Encore un beau millésime, mais petite météo ce samedi 8 juin 2019 sur le plateau de Cerny. L’alternance d’averses et d’éclaircies n’a pas découragé les passionné(e)s et les habitué(e)s de cette traditionnelle ouverture de la saison des meetings en France. Néanmoins, le programme des vols a dû être adapté.
La météo du dimanche a été plus clémente, calme, mais peu éclairée… Au moins le programme des vols lui, a été respecté ! Les visiteurs sont malgré tout venus en nombre pour célébrer cette fête aérienne, mais également le 75e anniversaire du débarquement allié de la seconde Guerre Mondiale. L’édition 2019 a également rendu un brillant hommage à Serge Dassault qui nous a quitté l’année dernière.
Est-il besoin de rappeler que le weekend de la Pentecôte est, pour les inconditionnels de l’événement ou pour ceux qui le découvrent, l’événement qu’il ne faut pas rater ? Donc “The place to be” comme diraient nos amis anglo-saxons… Non bien sûr, de plus la 47e édition du Temps des Hélices a été l’occasion de découvrir quelques nouveautés dont nous reparlerons plus loin. Les fans, les mordu(e)s, les curieux, les petit(e)s, les grand(e)s, tous s’apprêtent à vivre quelques bons moments, entre deux ondées. Durant les plus de 5 heures de spectacle aérien, nous allons revisiter un siècle d’aviation…
Le statique
Comme le ciel a l’air de se dégager en ce début de matinée, on va en profiter pour le traditionnel petit tour de la zone statique. Chemin faisant, un petit coup d’œil dans les stands pour relever quelques nouveautés, objets de collection, ou tout simplement rencontrer des ami(e)s. Nous arrivons juste à temps pour parcourir les allées où une centaine d’avions bien alignés sont exposés.
12h 50… le show commence.
Allez, les choses vont se dérouler au dessus de nos têtes maintenant. Au micro, Monsieur Bernard Chabbert et ses commentaires toujours aussi savoureux. Du gros aux couleurs d’Air France, un Boeing 777-300ER, suivi par 8 Alpha Jet de la Patrouille de France dans un ciel gris ouvrent le bal.
Vous l’avez compris, la dépression “Miguel” qui a sévit sur la France ces derniers jours, génère encore du vent et quelques résidus nuageux souvent pluvieux. La piste détrempée a eu raison des « Faucheurs de Marguerite » comme, le Morane type H, le Blériot XI et le Caudron GIII. Ils ne sortiront pas aujourd’hui. On se contentera donc de les apercevoir plus tôt sur le parking statique.
14/18
Avec l’arrivée d’une éclaircie, de très courte durée d’ailleurs, le Bristol Fighter F-2B et le Royal Aircraft Factory SE.5 de l’Association les Casques de cuir, effectueront quelques évolutions. Ces deux avions nous rappelleront les combats tournoyants des pilotes durant la 1ère GM, mais sous d’autres cieux et d’une autre époque. Le SE.5 qui a évolué cet après midi est d’ailleurs une réplique construite pour les besoins du film l’As des As avec “Bebel”.
Morane Saulnier…monument historique
Pour la petite histoire, les frères Morane ont été les 1ers pilotes au monde à dépasser les 100 km/h, le 19 juillet 1910, sur le terrain d’Issy-les-Moulineaux. Le MS 317, superbe monoplan à aile dite “parasol”, en raison de l’implantation de celle-ci au dessus du fuselage, présenté aujourd’hui est également visible au musée de l’Air et de l’Espace qui fêtera cette année son centenaire. Cinq modèles d’avions Morane Saulnier basés à la Ferté sont d’ailleurs classés “Monument historique” depuis février 2012.
Du soviet… suprême avec les Faucons de Staline
Ils étaient mal préparés, souvent équipés d’avions totalement dépassés, mais contraints d’obéir aux ordres. Les “Faucons de Staline”, c’est ainsi qu’on surnommait les pilotes soviétiques, vont toutefois se battre courageusement et avec toute la détermination nécessaire contre les pilotes allemands. Certains même, tout comme les kamikazes japonais, se jetteront volontairement sur les appareils ennemis pour les détruire.
Sur le champ d’aviation de Cerny, voici les dignes représentants des forces aériennes soviétiques de la seconde Guerre Mondiale. Ils étaient surnommés « les obus volants ».
La luftwaffe à eu chaud…
Victime d’un ennui mécanique la veille et réparée sans relâche jusqu’au midi par ses mécaniciens, le Junkers Ju-52 3M, alias tante Ju, a finalement pu décoller, escorté du Nord 1101 Ramier, copie du Messerschmitt 208. Pendant que ces 2 machines évoluaient de concert en toile de fond, le Storch occupait le devant de la scène en démontrant ses capacités uniques de décollages courts, voire même de vol sur place par fort vent de face !
