A l’occasion de la répétition du défilé aérien du 14 juillet qui se déroule comme chaque année sur l’Élément Air Rattaché 279 “Marcel Beau” à Châteaudun, ex Base Aérienne, l’équipe du Portail Aviation a souhaité endosser le costume d’un photographe amateur pour vous faire vivre “une journée dans la peau d’un spotter”.
Commençons par le début, qu’est-ce qu’un “spotter” ? A l’origine le terme remonte à la Seconde Guerre Mondiale, dans la langue de Shakespeare, « to spot » signifie « repérer ». Afin de prévenir de l’arrivée des avions ennemis, avant l’avènement des radars, un réseau anglais était chargé de surveiller le ciel et de donner l’alerte dès qu’un avion hostile était repéré. Ce terme est aujourd’hui utilisé pour désigner ces hommes et ces femmes, qui, équipés de matériel souvent très onéreux, sont pris, à l’approche de la saison des meetings, d’une fièvre photographique incurable. Ils parcourent terrains d’aviation, aéroports et meetings où ils assouvissent leur passion : prendre des photos de tout ce qui vole.
Tout comme le golfeur qui travaille son swing pour faire le parcours parfait, le spotter travaille ses prises de vue et ses réglages pour obtenir LA photo. Certains gardent jalousement leurs albums photos sur la multitude de disques durs dont ils se sont équipés pour se constituer une “base de données” photographique, allant jusqu’à répertorier les avions par constructeurs, modèles, immatriculations, et pour les puristes, le numéro de série de l’aéronef. D’autres, au contraire, partagent leurs illustrations sur les réseaux sociaux, ou banques d’images en ligne afin d’en faire profiter la communauté, ces derniers sont de plus en plus nombreux.
En France, la réglementation est assez stricte, et le renforcement des mesures de sécurité autour des principaux aéroports, interdisent même le “spotting” sur certaines plate-forme aéroportuaires, sans une autorisation écrite, ce qui est le cas, par exemple à Roissy Charles de Gaulle. D’autres pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, ou plus proche de nos frontières, la Belgique, offrent de vraies installations aux spotters pour leur permettre de réaliser leurs prises de vue, sans grillages ou obstacles, et réaliser des photographies dans de bonnes conditions.
Dans l’hexagone, et depuis quelques années, certaines associations de spotters ont entrepris un travail de fond pour changer l’image réductrice du fou furieux du déclencheur à la recherche du cliché, pour lui donner celle du photographe amateur, responsable et respectueux des consignes. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir venir les pilotes à la rencontre de spotters pour échanger et demander leur avis après leur présentation en vol. Les choses avancent….
Mais revenons sur notre mission du jour, nous rendre à l’EAR 279 en partant de Paris, pour une arrivée à 9 heures, ce qui n’est pas une mince affaire, compte tenu des nombreux travaux d’été sur les routes et autoroutes, et les “rares” embouteillages de la région parisienne aux heures de pointes…
Le sac à dos est préparé la veille du départ, boîtiers et “cailloux”, dans le jargon du spotter pour désigner les objectifs photo, ont été vérifiés, les cartes mémoire formatées et rangées, surtout ne pas oublier la casquette, les lunettes, la bouteille d’eau et… la protection solaire, 29 degrés prévus dans la région.
Près de 3 heures pour atteindre le poste de contrôle de la base, et 30 minutes de retard sur l’horaire prévu… Nous sommes une bonne soixantaine de spotters dans ce cas a attendre le top départ pour embarquer dans les bus mis à notre disposition pour nous rendre sur la zone de shooting. “Messieurs, veuillez monter à bord des bus, on est prêts à partir.”
Les consignes sont claires, “Pas de photos depuis le bus, et on ne dépasse pas les marquages de limitation de zone.”, l’encadrant est strict, mais très vite quelques plaisanteries fusent et la convivialité s’installe. Première halte, le tarmac central de la base .
“Messieurs, vous avez 5 minutes pour faire vos photos”, Déballage rapide du sac à dos, quel boîtier et quel objectif choisir ? … Bon sur ce coup je pense qu’un 24-105 mm devrait faire l’affaire, vous avez surement compris que je suis “canoniste”, ce qui ne veut pas dire que je suis artilleur, mais utilisateur de matériel Canon
… Clic, clac, clic, clac, les déclencheurs crépitent , il faut faire vite, le temps est compté, le défilé aérien va bientôt commencer.
Une dizaine de photo dans la boîte et nous voilà à nouveau dans le bus pour nous diriger vers une petite butte proche du seuil de piste. Le temps de préparer boitier et super zoom, régler la balance des blancs, paramétrer la vitesse d’obturation adaptée à la luminosité ambiante, que déjà se profile à l’horizon un 1er bloc d’avions. Il est composée d’un C-135FR du GRV 2/91 “Bretagne”, d’un Mirage 2000 N de l’EC 2/4 “Lafayette” et de 3 Rafale B de l’EC 1/4 “Gascogne”.
