Suite à mes articles élevant la cinquième génération au rang de Mythe, et basé sur un avis complètement personnels, j’aimerai mettre en lumière dans cet article certaines capacités du nouveau F35 dont vont se doter plusieurs pays Européens qui vous montrerons à quel point cet avion est une contradiction à lui tout seul.
MAJ: une erreur, ou plutôt une imprécision s’est glissée dans l’article, que je m’empresse de corriger en bas de page. Vous allez comprendre pourquoi.
Si vous avez lu les précédents articles, vous avez déjà compris que le terme de cinquième génération n’est qu’un terme marketing utilisé à tord et à travers, brouillant la réalité complexe et le contexte si particulier des avions de combats récent.
Mais même lorsque le coût élevé du programme, de l’appareil, et même de son entretiens est évoqué, les politiques (et les opérationnels qui en font) sauront toujours vous rétorquer que le F35, avec sa furtivité offre la possibilité de rentrer dans le club très fermés des armées capables d’entrer “dés les premiers jours” lors d’un conflit de haute intensité.
Hors, l’histoire se rie de ces allégations. En effet, lors des derniers conflits, aucun avion de combat n’était pourvu de la sacro-sainte furtivité. De la première guerre du golfe à la seconde, en passant par le Kosovo et la Libye, quelle a été la proportion de cibles frappée par des appareils furtif, en l’occurrence des F117 ? (qui n’est pas réellement un avion de combat mais plutôt un bombardier) Elle a été extrêmement minime. Surtout que les avions furtifs, mis à par leur tout premier engagement en 1991 qui constituait une surprise totale, n’ont jamais évolués seul au dessus du territoire ennemi, sous peine de se voir infliger une sévère correction.
Une fois qu’est admis la réalité, et en remettant chaque chose dans son contexte, la furtivité, ou plutôt la réduction de la surface équivalente radar d’un avion à un degré plus ou moins poussé n’offre qu’un élément de survivabilité supérieure en milieu hostile. Autrement dit, pouvoir se rapprocher un peu plus près des défenses anti-aériennes ennemis sans se faire repérer, et être accroché plus difficilement par les conduites de tir adverses.
Hors, pour profiter de cette réduction de visibilité radar, il faut impérativement emporter son armement en soute. Pratique, le F35 emporte deux soutes d’armement avec 4 points d’emport au total, dont deux pour des missiles Air-air et les deux autres pour des munitions air-sol.
Ce qui est moins pratique, c’est que le missile Air-air emporté n’est autre que l’Amraam à guidage actif Radar à moyenne portée, et n’est pas aussi efficace qu’un missile courte portée à autodirecteur infrarouge en ce qui concerne un engagement à portée visuelle. L’aim132 Asraam britannique était prévu, mais son intégration semble avoir été remise à plus tard… Le F35 n’a donc que deux missiles de moyenne portée pour tenir éloigné d’éventuels agresseurs. Quand on connait la méthode d’engagement de ces missiles et leur faible probabilité de Kill ratio dans ces conditions, il faudra aux pilotes beaucoup de sagesse pour sélectionner les cibles qui seront réellement menaçantes.
Si l’intégration d’un missile tel l’aim 132 Asraam est remis à plus tard, c’est que ce n’est ni une priorité tant le développement du système d’arme a prit du retard, mais c’est aussi à cause de la complexification du système d’arme imposé par l’intégration d’un tel missile dans une soute interne. En effet, l’autodirecteur infrarouge doit pouvoir accrocher sa cible avant que le missile ne soit tiré (comme c’est le cas pour le F22 Raptor), ce qui nécessite de laisser ouverte une des soute de l’avion, anéantissant sa faible SER au passage. Ou alors, que le système d’arme de l’avion accroche la cible, lâche le missile et envoie les informations nécessaire au missile via une liaison de donnée au moment où celui-ci allume son moteur fusée; une gageure…
Notez le sidewinder sorti de sa soute, prêt à accrocher sa cible
Dans les premiers jours d’un conflit, ce sont les infrastructures à haute valeur stratégique qui sont visées, principalement celles servant au commandement. Selon la théorie des cinq cercle de
M. Warden, et très utilisé au sein du commandement US, les organes servant au commandement sont donc des objectifs à atteindre en premier. Dans les faits, cela est représenté par des bâtiments et bunkers servant au commandement des forces mais aussi aux décideurs politiques, ainsi que les infrastructures associées permettant au commandement de transmettre ses ordres à un premier niveau opérationnel. La neutralisation de ces éléments doit permettre de créer une désorganisation complète des forces armées adverses, les rendant beaucoup moins efficaces et aptes au combat, les isolants de leur état major.
