et l’intelligence artificielle, sont à présent dans “les tuyaux”.
L’Avion des Métiers
Le pavillon de 3.000 m² qui a accueilli près de 66.000 visiteurs, a été pour de nombreux jeunes et accompagnants, l’occasion de découvrir les métiers de l’industrie aéronautique et spatiale. Le public était ainsi invité à suivre un parcours immersif et pédagogique. Une zone de démonstrations et d’échanges, animée par des professionnels, dont le but était de faire découvrir leurs métiers et les métiers du futur. Le pavillon abritait également un espace de rencontres avec les entreprises qui recrutent et les établissements d’enseignement. Des vocations y sont probablement nées…
Les faits marquants du salon
Chez Airbus
L’édition 2019 du SIAE a été l’occasion pour Airbus de célébrer son 50e anniversaire. Côté aviation civile, des annonces majeures ont été faites. Parmi elles, le lancement de la version long rayon d’action de l’Airbus 321, l’A321XLR. En réalité, cette version est assez similaire aux autres appareils de la gamme. Ce court/moyen courrier, mono-couloir, est équipé de 2 rangées latérales de 3 sièges, mais a la particularité de disposer de réservoirs supplémentaires lui permettant de bénéficier d’une autonomie non négligeable. Il peut ainsi parcourir une distance de 8.700 km, sans avoir besoin de faire escale pour ravitailler.
L’avion peut transporter un total de 180 à 220 passagers. Airbus Industries annonce des consommations inférieures de 30% aux modèles concurrents. Une première commande de 27 unités a été enregistrée pour Air Lease Corporation durant le salon.
Toujours chez Airbus, un autre mono-couloir, l’A220-300 aux couleurs de l’opérateur letton Air Baltic a été l’une des vedettes du salon. Entré en service en décembre 2016, le plus petit avion de ligne d’Airbus de 150 places, à 2 classes, dispose de la cabine la plus silencieuse de sa catégorie. Le modèle se déclinera sous 2 versions, le 220-100 et le 220-300.
La “petite” version, ou A220-100, proposera quant à elle, un nombre moyen de 100 à 120 sièges en 2 classes. La cabine sera configurable en deux zones flexibles. Son autonomie lui permettra de parcourir jusqu’à 6.300 km, dans un confort inégalé. Équipé de sièges surdimensionnés, de nombreux espaces de rangement et de grandes fenêtres, ce mono-couloir offrira des prestations dignes d’un appareil à large fuselage. L’avion est propulsé par des turboréacteurs à double flux Pure Power PW1500G de Pratt & Whitney, conçus pour cette catégorie. Il utilisera une piste de décollage courte de seulement 1.460 m. L’A220-100 est le plus gros avion capable de circuler dans l’environnement contraignant d’aéroports situés en centre ville.
Coup d’arrêt pour l’A380, mais l’avion est encore promis à un long avenir…
Même si l’annonce de l’arrêt de sa fabrication en février dernier est encore dans toutes les têtes, le constructeur a voulu marquer d’une forte présence son gros porteur. Le plus grand avion passager au monde, l’A380 aux couleurs du spécialiste portugais du crédit-bail Hi Fly a fait son show pour le plus grand plaisir du public.
Les chiffres opérationnels du Jetliner sont aussi impressionnants que sa taille, environ 140 000 passagers sont transportés quotidiennement par les 230 avions en service aujourd’hui, avec quelques 150 liaisons et 70 destinations desservies. Sa fiabilité opérationnelle est de 99,1%.
Bien que la production de l’A380 sera arrêtée d’ici 2021, il a, selon Airbus Industries, un long avenir encore devant lui. En effet, le constructeur et ses fournisseurs se sont engagés à continuer à fournir un support, des services et des pièces de rechange, à tous les opérateurs de l’appareil. La flotte d’A380 bénéficiera d’améliorations opérationnelles et de l’optimisation du programme de maintenance de l’appareil.
Airbus présentait également son modèle A330neo, pourtant déjà lancé depuis le 14 juillet 2014 lors du salon de Farnborough. La version remotorisée de l’A330 est destinée à compléter l’offre de l’A350 pour mieux concurrencer le 787 Dreamliner de Boeing. Enfin son A350-1000 déjà présent à la précédente édition a également fait son show.
Les transactions annoncées par Airbus Industries lors du Salon sont de l’ordre de 363 avions de ligne appartenant aux gammes de produits A320, A220 et A330.
Avions militaires
Côté militaire, Airbus Defence and Space et Dassault Aviation ont annoncé des modèles de chasseurs et de transporteurs à distance du système de combat aérien futur (FCAS ou SCAF). avec une maquette grandeur nature du chasseur de nouvelle génération (NGF).
Au milieu de cette année, Dassault Aviation et Airbus ont présenté aux gouvernements français et allemand une proposition industrielle commune concernant la première phase de démonstration du FCAS. Des modèles complets ont été dévoilés au salon aéronautique.
Durant cette semaine, Airbus a également annoncé son intention de coopérer étroitement avec des acteurs technologiques innovants tels que des start-up, des petites et moyennes entreprises et des instituts de recherche, en particulier dans le domaine des logiciels, afin de libérer de nouvelles idées, technologies et recherches pour FCAS.