Un absent de marque et pourtant très attendu, le Junkers F-13 n’était pas de la fête. Ce fut le 1er avion civil entièrement métallique. C’est un monoplan à ailes basses, monomoteur. À l’origine, les deux pilotes étaient assis dans un cockpit ouvert. L’avion reçu un poste de pilotage fermé plus tard.
Fieseler Fi-156C-3 Storch
Les évocations martiales ont ensuite laissé la place à un peu plus de poésie, avec le Klemm L25 AVI. Ce monoplan, biplace en tandem d’école et de sport, à train classique, était courant dans l’entre deux guerres en Allemagne. Cet exemplaire est bien représentatif de l’état de l’art de cette époque. Un léger ajout de modernité s’est glissé au niveau de son hélice, ce qui lui permet, grâce à des LEDS, de faire apparaître le logo BMW.
L’EVAA, l’École de Voltige de l’Armée de l’Air.
La petite sœur de la Patrouille de France, mais également sa voisine, puisque toutes deux basées à Salon de Provence, l’EVVA est présente à Cerny avec son Extra 330 SC dans sa livrée bleu, blanc rouge. Son pilote a montré ce que lui et sa machine sont capables de réaliser en terme d’acrobatie aérienne moderne. Pour les amateurs de cette belle discipline, rappelons que la prochaine compétition internationale se déroulera en août à Châteauroux.
75e anniversaire du débarquement de Normandie
Une émouvante scène historique est reconstituée dans le ciel Essonnien. Elle vient nous remémorer, qu’il y a 75 ans maintenant, les troupes alliées débarquaient sur les plages de Normandie pour en finir avec l’occupation allemande. Des milliers de morts ont été nécessaires pour venir à bout de cette guerre et de la folie des hommes. Deux Douglas DC-3 escortés par un Hurricane Mk IIa et un Spitfire Mk XVI décollent au moment où un nouveau grain s’abat sur le terrain. Malgré tout, ils effectuent leurs passages au dessus du plateau. Le Hurricane est basé en France, tandis que le Spitfire est basé au Royaume-Uni.
L’attaque de Pearl Harbor
Une petite accalmie d’une quinzaine de minutes est maintenant imposée par le premier gros coup de vent / pluie de l’après-midi. Une fois passé, se met en place LA reconstitution symbole du Temps des Hélices : l’attaque de Pearl Harbor de décembre 1941.
Sept T-6G, un C, un D, un AT-6 Harvard Mk 4M, un SNJ-5F, un N3N-3 et un AT-6M modifié “zéro” décollent pour former la vague d’assaut japonaise au dessus de Pearl Harbor.
La formation en “échelon refusé” arrive par l’Est, et une fois dans l’axe de la piste, les avions piquent vers le terrain. Dès le passage des premiers avions, les artificiers au sol déclenchent les explosions, donnant l’impression de vivre un réel bombardement. C’est précisément à ce moment que le P-40 N de la collection France’s Flying Warbirds basée à Melun décolle pour intercepter les attaquants. Un “dog-fight “s’engage alors entre le P-40 et le T-6 / Zero. Le panache de fumée s’échappant du “Zéro” simule qu’il est mortellement touché, symbolisant ainsi la victoire du P-40 N.
Un chasseur Curtiss très “frenchie”…
Dans la lignée des chasseurs Curtiss, le prédécesseur du P-40 n’est autre que le Curtiss Hawk H-75. Cet appareil est la propriété de la célèbre collection Flying Legends basée à Duxford. Ce rescapé des batailles de l’époque, a été magnifiquement restauré et repeint aux couleurs de la France au printemps 1940. Il compte 2 victoires homologuées à son actif.
Warbirds suite et fin…
Pour clôturer la page des Warbirds, ce qui se faisait de mieux à l’époque est à présent en vol, le F8F-2P Bearcat de la collection Flying Legends et le F4U-5 Corsair des Casques de Cuir. Saluons au passage le magnifique travail de restauration de cet appareil mythique qui s’est vu décerner le Grand Prix du Patrimoine Aéronautique de l’Aéro-club de France le 17 octobre 2018. Dans sa version F4U-5 de chasse de nuit (NL), notamment déployé en Corée, l’avion a été la monture de Guy Pierre Bordelon, seul as de l’US Navy durant ce conflit.
Le F8F-2P est le plus ancien avion de la collection Flying Legend. Il s’agit d’un de ces derniers chasseurs à pistons concurrents des premiers chasseurs à réaction. Puissance, vitesse, force brute… le tout réuni avec maestria par le pilotage de Nick Grey, fils de Sir Stephen Grey, fondateur de la collection.