Le bloc suivant, parfaitement aligné dans l’axe de la piste est lui composé d’un A-330 MRTT Phénix (Multi Rôle Tanker Transport) future monture du GRV 2/91 « Bretagne », et de 4 Mirage 2000 D de la 3e Escadre de Chasse. Le premier avion de ravitaillement en vol Airbus A330 MRTT Phénix se posera, quant à lui, en octobre prochain sur la base aérienne 125 d’Istres et fera entrer l’Armée de l’air dans une nouvelle dimension. Le Phénix, à la pointe de la technique.
Immédiatement suivi d’un bloc composé d’un C-135FR du GRV 2/91 « Bretagne », de 2 Rafale C et d’un Rafale B de la 30e Escadre de Chasse, et d’un Rafale B de la 4e escadre de chasse.
Puis un E-3F de l’EDCA 00.036 « Berry » facilement reconnaissable à son radôme.
Cette année, 2 nouveaux venus feront partie du défilé aérien au dessus des Champs Elysées, il s’agit d’un Alpha Jet de la composante air de la Défense belge (second à partir de la gauche), et d’un Alenia-Aermacchi M-346 singapourien (au centre de la photo).
L’imposant Airbus A-340 de l’ET 3/60 “Esterel” aux couleurs de la République française survole maintenant la piste, la mission principale de l’escadron consiste à transporter du fret ou du personnel vers les différentes régions du monde où la France est représentée.
A-340 Airbus ET 3/60 “Esterel”
L’ A400 M Atlas qui défile sous nos yeux a pour principale mission, l’aérotransport logistique (passagers, fret, matériels roulants et volant au plus près des forces opérationnelles. Il contribue au soutien des opérations en cours (Sangaris, Chammal, Barkhane) depuis la base d’Orléans-Bricy.
Enfin, le ballet des hélicoptères vient clôturer cette répétition du défilé aérien du 14 juillet 2018.
“Messieurs, j’espère que vous avez fait le plein de photos, il est temps de repartir, c’est toujours un plaisir de vous accueillir sur la base. L’année prochaine les choses risquent de changer pour les spotters, les zones de prise de vue vont être modifiées. Pour des raisons de sécurité, vous serez installés derrière des grillages…” !!
Cette nouvelle est reçue avec stupeur par les collègues spotters. Espérons qu’il ne s’agisse que d’une plaisanterie….
Le défilé du 14 juillet 2018 en quelques chiffres :
64 avions dont 56 de l’Armée de l’air et 29 hélicoptères dont 5 de l’Armée de l’air survoleront la capitale.
Altitude de vol
Avions : environ 1 000 pieds, soit 305 mètres ; Hélicoptères : environ 400 pieds, soit 120 mètres.
Vitesse d’évolution
Avions à réaction : 300 nœuds, soit environ 560 km/h
Avions à hélices : 180 nœuds, soit environ 330 km/h
Hélicoptères : 90 nœuds, soit environ 170 km/h.
Distance de séparation
Entre :
- les aéronefs : de 5 à 10 mètres environ
- deux blocs avions : environ 6,2 km
- deux blocs hélicoptères : environ 1 km
Distance du défilé : environ 7 km (de la Défense à la Concorde).
Bonne lecture et bon défilé du 14 juillet à toutes et à tous…
7 Comments
Prayde
Pour info la photo ne représente pas un EC725 CARACAL mais un SA330 PUMA
Jacques OZIEL
Bonjour, merci de votre remarque, nous avons modifié la publication dans ce sens.
LA DEFENSE
Bonjour,
Connaissez vous la date et horaires pour la répétition au dessus de Paris ?
Cordialement.
LA DEFENSE
Bonjour,
Ma demande concerne la RÉPÉTITION Connaissez vous la date et horaires pour la répétition au dessus de Paris ?
Cordialement.
Jacques OZIEL
C’est le 11 juillet. à partir de 15h
PROGRAMME :
14 h : Accueil au niveau de l’Arc de Triomphe
14 h 10 – 15 h : Interviews du personnel coordonnant le défilé
15 h : Début de la répétition du défilé aérien
15 h 45 : Passage des hélicoptères
ecossaios
Merci
Bonne journée
Teenytoon
Merci pour ce bel article. Juste une précision l’EC 145 appartient à la sécurité civile, pas à la protection civile.
Le bureau des moyens aériens de la sécurité civile fait partie de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion de Crise, elle même rattachée au ministère de l’intérieur, employant des fonctionnaires (pilotes, mécano, administratifs) du ministère.
La Fédération Nationale de Protection Civile est une association de secouristes type loi 1901 ayant pour but l’enseignement et la pratique du secourisme, essentiellement composée de bénévoles. Elle est similaire à la croix rouge.
Longue vie au portail !