Lire l’article de notre rédaction : Le SCAF par ses concepteurs
Le Phénix
Enfin Airbus Defence and Space présentait l’A330 Multi Role Tanker Transport, ou MRTT, avion militaire de transport et de ravitaillement en vol à large fuselage. Le modèle est dérivé de la version civile de l’A330. Le second exemplaire entrera en service opérationnel en octobre 2019 au sein de l’armée de l’Air. Il ravitaillera les Rafale en vol et assurera le transport de troupes. Nous retiendrons la livraison à l’armée de l’Air, d’un second appareil, le 2 juillet dernier. La procédure prévoit des tests et examens minutieux des 2 unités par les services de la Direction Générale de l’Armement, avant d’être déclarés opérationnels. 13 autres exemplaires devraient rejoindre les 2 premiers d’ici 2025.
Chez Boeing
Plusieurs thèmes ont été mis en avant. Le constructeur a présenté sa large gamme de produits, de technologies, de services commerciaux et de défense. Par sa présence et ses activités, le Groupe a affirmé ainsi son engagement en faveur de l’innovation, des partenariats industriels et de la sécurité. Cette dernière étant devenue le point d’achoppement du géant américain, après les récents événements survenus sur son modèle 737 Max 8.
En présentation, un Boeing 787-9 aux couleurs de la compagnie Air Tahiti Nui. Selon le constructeur américain, ses possibilités et les innovations révolutionnaires de l’appareil ont fait du Dreamliner, un des avions préféré des compagnies aériennes.
Côté militaire
Le ministère américain de la Défense a présenté pour sa part plusieurs plateformes Boeing, dont l’hélicoptère d’attaque AH-64 Apache tous temps. Initialement développé par la société Hughes Aircraft, il est construit aujourd’hui par Boeing, après que ce dernier ait absorbé la société McDonnell Douglas, qui avait elle-même rachetée la société Hughes Aircraft. L’hélicoptère avait été développé durant la guerre froide, pour affronter les chars du pacte de Varsovie, en cas de conflit en Europe. Il a été massivement engagé pendant la guerre du Golfe, en Afghanistan et en Irak.
L’hélicoptère de transport lourd CH-47 Chinook, l’avion de chasse F-15 et l’avion de patrouille maritime P-8 Poseidon étaient également présents au Bourget.
À l’occasion de cette 53e édition du salon du Bourget, l’avion de ravitaillement en vol Boeing KC-46 a été présenté pour la première fois lors d’un salon international. Il s’agit en fait d’une version du Boeing 767-200 équipé d’un cockpit dérivé du Boeing 787. Il remplacera à moyen terme les anciens Boeing KC-135 Stratotanker. Une première livraison de 18 exemplaires devait être faite en 2017, pour une mise en service en 2018. Mais le programme a accusé des retards. 161 unités ont été commandées pour une livraison d’ici 2028.
Le carnet de commandes
Boeing a annoncé avoir enregistré d’importantes commandes durant ce salon :
- 200 Boeing 737 Max (Max 8 et Max 10) pour International Airlines Groupe
- 20 Boeing 787 Dreamliner (787-9 et 787-10) pour Korean Airlines
- 5 Boeing 787 Dreamliner (787-9) pour Air Lease Corporation
- 5 Boeing 777 Cargo (Freighters) pour Qatar Airways
- Jusqu’à 6 Boeing 777 Cargo pour China Airlines
- 1 Boeing 777-200LR pour Turkmenistan Airlines
- 10 Boeing 737-800BCF (Boeing Converted Freighters) pour ASL Aviation Holding
- 10 Boeing 737-800BCF (Boeing Converted Freighters) et 15 Boeing 737-800BCF en option pour GECAS.
Le 50ème anniversaire de la mission Apollo 11
Avec quelques jours d’avance, le salon de l’Aéronautique et de l’Espace a fêté les 50 ans du 1er pas de l’homme sur la lune. C’est dans le pavillon américain que se sont retrouvés le mardi 18 juin les 3 astronautes de 3 différentes missions Apollo. Le Colonel Walt Cunningham de la mission Apollo 7, Charlie Duke, pilote du module lunaire d’Apollo 16, et Al Worden, commandant du module de commande d’Apollo 15.
Les 3 astronautes étaient également présents sur le Paris Air Lab, pour un “Amazing meeting : Fly me to the moon”.
Une puissance de 80 ko…
Et de rappeler durant la conférence de presse organisée pour l’occasion, que grâce à un incroyable travail d’équipe, et à l’entière confiance faite aux contrôleurs au sol, ces derniers avaient permis le sauvetage de l’équipage d’Apollo 13 en avril 1970. Petite anecdote qui nous a fait sourire , quand Charlie Duke a précisé qu’il avait fait le voyage terre/lune, avec un ordinateur d’une capacité de 80 ko, soit 80.000 fois moins puissant qu’un de nos smartphones actuels. Quant à Apollo 7, l’ordinateur de bord ne possédait qu’une puissance de 42 ko !!!!!!
Russian Helicopters
Le salon du Bourget a été l’occasion d’annoncer des projets de certification en Europe de l’Ansat, sa modernisation et son équipement de modules médicaux fabriqués en Europe, notamment en Autriche.
Autre présentation, celle de la maquette du VRT500, hélicoptère léger développé par sa filliale VR-Technologies, et son projet de certification en Europe et en Russie. Enfin l’annonce de la mise en place d’une coopération avec Safran sur les modèles Kamov Ka-62 et Ka-226.
En résumé
De très nombreuses autres annonces technologiques et partenariats ont été faits durant cette 53e édition. Nous n’avons pu relater ici l’intégralité de cette actualité. L’équipe du Portail-Aviation suivra pour vous dans les prochaines mois l’évolution de ces annonces, et vous les rapportera fidèlement.
“Le succès du salon ne se dément pas” et 2019 est “un excellent cru”, a néanmoins estimé Gilles Fournier lors d’une conférence de presse.
Rendez-vous est pris pour la 54e édition.
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