La saison des meetings 2018 nous emmène cette fois à une trentaine de minutes de la ville de Birmingham en Angleterre, où se trouve la base aérienne de Cosford. Cette dernière abrite le groupe n° 22 du Commandement de la formation technique de la Royal Air Force. Il est chargé de toutes les formations aux métiers du sol, de la mécanique, la radio, l’électronique, de l’ingénierie à la cuisine…gardez cela à l’esprit !
Cosford abrite aussi le musée de la RAF avec notamment une riche collection d’avions de l’époque de la guerre froide. C’est le seul endroit au monde où on peut admirer les « V bombers» (Vickers Valiant, Handley Page Victor et Avro Vulcan ). Cosford a également consacré un hall de son musée aux prototypes. Un de ces prototypes a contribué à développer l’intercepteur English Electric Lightning, 1er avion militaire anglais supersonique. Il s’agit du BAC TSR-2 (Tactical Strike and Reconnaissance 2) dont un seul exemplaire fut fabriqué. Le hall abrite également un Bristol 188 de toute beauté, surnommé “crayon enflammé” en raison de sa section très mince.
C’est donc sur cette base que se tient chaque année, le second dimanche de juin, un meeting aérien. Il s’agit du seul meeting officiellement soutenu par la Royal Air Force. Cette année, à l’occasion des 100 ans de la RAF, les organisateurs avaient misé à la fois sur les avions présentés en statique et ceux prévus en présentation dynamique.
En bons spotters que nous sommes, impatients de découvrir le programme de cette journée, c’est armés de nos précieux matériels et de notre enthousiasme habituel que nous débarquons à Cosford ce 10 juin.
Dans la file du public, et au fur et à mesure que nous progressons vers l’entrée, une surprise nous attend. En effet, ce ne sont pas moins de 4 Jaguar que nous apercevons à quelques mètres de nous. Ils sont là, tout de gris vêtus, alignés près d’un hangar et brillant sous le soleil matinal.
Plutôt que d’attendre l’ouverture des portes, nous sommes tentés de demander l’autorisation de nous en approcher, et tirer quelques portraits de ces superbes fauves. Ceci nous est accordé par un large sourire du bénévole posté près des avions. L’occasion est trop belle pour ne pas en profiter… Clic clac, clic clac, c’est dans la boîte…
Quand enfin les portes s’ouvrent, nous remontons en hâte dans la voiture pour accéder à la base. Nous contournons le hangar pour apercevoir 4 autres Jaguar parqués côte à côte… On ne peut alors s’empêcher de penser, que Cosford est un véritable sanctuaire pour ces avions.
Rendez-vous compte, entre les 8 Jaguar en statique autour du hangar, et ceux entreposés à l’intérieur, ce n’est pas moins d’une vingtaine de Jaguar que nous découvrons là. Ces appareils, en excellent état et bien entretenus sont essentiellement destinés à la formation des futurs techniciens de la RAF. A la réflexion, on se dit qu’il suffirait de peu de choses pour les voir voler à nouveau.
Allons à présent faire un tour du côté du statique en attendant le début du show aérien…
Le parking est une véritable débauche d’avions et d’hélicoptères, tous aussi emblématiques que rares. Ces 100 ans de la RAF, nous donnent ainsi l’occasion d’admirer les premières montures de la naissante RAF, comme le prouve la présence du Bristol M.1, du Sopwith Triplane ou du Royal Factory B.E.2.
Quelques avions de l’entre-deux guerres sont également présents, comme le Hawker Nimrod, ou comme les valeurs sûres de la deuxième guerre mondiale, sa majesté le Spitfire ou le P-51 Mustang surnommé aussi la “Cadillac du ciel”. Le statique est aussi l’occasion d’admirer des avions plus discrets comme le Boulton Paul Defiant, dans sa robe de chasseur de nuit.
Poursuivons la visite avec les premiers jets (Meteor) et les avions de la guerre froide comme le English Electric Lightning ou le McDonnell Douglas Phantom II FGR.1. La guerre du golfe est ici représentée avec une série de Pinkies (Jaguar, Tornado et Buccaneer) du plus bel effet sous un timide soleil anglais.