La guerre de Corée
Un des clous du spectacle aérien de ce weekend, reste incontestablement le Canadair CL13B Sabre Mk6 (North-American F-86 Sabre) de Monsieur Fred Akary. Seul F-86 en état de vol en Europe, cet exemplaire construit par Canadair, est sorti d’usine en 1958. Il est motorisé par un Orenda 14 développant jusqu’à 7.400 livres de poussée. L’avion nécessite une piste en dur pour décoller et atterrir, il n’a donc pas pu être présenté sur le parking statique de la Ferté. Sa première apparition en France dans son camouflage expérimental 3 tons (livrée verte, rouge pour les baies d’aérofreins, nez jaune et chrome), remonte au meeting de l’Air d’Orange, mi-mai dernier.
Hommage à Monsieur Serge Dassault
Le “Temps des Hélices”, c’est également l’occasion de rassembler des avions. Cette année, une patrouille a été constituée en hommage à Monsieur Serge Dassault qui nous a quitté l’année dernière. Pour l’occasion ce sont : un MD Flamant 311, 2 Falcon dont le dernier 8X, un Mirage 2000 et le Rafale Solo Display, réunis en patrouille qui réalisent 2 passages au dessus du terrain. C’est par une chandelle que le RSD quitte la patrouille pour entamer sa présentation officielle.
Enfin, pour finir cette présentation des avions Dassault, un très beau et feutré passage à l’anglaise du Falcon 8X… que dire de plus ?
Forces spéciales
L’Armée de l’air revient pour une 3e démonstration, avec le moment du C-160 Transall. Cet avion de transport tactique, certes en fin de carrière, est toujours vaillant. Il réalise ainsi, une très belle démonstration avec ses capacités d’évolutions, et un posé tactique impressionnant.
La guerre du Viêt-Nam n’a pas eu lieu…
Le programme initial devait se concentrer sur une 3e reconstitution historique, à savoir la Guerre du Viêt-Nam. Mais un nouvel épisode météo mouvementé oblige les organisateurs à annuler cette séquence. Seuls un Cessna L-19 d’observation et un quatuor de T-28 Trojan peuvent ainsi décoller, puis un duo de T-28 Trojan pour un petit numéro de patrouille acrobatique. Après le succès planétaire “Singing in the rain”, voici “Fliting in the rain” : voltigeons sous la pluie !
James Bond était à la Ferté…
Grande première à la Ferté, “Opération Tonnerre” et son célèbre JetPack sont de retour. Cette fois, ce n’était pas l’agent 007, mais Franky Zapata et son Flyboard Air qui décolle d’un petit podium spécialement aménagé. Un sifflement strident des 4 réacteurs, et hop ! Le pilote monte doucement puis commence ses évolutions rapides et précises avec cet incroyable engin volant !!
Vol à voile…
Un peu de silence et de douceur avec la majesté de la réplique du DFS Habicht. Il a été entièrement réalisé par une équipe de passionnés. Il rappelle les grandes heures des planeurs allemands de l’entre-deux-guerres.
La Marine Nationale…
Depuis maintenant quelques années, la Marine Nationale vient en force à la Ferté-Alais. Cette année, elle n’a pas fait exception ! 2 Rafale M, 1 Breguet Atlantique 2, un Fouga CM.175 Zéphir (version navalisée du Fouga Magister), et 1 Falcon 10 se sont déplacés. Après un passage en patrouille, séparation des avions et présentation, chacun leur tour, d’une démonstration solo. Puis un Morane-Saulnier 733 les rejoint.
La patrouille Tranchant
Le temps se lève enfin sur le plateau de Cerny. Un meeting sans patrouille acrobatique n’est plus un meeting … Cette année la Patrouille Tranchant est venue avec 5 appareils, 5 Fouga CM-170 Magister. Les fondateurs de cette patrouille sont messieurs Jack Krine, ancien pilote de chasse dans l’Armée de l’air française, ancien équipier de la Patrouille de France, commandant de bord sur A320, Hugues Duval, pilote de ligne sur Triple 7 (leader de la Patrouille Tranchant), et Benjamin Tranchant, président du Groupe Tranchant.
Clap de fin pour cette journée de samedi…
Fin de journée sur le champ d’aviation du plateau de Cerny, il est 18h30, et le spectacle touche à sa fin. Encore une fois, la météo nous a rappelé combien elle pouvait impacter l’activité aérienne. L’AJBS nous a fait aujourd’hui la démonstration de sa capacité d’adaptation aux aléas climatiques et nous proposer malgré tout, un programme digne de ce nom.
Merci à ces fous d’avions et merci à ces passionnés qui entretiennent le rêve aéronautique dans un pays, qui rappelons le, est l’un des pionniers dans ce domaine !
Remerciements à Benjamin Piquereau, récente recrue du Portail-Aviation pour son aide dans la réalisation de cet article.