En parlant d’exotisme, j’évoque dans l’article qui va suivre ce qui caractérise ce meeting de la Festa al Cel et ce que nous n’avons pas l’habitude de voir sous nos cieux. Tout d’abord, ce qui frappe l’esprit, c’est l’arrivée à l’aéroport de Lérida ou Lleida-Alguaire en catalan. Il est situé au milieu de nulle part. Distant d’environ 15 kilomètres de la ville dont il porte le nom, il est posé au milieu des champs et desservi par une simple route. C’est néanmoins un aéroport international moderne, construit entre 2007 et 2009 et inauguré le 17 janvier 2010. Pourtant depuis cette date, le nombre de liaisons au départ et à destination reste très limité. Sur le site de l’aéroport, on ne recense que deux vols par semaine, un le vendredi et un le dimanche…
C’est là que se tient chaque année au mois de septembre, le festival aérien le plus ancien et le plus important d’Espagne. Comme se plaisent à commenter ses organisateurs, il s’agit d’un spectacle alliant vitesse, expertise et technologie, et qui réunit chaque année un très large public. A sa création en 1992, le meeting se déroulait sur l’aéroport international de Barcelone, mais en raison de problèmes liés à la sécurité des vols réguliers de la plateforme catalane, il sera transféré en 2014 sur le littoral, sur la commune de Mataró, et enfin sur l’aéroport de Lérida en 2017.
Pour ma part, ce sera le dernier meeting de la saison 2018 auquel j’aurais eu le plaisir d’assister. Lérida sera aussi mon premier meeting en Espagne.
Si, en cette fin septembre, je me retrouve au milieu des cailloux et de la poussière, ce n’est pas pour photographier du liner. Disons-le tout net, le plateau proposé n’est pas d’une grande variété mais il propose des machines rarement vues de ce côté des Pyrénées. L’organisation du meeting est un peu particulière. Il est gratuit et se tient sur deux jours. Le samedi, l’ouverture des portes est à 10h00 et l’accès au statique est possible jusqu’à 14h00. Les présentations en vol ne commenceront qu’à partir de 16h40, sans doute pour respecter le rythme espagnol et la sacro-sainte sieste. Elles se termineront à 20h30 afin de profiter d’un beau “sunset”. Le dimanche les présentations en vol commencent à 10h00 pour se terminer à 14h00, toujours le respect du rythme local…
A peine arrivé, je découvre sur le tarmac l’objet principal de ma visite : deux McDonnell Douglas EAV-8B Harrier II de la marine espagnole. L’Espagne est le dernier opérateur de Harrier en Europe et donc c’est une occasion unique de voir ces avions en vol.
Le reste du statique est assez mince avec deux avions de voltige (Extra 330 et Sukhoi 31) , deux hélicoptères (Tigre et Chinook) et un CASA C-295. Quelques avions qui participeront au meeting sont parqués un peu plus loin mais ne sont pas accessibles.
Le tour du statique est donc rapidement bouclé et je prends la décision de chercher le meilleur angle de vue pour les prises de vue en vol. Dans la zone publique, le contre-jour est flagrant et le soleil espagnol abondant ne laisse aucune chance. Je décide donc de tester la petite route de campagne qui contourne l’aéroport. Contraste frappant avec la France et son principe de précaution, la route est ouverte et des familles se sont installées tout le long de celle-ci pour admirer le spectacle. Il y a du monde partout même sous le domaine d’évolution des avions. Ça tombe bien, c’est le bon emplacement pour éviter le contre-jour.
En attendant le début des présentations en vol, la question se pose : les avions de la Fundació Parc Aeronàutic de Catalunya seront-ils au rendez-vous? Si deux de leurs CASA/Bücker 131 Jungmann et un dornier 27 sont bien présents, il manque pourtant deux autres stars de ce meeting, le Polikarpov I-153 Chaika et l’Hispano Aviación HA-220 Super Saeta.
Ce dernier arrive d’ailleurs peu avant le début du meeting, nous fait deux passages, avant de se poser. Légèrement frustrant quand on sait que c’est l’unique exemplaire volant de cet avion, une des dernières réalisations de Willy Messerschmitt. Le Polikarpov I-153 lui ne se présentera jamais…
Le meeting commence. L’EC665 Tigre décolle suivi de l’OV-10 Bronco pour une première session de photo air to air. Puis ce seront les deux McDonnell Douglas EAV-8B Harrier II qui les remplaceront pour une séance photo. Le meeting se poursuit avec une présentation très dynamique d’un Canadair CL-215T.
Puis les présentations en vol s’enchaînent sous le soleil catalan. Au programme, Dornier 27, CASA/Bücker 131 Jungmann, Chinook, EF-18 (appellation locale C.15), CASA C-295 (appellation locale T.21), parachutistes et voltige.
Discret, un Beechcraft T-34A Mentor est présenté en vol. Si c’est un avion courant dans le registre privé aux USA, c’est pour ma part la première fois que j’ai l’occasion d’en photographier un.
De retour dimanche matin pour cette deuxième journée, nous aurons droit à une présentation dans le même esprit avec toujours cette même légère frustration sur le Hispano Aviación HA-220 Super Saeta qui après un décollage nous fera encore deux petits passages avant de rejoindre la banlieue de Barcelone.
Au-delà de l’évocation du patrimoine aéronautique espagnol passé et actuel, ce meeting est une occasion unique de voir évoluer des avions rarement ou jamais vus sur le circuit européen. A moins de deux heures de vol de Paris et avec la promesse de conditions météo idéales (il ferait même un peu chaud) je vous donne rendez-vous en septembre 2019 dans la campagne catalane.
Avec ce récit, Rémi Beaujouan de l’Association les DCA réalise son 3e article de la saison 2018 pour le compte de Portail-Aviation. L’équipe de la rédaction le remercie de nous faire revivre ces 2 jours passés sur le meeting aérien de Lérida (Espagne).