Pour finir cette visite du statique, nous profitons des hangars pour admirer et photographier des avions que nous n’avons pas coutume de voir sous nos cieux. Au coin d’un des hangars, nous découvrons ainsi le prototype du Boulton Paul Balliol qui fut en son temps le premier avion au monde à avoir volé grâce à un unique turbopropulseur.
En déambulant sur les parkings, on croise ainsi les avions de la société QinetiQ, entreprise d’armement et de recherche militaire britannique fondée en 2001 par privatisation de la Defence Evaluation and Research Agency.
A peine le temps de regagner notre place le long des barrières, que déjà se présente à l’atterrissage une des nouveautés du circuit des meetings 2018, à savoir le P-47 Thunderbolt « Nellie » précédemment connu des aficionados sous le nom de « No guts, No Glory ».
Le meeting proprement dit débute par une évocation du ciel au-dessus des tranchées en 1918, avec un trio comprenant un Avro 504, un Royal Aircraft Factory B.E.2c et un Royal Aircraft Factory S.E.5a.
Puis comme pour nous rappeler qu’à peine 100 ans nous séparent de cette période, nous assistons à la présentation du F-16 Solo Belge avec aux commandes, le talentueux “Vador”.
Puis l’histoire reprend son cours, et c’est une patrouille de 8 Tiger Moth qui vient occuper l’espace, suivie par une présentation d’un Hawker Fury (à ne pas confondre avec le Hawker Sea Fury).
Le meeting se poursuit avec un tableau plein d’émotion, quand passent devant nous, un Hawker Hurricane et un Mig 29 polonais, évoquant ainsi le fameux Squadron 303 polonais qui fit tant au sein de la RAF pendant la bataille d’Angleterre, puis plus tard.
Comme avec un petit air de Duxford, 4 avions historiques survolent maintenant le terrain, Le BBMF (Battle Of Britain Memorial Flight) au quasi complet avec un Douglas C-47, un Hawker Hurricane, un Supermarine Spitfire et le fameux Avro Lancaster, est venu lui aussi participer à la fête.
Les démonstrations en vol se succèdent. C’est maintenant un défilé d’avions plus exotiques les uns que les autres qui commence. Un Boeing 757 de la RNZAF (Royal New Zealand Air Force), un Avro Anson et un Percival Pembroke C-51, décollent chacun leur tour pour un passage au dessus du public.
Les hélicoptères ne seront pas en reste, et les fanas de voilures tournantes ont ainsi pu voir en vol un Bristol Sycamore, un Westland Whirlwind, un duo de Gazelles britanniques, l’Agusta 109 belge, le Chinook ainsi que les hélicoptères de la «Defence Helicopter Flying School », H135 Juno et H145 Jupiter.
Du côté des « Ambassadeurs » le Rafale Solo Display avec Babouc Nativel avait fait le déplacement pour une présentation très dynamique et largement applaudie par le public anglais. Les Red Arrows sont aussi de la partie… of course…
Pour terminer ce meeting, nous aurons droit à une présentation de l’arsenal actuel de la RAF avec dans l’ordre d’entrée en scène: un Panavia Tornado, certainement une des dernières occasions de le voir en vol avant son retrait définitif prévu en 2019, un Eurofighter Typhoon et un A400M, entrecoupée par les présentations d’un Tucano et d’un Hawk.
Le meeting se termine déjà…et des étoiles plein les yeux, nous reprenons le chemin du retour. Cosford fut, cette année encore, un grand meeting. Des hangars regorgeant d’avions, un programme varié, aucun temps mort, une organisation au top comme les anglais ont l’habitude de nous proposer, ont fait de ce moment, une vraie parenthèse enchantée. C’est sûr, nous y reviendrons.
Avec ce récit, Rémi Beaujouan de l’Association les DCA réalise son 2e article pour le compte de Portail-Aviation. L’équipe de la rédaction le remercie de nous faire revivre ces moments assez exceptionnels du meeting aérien de Cosford 2018.
Crédit image : Rémi Beaujouan