Bien que M. Trappier, durant la conférence de presse ayant précédé l’ouverture du salon, ai refusé de se prononcer plus en détail sur les négociations en cours du contrat MMRCA en Inde, nous avons réussi à obtenir plus d’informations. Ces informations tenteront de vous faire comprendre que les négociations avancent, mais qu’elles sont extrêmement complexes, ce qui explique en partie le retard pris dans la signature du contrat final, qui cache en réalité une multitude de sous-contrats différents.
Le plus important à comprendre, si il y en avait un, c’est qu’il n’y a aucun point de blocage à l’heure actuelle ni avec les autorités indienne, ni avec HAL. Seulement, il a été largement rapporté par les médias, que certains partenaires souhaitaient que Dassault soit entièrement responsable du produit fini. Il est bien évident qu’aucun industriel au monde n’accepterait une telle responsabilité, qui n’est en aucun cas présente dans le RFP (Request for proposal) initial. RFP sur lequel Dassault Aviation s’est basé pour remettre sa proposition. Toute nouvelle demande de la part du client (il est roi), doit fait l’objet d’une nouvelle proposition, ou d’une modification de la proposition initiale. C’est en partie ce qui est en train de ce jouer.
Avant d’aborder plus loin cette question, il est important de se rappeler ce que représente, en France, la construction du Rafale. Dassault Aviation en est le maître d’œuvre, mais il n’en est pas à l’origine de la fourniture de tous ses composants. Outre Safran pour les moteurs et Thales pour l’avionique, une multitude de PME fournissent le GIE Rafale; plus de 500. Ces PME sous-traitantes possèdent leur propre savoir-faire et leurs propres brevets.
Avec le transfert d’une grande partie de la production du Rafale en Inde, c’est tout ce meccano industriel qu’il faut reproduire en Inde, avec HAL comme maître d’œuvre. Mais Dassault n’est qu’un intermédiaire. Il doit, parmi les entreprises indiennes proposées par HAL, sélectionner celles qui seront capable d’assimiler les technologies et délicats process industriels. Une fois sélectionnées, chaque entreprise sous-traitante indienne devra signer un contrat de transfert de technologie et de production sous licence. avec son homologue française. Cela représente plusieurs centaines, voire milliers de page de contrat. Multipliez cette estimations par 500…. Et vous vous ferez une idée de l’ampleur de la tâche. Chaque sous-traitant indien, qui à ce jour ont tous déjà été identifiées, doit faire l’objet d’un audit de la part de Dassault Aviation afin de connaître précisément sa capacité à absorber des technologies de pointe en temps et en heure, et à démarrer la production. A la fin de l’audit, le GIE Rafale devra proposer une aide humaine et technique adapté à chaque entreprise locale.
Il faut compter entre deux et trois ans pour produire entièrement un Rafale, de l’usinage des premières pièces, jusqu’à l’assemblage final. Ce qui veut dire qu’à la signature du contrat, hormis les 18 premiers avions qui seront prélevés sur les chaines françaises, les sous-traitants indiens devrons être très réactifs lors de l’indigénisation progressive de la production du Rafale en Inde.
Pour parer à un contre temps de la part d’un des nombreux fournisseur, ce qui aurait pour conséquence de gripper toute la mécanique et de retarder, in fine, la production des premiers Rafale, Dassault Aviation a fait appel à une seconde série d’entreprises de son choix (toujours indiennes bien évidemment), afin de s’assurer une seconde chaine d’approvisionnement qui pourrait parer à toute défaillance de la première, ou de supporter une montée en cadence plus rapide de la production des avions.
7 Comments
Anonyme
Super.
On livre notre savoir faire à vil prix, et en plus on doit être content!
Anonyme
exactement… 🙁
Anonyme
c'est aussi ce qui avait "bloqué" avec le bresil , ils voulaient un appareil 100% français , mais il y avait du materiel américain ……
Bruno ETCHENIC
Le Rafale est un avion ITAR Free. Ce qui veut dire que même si il comporte des composants achetés sur étagère aux états unis, ce ne sont pas des composants qui nécéssitent l'aval du congrès pour être vendus. Il n'y a pas de blocage au brésil mis à par les décisions politiques. Ils n'ont pas dis non aux français. Ni aux suédois et aux américains d'ailleurs…
Bruno ETCHENIC
Ça se fait sur la majorité des contrats en aviation depuis des lustres. Les suisses et les australiens ont fabriqués le mirage 3 sous license. Les indiens ont fait de meme avec le jaguar. Est ce que ces pays ont conçus leurs propres avions depuis? La réponse est non. Ce n'est pas parce qu'on sait assembler une cuisine en kit ou mieux, en construire une sur plan qu'on est capable d'en concevour une nouvelle
Anonyme
J'espère que tu as raison.
Anonyme
Effectivement, dans tout les secteurs de l'industrie, on est obligé d'associer un transfert de technologie au contrat de vente. Cela permet à l'aquéreur de fabriquer, parfois sous licence, quelques années plus tard un produit qui ne concurrence pas vraiment le nôtre si on a réussi de notre côté à le faire évoluer.
La Chine fabrique depuis plusieurs années des dizaines d'Airbus A320 par an, fleuron de la technologie dans les années 90 mais largement obsolète et remplacé par l'A320 NEO.
Si on ne veut pas faire ce transfert de technologie, on ne vend pas à l'export, c'est simple.
Rémi