Concrètement, les objectifs à atteindre sont donc fixe. Et les munitions utilisées pour détruire ces objectifs sont principalement des missiles de croisière. Le F35 peut emporter l’AGM-154 Joint Standoff Weapon (qui se rapproche d’un missile de croisière mais n’en est pas vraiment un) au nombre de deux. Ce missile a une portée de 130 Km; associé aux 870km de rayon d’action du F35B dont va s’équiper la Royal Navy, le F35B pourra donc atteindre une cible à 1000Km du point de départ que sera le porte-avion. Cette distance est malheureusement toute théorique. Premièrement, la munition n’atteindra les 130km que si le F35 la largue à une altitude élevée, ce qui est risqué. A basse altitude, outre la réduction du rayon d’action de l’avion, l’AGM-154 voit sa portée réduite à seulement une petite vingtaine de kilomètres. Rajoutez à cela qu’un avion effectue rarement un trajet aller/retour en ligne droite en empruntant le même chemin dans les deux sens, et vous aurez un rayon d’action vers la cible encore réduit. Le f35C, comme expliqué dans ce
précédent article, non seulement possédait une rayon d’action plus important, mais pouvait être ravitaillé en vol à partir d’autres avions lancés depuis le même porte-avion, grâce au bénéfice de la catapulte. Le F35B connait lui une autre limitation. Il ne pourra revenir avec son chargement complet de munitions dans le cadre d’une annulation d’assignation d’objectif, ou d’échec de lancement. En effet, sa masse lors d’un appontage vertical est très limitée (450kg de munitions max), obligeant l’avion à larguer une partie de l’armement en mer avant d’atterrir (environ 350 000$ par Amraam et jusqu’à 700 000$ par AGM-154); à moins d’utiliser la procédure dite SRVL, où l’avion ne se présente plus en vertical direct, mais à une faible vitesse d’approche, combinée au vent relatif créé par la vitesse du porte-avions. Mais cette solution nécessite le dégagement complet du pont d’envol…
D’où ma question. Quelle est l’avantage offert par le F35B dans le cadre de la missions prédéfinie sachant que l’on peut utiliser sans risque et à moindre coût des missiles de croisière comme le Tomahawk, dont dispose la Grande Bretagne, lancés depuis la surface ou sous la surface par le biais d’un sous marin, offrant une portée de 1300 à 2500Km suivant les versions ?
Certains diront que le missile coûte plus cher, ce à quoi il faudrait faire correspondre le prix du jour de mer d’un groupe aéronaval complet qui est et sera toujours plus cher que le déploiement d’un seul sous marin.
Rafale Marine équipé d’un Scalp-EG
Maintenant, mettons en comparaison le F35B avec un de ses contemporain; j’ai nommé: le Rafale Marine (cocoricooo!) . Rien qu’avec le carburant de ses réservoirs interne, le rayon d’action du Rafale est supérieur au F35B (mais comparable au C), avec environ 1000km; suivant le profil de la mission et la charge emportée, la distance diminue. Le Rafale, même s’il dispose d’une SER réduite, n’est en rien comparable avec la furtivité du F35. Il ne peut donc pas traverser un espace aérien hostile aussi aisément que le F35 et se rapprocher des menaces sans prendre trop de risques. Dans son arsenal, le Rafale peut emporter jusqu’à 6 AASM Hammer, seule munition à peut près comparable à l’AGM 154 en terme de portée, pourtant plus faible. Mais l’énorme avantage du groupe Aérien embarqué sera de pouvoir lancer des raids de Rafale équipé de missiles de croisière SCALP-EG, d’au moins 250KM de portée, qu’il soit tiré à haute ou basse altitude (le missile descendra en basse altitude pour effectuer son trajet quel que soit l’altitude du tir). Pouvant tirer son missile 230KM plus loin que le F35, le Rafale peut bien passer outre sa furtivité pour utiliser d’autres schémas de défense qui lui sont propre (grâce à l’emploi de son système de guerre électronique SPECTRA, et de ses 6 à 8 missiles Air-air), restant de toute façon beaucoup plus éloigné de la menace.
Cette vision est simpliste, je vous le concède. Mais il ne fait que mettre en lumière l’intérêt réduit de l’obligation de disposer d’un “chasseur de cinquième génération” pour effectuer ce genre de missions.
MAJ: Vous vouliez savoir quelle était l’erreur ? Et bien voilà. L’AGM154,( dont les valeurs de portée données sont valables pour la version non propulsée, donc seulement planante) NE PEUT PAS ETRE EMPORTEE par le F35B, mais seulement par les F35 A et C. Et oui. En voilà un chasseur qui se doit d’être furtif puisqu’il ne pourra lancer que de la JDAM lorsqu’il fera de la pénétration en “mode furtif”